Changement climatique : la ferme expérimentale des Bordes mène ses recherches au service des agriculteurs

Créée en 1975, au cœur de la Vallée Noire, la station d’expérimentation est devenue un outil de référence. Dans un contexte de transitions, les professionnels travaillent sur l’adaptation des systèmes fourragers pour gagner en autonomie.

Au premier coup d’œil, c’est une exploitation agricole comme une autre. À la différence que vous n’y rencontrez pas de paysan, mais des techniciens et ingénieurs. Sur 146 hectares à Jeu-les-Bois, dans l'Indre, Les Bordes c’est : 82 hectares prairies et cultures en conventionnel, 64 en bio, un atelier bovin allaitant de race Charolaise en agriculture conventionnelle, un autre de race Limousine en agriculture biologique, et un atelier d’engraissement tout automatisé.

Au quotidien, une dizaine de spécialistes testent des cultures différentes, les transforment, et nourrissent les animaux. Pas dans un objectif alimentaire, mais de recherches agronomiques. En partenariat avec l’institut du végétal Arvalis et les Chambres d’Agriculture de l’Indre, du Cher et de la Creuse, la plateforme expérimente et évalue des solutions technico-économiques, met au point des innovations et diffuse ses résultats auprès des agriculteurs et techniciens.

On veut assurer d’avoir une masse de fourrages importante avant l’arrivée des premières sécheresse.

Thierry Foussier, technicien d'expérimentation

Sur des micro-parcelles, poussent différents mélanges de céréales, protéagineux, plusieurs variétés de luzerne. Le but, explique l’ingénieur Antoine Buteau, c’est de "tester ce qui est le plus résilient d’un point de vue adaptation au changement climatique". Les essais se font en bio comme en conventionnel, pour répondre à tous les types d’exploitations. Les études portent sur les cultures d’hiver, d’été, sur les alternatives à la litière de paille pour le bétail.

Quelques semaines après avoir semé, Thierry Foussier, technicien d’expérimentation, mesure la hauteur des premières pousses, et scrute sur une autre parcelle l’apparition des premières nodosités sur des pois, preuve de la présence de bactéries, très bénéfiques pour la biodiversité.

L’intérêt de ces cultures d’hiver ? "On devrait avoir de bons rendements au printemps. C’est ce qu’on chercher : s’assurer d’avoir une masse de fourrages importante avant l’arrivée des premières sécheresses."

Un impact sur l’engraissement des animaux

Etape 2 : les fourrages sont distribués aux 3 cheptels, sous différentes formes. Pour chaque troupeau, un menu particulier. Les essais permettent, à la fin, de tester les itinéraires les plus résilients et ceux qui génèreront le plus de valeur ajoutée pour une exploitation.

Le bâtiment d’engraissement peut accueillir jusqu’à 280 animaux. Charolais et Limousins sont choyés, par petits groupes. "Ici c’est le robot qui calcule et distribue les rations ; cela prendrait trop de temps si on devait le faire nous-mêmes", précise Landry Prinet, technicien d’expérimentation. "Chaque mois, tous les animaux sont pesés. Ce qui nous permet d’analyser leur croissance en fonction de l’alimentation qu’ils ont."

"Avec une période estivale de plus en plus longue explique Arnaud Labesse, éleveur bovin, élu à la Chambre d’Agriculture de l’Indre et futur Président de la Ferme des Bordes, on a besoin d’avoir des solutions pour faire face aux manques réguliers de fourrages pour nos bêtes". Cet éleveur a déjà, comme d’autres collègues, mis en application des expérimentations menées aux Bordes. "Le changement climatique nous obligent à trouver d’autres modèles pour que nos exploitations restent rentables. La station nous aide beaucoup."

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