La municipalité de Tours s'engage à féminiser les noms de ses prochaines rues. Aujourd'hui, la ville compte seulement 4 à 5% d'espaces publics portant le nom d'une femme.
Jeanne d'Arc ! C'est bien le nom de la pucelle d'Orléans que l'on retrouve le plus dans les rues des grandes villes de l'hexagone : à Paris, Nantes, Lille ... ou encore à Tours ! Et chacune de ces municipalités ont un point commun : elles veulent rétablir l'équilibre en matière de nom de rue, où l'histoire a souvent fait pencher la balance vers les hommes.
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"L'histoire s'est beaucoup écrite autour des hommes qui l'ont façonnée"
Tours compte seulement 4 à 5% d'espaces publics portant le nom d'une femme, contre 1,8% en 2016. C'est deux fois plus que la moyenne des villes françaises. La municipalité veut donc poursuivre ses efforts. "L'histoire s'est beaucoup écrite autour des hommes qui l'ont façonnée. Des femmes comme Camille Claudel ont été effacées par leur maître et aujourd'hui on a besoin de ce rééquilibrage. Les femmes doivent être mises en avant dans les manuels scolaires et les espaces publics" explique Elise Pereira-Nunes, adjointe en charge du dossier. Elle l'assure : les prochains espaces publics et rues porteront des noms de femmes.
Le projet, nommé "Les Illustres Inconnues" et mené avec l'association Osez le Féminisme 37, prévoit notamment une plateforme en ligne où les citoyens pourront contribuer et soutenir les noms des femmes remarquables qu'ils veulent voir dans l'espace public. "Pour les personnes qui votent, on aimerait même proposer un plaidoyer devant un jury composées de citoyens" poursuit-elle.
Nommer une rue, ce n'est pas juste mettre une plaque, c'est faire tout un travail de recherche sur la personne et faire connaître son histoire
Elise Pereira-Nunes, adjointe en charge du dossier
Et les premiers noms sont...
Au même titre que les hommes, la municipalité favorisera les femmes décédées "parce qu'on ne peut pas prédire ce que les vivants peuvent faire durant le reste de leur vie". Elles pourront être des figures locales comme nationales voire internationales suivant les propositions qui seront faites.
Des échanges avec "Osez le féminisme 37" est ressorti le prochain nom féminin qui sera donné à une rue. Il s'agit de Madeleine Boutard, députée communiste d'Indre-et-Loire entre 1946 et 1958. La cinéaste Catherine Binet, née à Tours en 1944, et la réalisatrice Alice Guy sont aussi évoquées mais rien n'est définitif à l'heure où nous écrivons ces lignes.
En France, moins de 5% des rues portent le nom d'une femme. Ce manque de représentation est problématique, c'est pourquoi la ville de @strasbourg s'est lancée dans la féminisation de plusieurs espaces publics ? pic.twitter.com/3fruQPfclD
— Marie Claire (@marieclaire_fr) May 19, 2020
Aujourd'hui, les rues tourangelles portent surtout les noms de femmes connues à échelle nationale : Germaine Tilion, Louise Michel, Marie Curie, ... Ce samedi 4 décembre était encore inaugurée la rue Helena Fournier, unique rescapée du convoi des 31 000 durant lequel elle avait été déporté à Auschwitz.