Le député de l'Indre (LR) Nicolas Forissier a déposé ce lundi 17 mai un amendement pour faire réviser le procès de l'affaire Mis et Thiennot. Cette décision s'inscrit dans le projet de loi visant à rétablir la confiance dans l'institution judiciaire présenté demain par Eric Dupond-Moretti.
Alors qu'Eric Dupond-Moretti défendra à partir de ce mardi 18 mai un projet de loi visant à rétablir la confiance dans l'institution judicaire, le député Les Républicains de l'Indre, Nicolas Forissier, souhaite obtenir une révision du procès Mis et Thiennot. Pour cela, il dépose ce lundi 17 mai, avec le président de son parti Damien Abad, ainsi que d'autres députés, un amendement visant à modifier le code de procédure pénale.
"S'il est très difficile d'obtenir qu'une proposition de loi venant d'un député soit inscrite à l'ordre du jour au Parlement [...] un amendement a, quant à lui, beaucoup plus de chance d'être examiné. Ca permettra de rouvrir le procès". En effet, l'Assemblée Nationale et le Sénat pourraient, par la suite, approuver cet amendement après la présentation du projet de loi par le Ministre de la justice. "Le but, c'est de provoquer la réflexion car, moralement, il y a quelque chose à faire", d'autant plus que le site officiel de l'administration française stipule qu'il n'y a "aucune limite de temps pour déposer ne demande en révision".
Selon le comité de soutien Mis et Thiennot, mis en place au début des années 80, six demandes ont "vainement été déposées, et ce, malgré les nombreux faits nouveaux qui alimentaient leur requête".
Graciés en 1954 par René Coty
Le 31 janvier 1946, le corps de Louis Boistard, garde-chasse du château du Blizon, près de Châteauroux, est retrouvé criblé de balles dans un étang. Il était employé par Jean Lebaudy, propriétaire de la demeure et riche industriel. Suite à cette macabre découverte, il décide de faire pression sur les policiers et gendarmes mobilisés pour que les coupables soient vite retrouvés. Ainsi, 14 chasseurs seront arrêtés dans les jours qui suivent.
Pendant plus d'une semaine, ces hommes sont torturés jusqu'à ce qu'ils finissent par avouer leur implication dans le meurtre du garde-chasse. Au final, seuls Raymond Mis et Gabriel Thiennot comparaîtront devant trois Cours d'assises (en 1947, 1949 et 1950).
André le Troquer, leur avocat, avait même axé son système de défense de ses clients sur la rétractation de leurs aveux, qu'ils auraient livré sous la pression violence des policiers. Ca ne suffira pas à convaincre les jurés : les deux hommes seront condamnés à 15 ans de travaux forcés. La grâce présidentielle leur sera finalement accordée en 1954 par René Coty.
Le 11 juillet 1984, les deux accusés, accompagnés de quatre délégués du comité de soutien, s'étaient déjà rendus en personne à l'Elysée, et au Ministère de la justice pour réclamer leur réhabilitation. Depuis, nombreux sont ceux qui ont essayé de faire valoir leur innocence, à l'image de Léandre Boizeau, auteur de "Ils sont innocents", un livre consacré à l'affaire. Au fil des années, les éléments de l'enquête laissent place au doute et tous permettent d'arriver au même constat : Raymond Mis et Gabriel Thiennot sont innocents.