À Tours, la dépollution de l’île Aucard a commencé, huit ans après le signalement de la présence d’amiante

Très attendu, le chantier de dépollution de l’île Aucard à Tours a démarré. Au début des années 2010, huit employés auraient été en contact d’amiante pendant des travaux sur des puits de captage des eaux.

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Cela fait huit ans que le syndicat CGT tire la sonnette d’alarme. Mais l’affaire, révélée l’année dernière, vient de faire un grand pas : les travaux de désamiantage de l’île Aucard, à Tours, ont commencé. Une dépollution qui fait suite au rapport d’expertise rendu en février 2019, selon lequel des déchets contenant de l’amiante n’ont pas été évacués après des travaux effectués sur des puits de captage de l’île Aucard et de l’île aux Vaches.

Ce dossier sensible est désormais géré par la Métropole de Tours, qui a récupéré la compétence "Eau" en 2017. “Nous essayons de traiter ce problème de la meilleure façon possible”, affirme Bertrand Ritouret, vice-président de Tours Métropole en charge du service de l’eau et maire de Luynes. “Toute la difficulté a été de trouver une solution pour extraire ces déchets tout en respectant ces sites naturels du réseau Natura 2000 et la tranquillité des riverains.” 

Il a notamment fallu trouver une alternative au Pont de Fil, un pont piéton et cycliste non-adapté aux charges importantes, pour faire extraire les sacs de terres amiantés. Chaque jour, ces déchets passent donc par un passage à gué, aménagé entre l’île et le parking de l’île, où le niveau de la Loire est suffisamment bas en été. Si de premières estimations faisaient état de 2 000 mètres cube de déchets amiantés sur l’île Aucard, “le volume est bien moindre que prévu, avec 227 mètres cube qui doivent être évacués d’ici mi-août”.

“C’est le cancer d’un collègue, en 2012, qui a été le déclencheur”

Les 2 000 mètres cube initiaux avaient en effet été estimés grâce une expertise ordonnée par le tribunal administratif d'Orléans. Une enquête est toujours en cours pour connaître les responsables de cette pollution. À l’époque, c’est la ville de Tours qui est en charge de la réhabilitation des puits de captage en eau potable, construits en fibro-ciment. Plusieurs agents municipaux ont travaillé sur ces zones au début des années 2010 “sans protection”, dont David Courant, électromécanicien à la station d’eau potable de l’île Aucard depuis 20 ans. “C’est le cancer d’un collègue, en 2012, qui a été le déclencheur”, explique celui qui fait partie des premiers lanceurs d’alerte. “Le chef de service de l’époque nous disait que ce n’était pas dangereux, qu’il n’y avait pas beaucoup d’amiante.”

Pourtant, le cancer de son collègue sera bien reconnu comme maladie professionnelle liée à l’amiante. Huit autres agents ont travaillé sur ces sites. Mais l’acceptation du préjudice d’anxiété lié à leur exposition à l’amiante est toujours en suspens. L’un d’entre eux a un nodule sur un poumon. Et un autre “est décédé au mois de décembre”, poursuit David Courant. “Nous pensons que son décès résulte d’une maladie à caractère professionnel. Nous attendons qu’un expert soit nommé par le tribunal administratif d’Orléans pour faire la lumière sur ce cas.”

Une “catastrophe sanitaire”, selon l’Adeva

Faire reconnaître qu'ils ont souffert de l'exposition à l'amiante, c'est ce que recherche le syndicat CGT des agents municipaux, désormais métropolitains, au côté de l’Association de défense des victimes de l'amiante (Adeva) Centre. “C’est une véritable catastrophe sanitaire”, affirme André Letouzet de l’Adeva Centre, qui suit de près ce dossier.
 

L’amiante, on sait que c’est dangereux depuis le siècle dernier ! Et pourtant, c’est un chantier qui date de 2012 où aucune précaution n’a été prise. Il faut que ce cas serve d’exemple pour ne plus que cela se reproduise.

André Letouzet, Association de défense des victimes de l'amiante

Chaque mois, l’association voit “un à deux nouveaux cas” de personnes exposées ou contaminées par l’amiante, comme des “femmes de ménages ou des professeurs” dans des écoles. “Ces toutes petites particules, une fois qu’on les a absorbées dans nos poumons, elles y restent !”, alerte André Letouzet. “Et un jour où l’autre, elles font leur travail. C’est comme une bombe à retardement.”

Si l’affaire a fait un grand pas avec la dépollution en cours de l’île Aucard, le sort réservé à l’île aux Vaches reste flou. La situation y est en effet plus délicate puisque l’île appartient à l’État et les déchets contenant de l’amiante sont beaucoup plus dispersés que sur l’île Aucard. “Pour un mètre cube de terre, on peut avoir un ou deux bout d’amiante”, estime Vincent Soulard, directeur du cycle de l’eau de Tours Métropole. “La solution qui semble faire consensus serait un ramassage des déchets avec une herse. Ce sera un travail de fourmi.” Les travaux de dépollution sur l’île aux Vaches ne devraient pas commencer avant l’été 2021. Ils sont estimés à un million d’euros.
 
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