Une semaine après la rentrée scolaire, les élèves du CP au CM2 ont déjà rendez-vous avec des évaluations nationales. Ce mardi 10 septembre est une journée de mobilisation intersyndicale des enseignants du 1er degré opposés à ces tests en français et en maths. Mais à quoi les élèves doivent-ils s'attendre ?
À l'appel d'une intersyndicale au niveau national, c'est jour de grève et d’action chez les enseignants des écoles élémentaires. En Indre-et-Loire, une alerte sociale est lancée avec une demande d’audience au Directeur académique.
"C’est une alerte sociale sur l’avenir de nos élèves," explique Paul Agard, cosecrétaire départemental du SNUipp- FSU.
Des évaluations "qui n'ont pas de sens"
Les livrets d’évaluations en français et mathématiques sont arrivés dans toutes les écoles primaires, entre 100 et 150 livrets selon le nombre de classes du CP au CM2.
"Ce qui nous pose problème avec ces évaluations, c’est qu’elles n’ont pas de sens et ne sont pas utiles dans les classes pour permettre aux élèves de mieux réussir. Elles sont standardisées quel que soit le type de l’école, du quartier" dénonce le cosecrétaire départemental du SNUipp- FSU.
Sans tenir compte des Réseaux d’Éducation Prioritaire, ces premières évaluations en début d’année scolaire risquent d’être aussi "anxiogènes pour les élèves de CP ou CE1, car c’est la rentrée et il faut s’habituer à plein de nouvelles choses", explique Paul Agard. "Les parents sont allés voir sur quoi portent ces évaluations, reconnaitre des sons sur une image pour les CP, certains essaient de bachoter, de préparer leurs enfants, c’est compliqué."
Ci-dessous, voici les détail des tests qui sont prévus par l'Éducation nationale :
Non à une pédagogie standardisée
L’inquiétude est aussi chez les professeurs des écoles. Après avoir fait passer ces évaluations, cette semaine (le livret d’évaluations Français Mathématiques pour les élèves de CP, compte 65 pages) les résultats seront rentrés dans un logiciel. "Le professeur saisit les réponses des élèves. C’est un codage qu’on envoie dans un logiciel et qui nous ressortira la situation de la classe et celle des élèves".
Ensuite, les professeurs rencontreront les parents pour leur communiquer les résultats de leurs enfants, où ils se situent dans la classe. On peut se poser la question de ces évaluations chronophages en début d’année scolaire qui vont déjà cibler des élèves. "Comment vont se débrouiller des élèves qui ont des troubles d’attention ou de comportement devant ces évaluations, alors que c’est dès la rentrée de septembre qu’on construit, qu’on met en place une pédagogie adaptée aux élèves, un accompagnement personnalisé ?"s'inquiète Paul Agard. Suivant le bilan individuel de l’élève, dans une 3ᵉ étape d’accompagnement, le ministère de l’Éducation nationale précise "le professeur adapte son enseignement par du travail en petit groupe ou une aide individualisée".
Ces pratiques sont l’outil de pilotage de la réforme du « choc des savoirs » qui a vu la mise en place de groupes de niveaux en 6ᵉ et 5ᵉ cette année.
Ce qui nous fait peur c’est que ces évaluations se passent dans ce cadre du « choc des savoirs. La crainte que l’on a c’est que le tri des élèves se fasse non plus en 6ème mais bien plus tôt !
Paul Agard Co secrétaire départemental SNUipp- Indre-et-Loire
L’intersyndicale apportera aussi au DASEN (Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale) des motions décidées en conseils des maîtres, demandant l’abandon des évaluations nationales. Fin janvier 2025, une seconde phase d’évaluations est prévu. On sent de la lassitude chez Paul Agard et beaucoup d’attente. "J’ai rarement dit ça, mais je pense qu’on arrive à une école à 2 vitesses, une école publique qui va devoir travailler avec le minimum en termes de moyens et de formations". Il précise "Ce sont toutes les réformes Blanquer qui continuent de se mettre en place, ça fait 7 ans. Les nouveaux manuels et programmes standardisés qui devaient accompagner ces évaluations devaient être mis en place pour la rentrée, ils ne le sont pas".
En conclusion, le cosecrétaire départemental SNUipp 37 ajoute "On attend de voir qui sera le nouveau ministre de l’Éducation nationale. Est-ce que ça changera ? Quelle politique éducative sera mise en place ?".