Le Centre LGBTI de Touraine organise une marche le 15 mai. Lors de l'annonce sur son compte instagram, un message évoquant un cortège "non-mixte" a été relayé. Sous l'impulsion de l'extrême-droite, la polémique enfle sur les réseaux sociaux. Le co-président du Centre LGBTI de Touraine s'explique.
C’est un message qui a créé un "malentendu dans la communication". À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre les LGBTI+phobies se tenant le 17 mai, le Centre LGBTI de Touraine organise une manifestation le samedi 15 mai à Tours. Un événement pour revendiquer les droits des personnes LGBTI, mais plus largement toute forme de discrimination. Y compris raciste. Seulement, au moment d’annoncer son événement sur son compte Instagram, le Centre LGBTI de Touraine s’est retrouvé au cœur d’une polémique.
"Nous avons partagé une story d’un collectif anti-raciste partenaire que nous soutenons et qui sera avec nous le 15 mai, raconte Johan Yagger, co-président du Centre LGBTI de Touraine. Nous nous sommes rendu compte que le message n’était pas forcément adapté à ce que nous portons et l’avons aussitôt supprimé." Seulement des captures d’écrans ont été faites du message indiquant qu’un cortège en "non-mixité est prévu pour les personnes LGBT+ racisées" le 15 mai. On peut y lire les propos suivants : "La non-mixité n’est en aucun cas négociable et toute personne blanche qui essaiera de s’incruster dans ce cortège se fera cordialement (ou non) dégager."
L'extrême droite alimente la polémique aussitôt
Il n’en fallait pas plus pour que le site web d’extrême-droite Fdesouche, se présentant comme "une revue de presse identitaire", n’en fasse un billet, capture d’écran à l’appui. S’ensuit une polémique sur les réseaux sociaux portée par des militants d’extrême droite. "Nous avons reçu immédiatement beaucoup de messages, reprend Johan Yagger. Certains étaient menaçants, d’autres se posaient des questions. C’est pourquoi nous avons tenu à clarifier la situation." Le Centre LGBTI de Touraine s’est fendu d’un communiqué explicatif sur ses réseaux sociaux pour tenter d’enrayer la polémique et d’expliquer clairement ses positions.
"Nous prônons la non-violence donc personne ne sera "dégagé"", assure le co-président du Centre LGBTI de Touraine. Il évoque un "faux raccord" dans la communication. "Il n’y aura bien entendu aucun contrôle basé sur la couleur de peau, ce n’était pas du tout l’esprit de ce cortège", se désole-t-il. Après la polémique sur les "réunions non-mixtes" de l’Unef, le sujet est sensible.
Quand on se retrouve victime d’une discrimination, quelle qu’elle soit, on a besoin de se retrouver avec les gens qui subissent les mêmes choses pour l’évoquer de manière libre. C’est parfois difficile à comprendre, c’est pour ça que l’on tient à avoir ce dialogue afin qu’il n’y ait pas de confusion.
Mais Johan Yagger souhaite expliquer ce dispositif pour lever l’incompréhension. "La position du centre est toujours de soutenir les causes de luttes contre les discriminations. Nous avons accédé à la demande de personnes qui souhaitaient une place réservée dans le cortège en non-mixité afin de se sentir plus à l’aise et libérés pour porter leurs revendications", précise-t-il.
Si Johan Yagger sait que la question peut alimenter les tensions, il tient à faire preuve de pédagogie. "Quand on se retrouve victime d’une discrimination, quelle qu’elle soit, on a besoin de se retrouver avec les gens qui subissent les mêmes choses pour l’évoquer de manière libre. C’est parfois difficile à comprendre, c’est pour ça que l’on tient à avoir ce dialogue afin qu’il n’y ait pas de confusion", explique le co-président du Centre LGBTI de Touraine. Il prend en exemple des cortèges similaires mis en place à Paris pour les personnes transgenre.
Malgré la polémique sur les réseaux sociaux, le Centre LGBTI de Touraine se dit confiant pour la manifestation à venir le 15 mai. Il renouvelle son invitation pour "toutes les personnes" à rejoindre sa marche et porter la voix contre les LGBTIphobies et le racisme.