Tours : "les réanimateurs gèrent et trinquent en premier", témoigne Clémentine en 6e année de médecine

Ils devaient finir leur 6e et dernière année d'externat en passant les épreuves classantes nationales (ECN) : le fameux "concours de l’internat". Mais l'arrivée du Covid-19 en France a tout chamboulé pour eux aussi. 

Clémentine est externe en 6e année. Elle devait commencer son dernier stage de 3 semaines en radiologie au CHRU de Tours sur le site de Bretonneau. Mais le Covid-19 a en décidé autrement. Les externes sont, pour l'instant, invités dans leur immense majorité à rester chez eux.

La situation est vraiment bizarre. On attend. Les stages sont pour l'instant officiellement maintenus. Le CHRU a annulé toutes les consultations qui ne sont pas importantes, vitales. Vendredi dernier (NDLR: le 20 mars), la Direction des Affaires Médicales nous a appelée pour savoir si on était prêts à faire partie du dispositif de la régulation du SAMU (la cellule 15 par téléphone).

Je n'ai pas hésité une seule seconde, j'ai dit oui.
On pourait être aussi appelés au sein des centres de dépistage qui sont mis en place mais sur ce point, là-encore, on attend les instructions. L'hypothèse serait que les externes soient réquisitionnés pour orienter les malades qui arrivent dans ces centres de dépistage. Mais encore faudra-il qu'il y ait suffisamment de kits de test disponibles. 

Entre les externes et les internes en médecine, les informations circulent évidemment et sont relayées via les réseaux sociaux ou les groupes Whatsapp. Pour l'instant la situation est sous contrôle à Tours mais pour encore combien de temps ? 

Tout le monde redoute cette fameuse vague qui fragiliserait encore un peu plus l'hôpital avec ces femmes et ces hommes qui soignent et sauvent des vies.

On a des amis qui sont en stage en réanimation ou en pneumologie. Pour la plupart, ils n'ont pas de famille sur Tours. Alors on prend de leurs nouvelles, on les appelle. On a toujours su que ceux qui sont en réanimation, ce sont ceux qui gèrent et qui trinquent quand tout va mal. Toutes les gardes ont été annulées pour celles et ceux qui faisaient leur premier stage en réanimation.

D'habitude les gardes de service de réanimation tournent avec un médecin, un interne et un externe. Mais là, depuis la semaine dernière, il y a 3 praticiens, 3 internes et 2 externes présents au même moment.
Il faut absoluement plus de personnel car les patients atteints de syndrôme respiratoire aigü sont placés sur le ventre et ils ont donc beosin d'être à plusieurs pour les retourner quand il le faut.

 Alors bien sûr, son année, son cursus, ce n'est pas le moment d'en parler.  Le contexte sanitaire est suffisamment grave. Mais la semaine passée, le grand "concours blanc" du "concours de l'internat" n'a pas été organisé comme prévu à la faculté.

Nous avons passé les épreuves à la maison. Ce ne sontt pas les meilleures conditions pour se préparer mais c'est comme ça, on n'y peut rien. On sait qu'ils ont mieux à faire. Le concours de l'internat était prévu du 15 au 17 juin,mais il devrait être reporté, à priori, à la mi-juillet.

Certains doyens d'autres facultés se sont positionnés en ce sens mais pour l'instant, il n'y a rien d'officiel et puis tout dépendra de l'évolution de ce fichu virus.

Fille de médecins, Clémentine avait prévu de partir à Hanoï début juillet pour aller faire un stage en chirurgie jusqu'à la mi-aôut, pour découvrir une autre culture et se mettre au service d'une autre population.

Évidemment, tout est remis en question. Si l'étudiante en 6e année s'adapte à la situation, il y a en revanche quelque chose qu'elle ne comprend pas, qu'elle ne supporte pas : les mesures prises par le gouvernement qui ne sont toujours pas scrupuleusement respéctées.

Vu comment le virus se propage, le confinement est totalement jusitifé. Mais cela me choque de voir des familles se déplacer, circuler dans les rues de Tours devant chez moi. Surtout quand tu vois comment cela se passe dans les autres régions. Il y a encore des gens inconscients.

Il y a des services de réanimation saturés dans l'est de la France, en Corse, et si cela arrive à Tours, ce sera éprouvant pour tout le monde, à commencer par les familles des défunts qui ne pourront pas venir dire au revoir à leurs proches décédés.

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