Loin d'être épargnés dans la crise qui frappe le monde agricole, les agriculteurs en bio sont confrontés aux mêmes difficultés que ceux en production dite "conventionnelle". Mais leurs attentes ne sont pas les mêmes ! Les agriculteurs bio du Loir-et-Cher ont manifesté ce samedi 30 novembre, à Blois, pour faire valoir leurs revendications spécifiques.
La journée de mobilisation a commencé au péage de Blois, sur l'autoroute A10, avec une distribution de pommes – bio, cela va de soi — aux automobilistes. Une manifestation organisée par le GABLEC, Groupement des Agriculteurs Bio du Loir-et-Cher, pour faire entendre les demandes propres à la filière bio dans la crise que traverse le monde agricole.
Car s'ils subissent les mêmes difficultés que leurs confrères en conventionnel (revenus indécents, manque de reconnaissance de leur travail...) les agriculteurs bio réfutent les solutions avancées par les principaux syndicats agricoles :
Les revendications de nos collègues en conventionnel, et notamment la baisse des normes environnementales, vont à l'encontre de notre métier, à l'encontre de ce que l'on observe sur le territoire en termes de pollution de l'air et de l'eau, en termes de biodiversité. Nous prônons un tout autre modèle agricole, qui respecte l'environnement, mais aussi le consommateur et le producteur.
David Peschard, co-président Agriculteurs Bio du Loir-et-Cher
Mais le constat est amer : les décisions gouvernementales prises en début d'année après les grosses manifestations d'agriculteurs se sont faites pour l'essentiel au détriment de l'environnement (pause sur Ecophyto, recul sur la préservation de la biodiversité...). Et cela risque encore de s'aggraver avec le gouvernement actuel et l'allègement annoncé de la réglementation sur les pesticides.
"Attaquer les normes environnementales ne permettra en rien d'améliorer nos revenus, notre dignité ou la reconnaissance par les citoyens de notre travail !", s'indigne David Peschard.
Confrontés à ces attaques sur leur modèle agricole, les agriculteurs bio avancent leurs propres solutions, à commencer par le simple respect de la loi EGALIM, qui date de 2018 :
"Cette loi, qui impose 20% de produits bio dans les cantines scolaires n'est absolument pas respectée, poursuit le co-président du GABLEC. On en est très loin, 6% au niveau national ! Il suffirait de l'appliquer pour que la crise de la bio disparaisse, pour que chacun trouve un débouché..."
À cette entorse à la loi, s'ajoute le paiement systématiquement en retard, et bien souvent en dernier, des aides à l'agriculture biologique et aux pratiques respectueuses de l'environnement en général.
Manque de débouchés et retard dans les aides, auxquels on peut ajouter, comme pour l'ensemble des agriculteurs, une année climatique très compliquée, expliquent les grosses difficultés de trésorerie que traversent les exploitations bio.
Mais la politique de la grande distribution à l'égard des produits bio est également dans le viseur des manifestants : surmarges (marges deux fois plus élevées que sur les produits conventionnels) et/ou déréférencement des produits (moins 12% de produits bio dans les grandes et moyennes surfaces).
Pour dénoncer ces pratiques, les agriculteurs bio loir-et-chériens ont poursuivi leur journée de mobilisation devant un hypermarché de Blois, où s'est improvisé un mini-marché paysan local et bio.
"Il est important de défendre une agriculture BIO, locale, nourricière et rémunératrice face à des décisions politiques qui sont prêtes à sacrifier notre santé, notre environnement pour une compétitivité internationale qui signe l’arrêt de mort d'une nécessaire transition écologique de notre modèle agricole", conclut le GABLEC dans son communiqué.