Le vélo, grand gagnant du déconfinement ?

Avec la crise sanitaire et la peur de prendre les transports en commun, c’est peut-être l’occasion de se mettre en selle. Des aides gouvernementales y incitent, mais c'est parfois un casse-tête pour les réparateurs de cycles, qu'ils soient professionnels ou associatifs.
 

Vous en avez assez d’être confinés dans les transports en commun, et surtout d'être en état d’alerte au moindre passager qui tousse... Vous êtes blasés, par ailleurs, de la voiture qui reste trop souvent engluée dans les embouteillages ?

La solution, c’est peut-être le vélo. Il reste un moyen de transport simple, peu coûteux et rapide (rapide, même sans griller les feux). Beaucoup d’entre nous ont eu, ces derniers temps, l’idée de remonter en selle, comme nous le confie Gilles Robinet, gérant du magasin Cyclable à Tours :

"Après le confinement, j’ai eu la sensation que tout le monde est sorti d’un coup. On a été débordés par des personnes qui nous apportaient des vélos trouvés dans leur cave. Ils n’avaient pas roulé depuis trente ans, mais ils pensaient qu'avec la prime gouvernementale de 50 euros, nous allions faire des miracles."

C’est ingérable, car en temps normal on est déjà à trois semaines de délai pour les réparations, Gilles Robinet

Les français remontent en selle

Dans les faits, ce dispositif gouvernemental "coup de pouce vélo" peut devenir un vrai casse-tête.

Au point que des professionnels, inscrits dans un premier temps sur le site, ont fini par l’abandonner :

"C’était trop compliqué. Il fallait prendre des photos géo-localisées, c’était ingérable. En plus, il y a trois jours, j’ai reçu un mail disant qu’ils ne pourront pas nous rembourser tout de suite. Moi, j’ai abandonné", indique Gilles Robinet, gérant de Cyclable, qui a fini par jeter l'éponge préférant, dit-il, se concentrer sur ses clients et faire le suivi des vélos qu’il a lui-même vendus : 

"Le problème, avec les vélos bon marché, c’est qu’ils ne sont pas de bonne facture. Quand on touche à un élément, il casse à un autre endroit. Alors, si je comptais au réel les heures passées par le mécano, on pourrait atteindre parfois les 100 euros de réparation."

Du fait du confinement, les gens ont surtout reporté leurs achats de vélos, Gilles Robinet

On doit tous pédaler pour la planète mais aussi pour ... l'économie

Pédaler pour sa santé, pour faire des économies bien sûr, mais aussi pour relancer l'économie du pays, voilà peut-être le tryptique gagnant.

Le gouvernement, pour éviter que les Français fuyant les transports publics se reportent massivement sur leurs voitures, mise beaucoup sur le vélo. Ce matin, Elisabeth Borne, Ministre de la Transition écologique, a annoncé le triplement du fond dédié au vélo, en le portant à 60 millions d'euros.

Il va falloir, dans ce cas, sortir la burette pour remettre de l’huile dans les rouages informatiques, car pour l’instant, beaucoup de professionnels trouvent le dispositif compliqué :

"Entre le temps passé avec un client et le bénéfice, le calcul est rapide, ce n'est pas du tout rentable. Moi je préfère me concentrer déjà sur mes clients, la vente et l'entretien de mes vélos ", précise Gilles Robinet

Jérémy Trosseau, Directeur de Détours de Loire, trouve lui aussi le dispositif lourd et compliqué, mais cela reste malgré tout une opportunité pour lui : "Mon coeur de métier, c'est la location de vélos. Comme vous pouvez l'imaginer, j'ai eu beaucoup d'annulations ces dernières semaines. Alors, bien sûr, on m'apporte parfois de vieux vélos, et mes mécanos y passent du temps. Mais on fait beaucoup d'efforts pour rester au plus près des 50 euros de l'aide gouvernementale."

Administrativement, on passe entre 10 à 20 mn avec le client pour la restitution des vélos, Jérémy Trosseau

Des ateliers de réparation ouverts à tous

Le secteur associatif a aussi décidé de s’y mettre, en s'inscrivant au dispositif "coup de pouce". L'avantage, c'est que ces associations ont l’habitude de se lancer dans des réparations de vieux vélos ou, à partir de trois épaves, d'en reconstituer un.

C’est le cas à CC37- le Collectif Cycliste 37, créé à Tours en 2011 : "On organise toujours des ateliers de réparation, avec des outils mis à disposition et des conseils de bénévoles. L’idée est de rendre les personnes autonomes. Mais avec la demande actuelle, on s’est aussi lancés dans l’opération coup de pouce. L’objectif étant de ne pas faire concurrence aux professionnels." Fabien Frugier, éducateur mobilité à CC37.

Pour faire face à la demande, et pour respecter les conditions sanitaires, l’association a dû s’organiser et repenser l'accueil du public. Maintenant, il n’est plus question de passer à l’improviste : "Dorénavant, il faut prendre un rendez-vous pour faire réparer, ou même réparer soi-même son vélo", précise Fabien Frugier du CC37.

En cinq ans, l’association CC37 – Collectif Cycliste 37 – a recueilli près de 2 500 dons de bicyclettes. Malgré l’engouement pour la petite reine, et le retour sur la selle de nouveaux adeptes, Fabien n’est pas inquiet, il sait qu’il y a encore des mines de vélos qui traînent chez les particuliers, dans des granges, ou au fond des garages.

Une autre association tourangelle "ça roule", vous permet aussi de réparer votre vélo et de bénéficier de l'aide gouvernementale. Attention, sachez que vous avez, d'ores et déjà, un délai de trois semaines d'attente. 
 
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