Commencé à la fin de l'hiver, le travail des sols touche à sa fin dans les vignes. Et pour éviter le travail répétitif au tracteur, des vignerons expérimentent un robot désherbant autonome et électrique. Gain de temps, plus efficace, rentable et plus écologique, l’appareil séduit de plus en plus de viticulteurs du val de Loire.
Dans les vignes de Saint-Nicolas-de-Bourgueil, c'est un appareil qui intrigue. Baptisé Bakus en l'honneur du dieu du vin et de la fête dans la mythologie romaine, le robot ressemble à une petite machine à vendanger. Sauf qu'à bord, aucun chauffeur. Monté sur quatre roues, il enjambe seul les vignes et travaille le sol entre les ceps.
Moins d'herbicides chimiques
Le robot est autonome et se repère grâce à deux GPS embarqués. "On va juste amener le robot dans la parcelle, lancer le programme et il va se débrouiller seul, tout est programmé", explique Florian Olivier, téléphone à la main.
Le vigneron installé Saint-Nicolas-de-Bourgueil utilise le robot depuis un an et demi sur ses 15 hectares en bio où il doit travailler le sol mécaniquement car le désherbage chimique est interdit. Il l’expérimente aussi sur une partie de ses parcelles cultivées en conventionnel. "Cela remplace les herbicides chimiques, qui fonctionnent de moins en moins. Et avec le robot, c'est moins de pénibilité et le travail du sol est plus efficace avec plus de passages".
Un robot 100% électrique
A quelques kilomètres de là, Gérald Vallée, vigneron également à Saint-Nicolas-de-Bourgueil, est aussi séduit par ce robot quasi increvable et qui carbure à l'électrique. Un gain de temps et des parcelles mieux désherbées constate le viticulteur bio qui n'a plus à utiliser de carburant pour le travail des sols réalisé auparavant par des tracteurs avec chauffeurs. Equipé de quatre batteries, il peut travailler 14 heures par jour, le soir, le week-end. "On le fait travailler de 6 heures à 21 heures et on le recharge 6 heures par nuit".
Comme pour les véhicules électriques, les batteries nécessitent certains matérieux rares pour leur fabrication. Et l’extraction et la transformation de ces métaux a des répercussions importantes sur l’environnement.
200 000 euros le robot
Le robot est conçu par une start-up de Reims. Autre limite pour cet équipement made in France : son coût de 200 000 euros hors subvention, presque deux fois plus cher qu’un tracteur.
Mais avec des économies sur le coût des carburants et de la main-d'oeuvre, les viticulteurs s'y retrouvent. "Un chauffeur coûte à l'employeur 3500/4000 euros bruts par mois. Sur six mois d'utilisation par an, c'est 24000 euros. Je pense qu'en 4/5 ans le robot est rentabilisé" calcule Gérald Vallée. Un robot vite rentabilisé surtout s'il est subventionné à 40% par l'Etat au titre de la troisième révolution agricole du plan France 2030.
S'il détruit des emplois, le robot viticole est aussi une solution pour certaines exploitations qui font face à une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée comme à Chinon où quatre vignerons ont acheté un robot en commun via une Cuma, une coopérative d’utilisation de matériel agricole.
Bientôt le traitement de la vigne ?
Conquis par ce robot, certains vignerons comptent le rentabiliser encore plus avec d'autres équipements comme une tondeuse pour entretenir les bandes enherbées des vignobles. Et la start-up qui commercialise Bakus teste une autre génération de robot équipés de pulvérisateurs. Si l'arrivée de la machine à vendanger dans les années 70 a bouleversé les pratiques des vendanges, le robot viticole est une révolution dans les exploitations.