VIDÉO. Les surfaces dédiées au vin bio sont en recul en Touraine, pour la première fois en 20 ans

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15ème édition, les 30 novembre et 1er décembre 2024, de Biotyfoule, le salon des vins bio de Touraine.
Pour la première fois depuis 20 ans, la surface du vignoble bio est en recul en Indre-et-Loire. Marine Rondonnier et Jean Barrère sont allés rencontrer les vignerons bio au salon du vin Biotyfoule à Tours. ©France télévisions

Un signal inquiétant dans un département où les cultures bio avaient plutôt le vent en poupe : entre 2022 et 2023, la surface du vignoble bio a reculé de 34 hectares en Indre-et-Loire. À Biotyfoule, le salon des vins bio de Touraine, les vignerons espèrent qu'il s'agit d'une simple mauvaise passe, et non d'une tendance de fond.

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Organisée par le GABBTO, le groupement des agriculteurs bio de Touraine, et le réseau INPACT 37, la quinzième édition de Biotyfoule s'est tenue les 30 novembre et 1er décembre à l'hôtel de ville de Tours. Dans un contexte plutôt morose : pour la première fois depuis 20 ans, le vignoble bio est en recul en Indre-et-Loire. 

Avec 34 hectares "déconvertis", soit une baisse de 1%, les surfaces cultivées en bio représentent désormais 22% de la totalité du vignoble de Touraine. Avec de grosses percées dans les appellations Chinon (38%) et Saumur-Champigny (34%). Aujourd'hui 250 vignerons tourangeaux produisent du vin bio sur une superficie totale de 3410 hectares.

La consommation en baisse

Voilà pour les chiffres, reste à interpréter ce coup de frein dans le développement de la viticulture bio. Pour Sophie Clerc, vigneronne à Huismes et adhérente du GABBTO, la chute de la consommation, du vin en général et du vin bio en particulier, est sans doute la première explication. Passé un certain effet de mode, les Français ont boudé les produits bio. L'inflation galopante les a contraints à faire des choix, au détriment du bio, logiquement plus cher car exigeant plus de travail et de main-d’œuvre.

"Certains producteurs sont venus vers le bio peut-être plus parce que c'était à la mode que par réelle conviction, estime Sophie Clerc. Et ils font marche arrière parce que ce n'était pas aussi positif que ce qu'ils espéraient."

"La bio étant un produit de qualité, on subit aujourd'hui de plein fouet les choix d'arbitrage des consommateurs, nous déclarait en début d'année Thomas Prigent, directeur de Bio Centre. Mais ce que nous tenons à rappeler, c'est qu'en achetant un produit bio non seulement on paye le juste prix qui permet à l'agriculteur d'en vivre, mais on paye aussi tout un tas de services environnementaux bénéfiques pour la collectivité : qualité de l'eau, de l'air, biodiversité, etc."

La pluviométrie et le mildiou

Désastreuses pour l'ensemble de l'agriculture française, les conditions météo ont sans doute également poussé quelques vignerons bio à jeter l'éponge :

"Les deux derniers millésimes ont subi une pluviométrie très importante, et le développement du mildiou qui va avec, reprend Sophie Clerc. En bio, on ne traite qu'en préventif, avec du cuivre et du soufre. Ce sont des années très compliquées, avec de très nombreux passages dans les vignes, à petites doses. Au bout du compte les pertes de rendement sont significatives, et certains convertis au bio ont pu se décourager."

À Biotyfoule, la vigneronne de Huismes repère de nombreux jeunes parmi les visiteurs :

"Un salon comme celui-ci nous permet de faire un travail pédagogique auprès de la clientèle. Beaucoup de ces jeunes sont sensibles aux questions environnementales, à notre approche. Il nous faut faire ce travail de fond, mais de façon plus générale, nous avons besoin du soutien des politiques publiques, nos coûts de main-d’œuvre sont beaucoup plus importants."

Lueur d'espoir, Sophie Clerc constate que, dans le Val de Loire, beaucoup de jeunes s'installent, grâce à un foncier plus abordable que dans d'autres régions. Des néo-vignerons souvent sensibles à l'approche bio, comme Marceau Dumas, qui vient de reprendre, avec Victor Nitsch une exploitation de Genillé, dans le Lochois :

"J'ai travaillé dans des domaines en conventionnel, utilisant la chimie, et j'en ai de très mauvais souvenirs, explique Marceau Dumas. Les maux de tête après les traitements, je ne veux plus revivre ça. De toute façon, les vins qui nous plaisent gustativement sont le plus souvent bio ou naturels. Mais au-delà du goût, il y a une question éthique : la vigne représente 3% des surfaces agricoles et 21% des pesticides utilisés ! Comment justifier cette quantité mise sur les vignes pour un produit qui n'est pas vital, mais plutôt de luxe ?"

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