Un arrêté de la préfecture d'Indre-et-Loire impose au vigneron de la région Centre-Val de Loire, Sébastien David, la destruction de 2078 bouteilles d'un de ses crus avant le 12 mai 2019. Le producteur a saisi en référé le tribunal administratif d'Orléans.
Dans son chais, lettre de l'Etat entre les mains, Sébastien David n'y croit toujours. "Le lot de 2078 bouteilles de vins revendiqué en AOC Saint-Nicolas-de-Bourgueil - millésime 2016 - et désigné sous la référence "COEF 16" et sous le numéro de lot 'LC16' [...] doit faire l'objet d'une utilisation à d'autres fins par envoie en vinaigrerie, distillerie ou par un usage industriel". A travers ce courrier, un arrêté d'urgence émis par la préfecture d'Indre-et-Loire, l'Etat lui ordonne la destruction de sa production avant le 12 mai 2019.
La raison ? Une analyse des échantillons réalisée par le DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) sur trois bouteilles de sa cuvée "Coef" millésime 2016, en octobre 2018, constate une teneur en acidité volatile au-dessus de la norme européenne CE 606/2009 fixée pour le vin rouge : l'acidité volatile du vin du producteur est estimée à 21,8 (milliéquivalent par litre), la norme européenne, elle, est limitée à 20.
Deux contre-analyses qui donnent tord à l'Etat
Pour le vigneron bio de 45 ans installé dans la région Centre-Val de Loire, c'est du grand n'importe quoi. Sébastien David a travaillé vingt ans (depuis 1999) pour élaborer ce vin, grâce à une technique ancestrale qui consiste à stocker pendant une année uniquement du raisin bio découpé dans des jarres (de Géorgie, d'Italie et du Portugal) placées en cave."Vous prenez du raisn, vous le coupez, vous le mettez en caisse, vous le mettez dans la jarre, vous le laissez se reposer un an, vous le ressortez, vous l'assemblez, vous le mettez en bouteille... Et voilà", résume le viticulteur.
Bien décidé à prouver que sa méthode est tout à fait apte à donner du vin de qualité qui s'inscrit dans les normes européennes, Sébastien David décide alors de mener ses propres contre-analyses. Deux au total.
Et les résultats obtenus vont s'avérer ne pas être les mêmes que ceux de la DGCCRF. "Avec la première contre analyse, l'acidité volatile obtenue s'élève à 19,3, soit en dessous du seuil de 20", rétorque le vigneron avec les données imprimées entre les doigts.
Direction le tribunal administratif
Bien que sa réputation, qui dépasse aujourd'hui les frontières, ne soit plus à faire, Sébastien David va devoir désormais plaider sa cause au tribunal administratif d'Orléans pour éviter de perdre 50.000 euros et ses 2078 bouteilles de vin rouge. Un juge des référés doit rendre une décision le 10 mai 2019 (11h) afin de décider si l'arrêté préfectoral est valable.Le producteur bio n'est cependant pas seul dans son combat qui l'oppose à l'Etat. Une pétition de soutien lancée en ligne sur le site change.org a déjà réuni plus de 90.000 signatures à ce jour.Parce qu'on "normalise" l'acidité volatile d'un vin et PAS la présence de résidus dans le vins ou autres intrants ! Il est urgent de soutenir Sébastien David : merci de signer sa pétition et de la partager. #sauvonscoef16https://t.co/SAFv7zgqsW
— Vins & Santé (@et_vins) 6 mai 2019