VIDÉO. Un laboratoire de l’Université de Tours étudie les poux pour mieux les supprimer

durée de la vidéo : 00h03mn01s
Poux vivants avant expérience au laboratoire de l'Université de Tours.
Elever des poux pour mieux les supprimer, une gageure que les scientifiques du laboratoire Biomédicament anti-parasitaire de l’université de Tours tentent de résoudre depuis plus de 20 ans. Seuls quatre laboratoires dans le monde étudient le parasite. ©France télévisions

Elever des poux pour mieux les supprimer, une gageure que les scientifiques du laboratoire Biomédicament anti-parasitaire de l’université de Tours tentent de résoudre depuis plus de 20 ans. Seuls quatre laboratoires dans le monde étudient le parasite.

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Berthine Toubate dorlote ses petits pensionnaires. Cette ingénieure spécialiste des poux depuis 15 ans élève des parasites dans son laboratoire avec attention et soin. "Ils sont nourris quatre fois par semaine et tous les 3 à 5 jours, ils passent à un stade supérieur."

Leur habitat, d’ancien pot de yaourt en verre placé dans une étuve chauffée. Dans chaque contenant, des poux à chaque stade de leur évolution. "Ils mangent bien, ici. Alors au dernier stade, ils sont plus gros que ce qu’on trouve dans les cheveux des enfants", explique la scientifique en laissant échapper "ils sont plus fins en vrai, j’aime à penser qu’ils font un petit régime pour garder la ligne". Ou plus sûrement pour passer inaperçu dans nos chevelures. Mais, pas seulement.

L’explication est plus simple. Les poux élevés dans le laboratoire sont des poux de vêtements, génétiquement identiques au pediculus humanus, le pou de cheveux. Ils n'ont donc pas le même gabarit.  

Le pou idéal 

Les 15 000 poux élevés dans le laboratoire sont issus d’une souche de 1938. Ils n’ont donc jamais été mis en contact avec les produits neurotoxiques utilisés pendant des années pour lutter contre le parasite. Ils n’ont donc jamais pu développer de résistance. Pour les scientifiques, c’est le pou idéal.

Élever un pou d’une espèce différente et peu résistante aux produits chimiques n’a aucune conséquence sur les résultats des tests. D’autant que la dernière génération des produits anti-poux fonctionne sur l’enrobement. Huile végétale (huile de coco) ou synthétique (silicone) couvrent les valves respiratoires du pou, et l’étouffe. Seul problème, les lentes résistent en général à ce genre de traitement. D’où la nécessité de renouveler les applications une à deux semaines après.

Étude génétique et tests de produits grand public

Pour Berthine Toubate, tester les produits des laboratoires privés pour les aider à adapter leur formule est quasi une action d’utilité publique. "Je teste les produits en suivant le mode d’emploi du fabricant. Puis j’observe les poux à 15 minutes, puis 30 minutes, puis une heure… et je regarde à nouveau le lendemain pour vérifier qu’ils ne bougent plus du tout. Ce sont des êtres coriaces." Et quand il en reste des vivants, le fabricant doit revoir sa copie.

Pour la scientifique, le pou reste un mystère. Même si quelques secrets ont pu être dévoilés par la génétique, notamment la raison de son adaptabilité impressionnante. Une poignée de gènes libres permet à l’espèce de s’adapter d’une génération à l’autre. L’équipe de Berthine Toubate essaye de trouver un moyen de supprimer le pou à travers sa génétique. Les scientifiques supposent un système d'auto-régulation chez le pou. Quand sa population est trop importante, le parasite émet un signal, une odeur. Dès que cette odeur est émise, les poux meurent.

Pour le moment, seuls les produits du commerce fonctionnent pour éliminer le parasite. Et parmi eux, un produit innovant des laboratoires Duhot. Il utilise une résine végétale qui adhère à la chitine de l’insecte. Cette résine, au contact de l’eau, cristallise et transperce le parasite.

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