France 3 est allé à la rencontre des élèves du lycée agricole Naturapolis, à Châteauroux. Un moment pour qu'ils puissent, eux, futurs agriculteurs, parler de leurs projets, et de leur vision de l'avenir.
Depuis une semaine, la mobilisation des agriculteurs français est sans précédent. Le malaise de la profession est palpable, si palpable que l'attractivité du métier pourrait avoir pris un sacré coup.
Pour sonder les premiers concernés, France 3 a rendu visite aux étudiants du lycée agricole Naturapolis, situé à Châteauroux. Tous sont en BTS, ont autour de 20 ans. Et tous sont lucides, motivés, et pragmatiques. Ils le savent : l'agriculture de demain ne sera pas celle d'hier. Mais ils sont prêts à relever le défi.
Témoignages.
Armand Bruneau, fils d'agriculteurs
"Devenir agriculteur ? Je l'espère. C'est une passion. Je ne vis pas à la ferme, mais j'ai grandi dans ce milieu, mon père est exploitant, et je vais à la ferme depuis que j'étais petit. C'est ce que je veux faire, c'est sûr.
Bien sûr qu'on a des craintes : la législation changeante, les problèmes entre les législations européenne et française, les problèmes de rémunération et, en tant que futur installé, le problème de l'accès au foncier.
J'ai peur qu'on aille vers deux types d'agricultures, avec d'un côté de petites exploitations écolo bio, et de l'autre de très grosses exploitations. Et qu'on perde en diversité. On a aujourd'hui une activité très diverse, et des exploitations à taille humaine."
Maelys Guillain, "hors cadre"
"Je ne viens pas du monde agricole, mes parents sont fonctionnaires. Je suis "hors cadre". Mais je suis dans l'agriculture depuis ma quatrième, c'est ma passion depuis toute petite.
J'ai des craintes sur le futur, l'argent et les problèmes qu'on rencontre en tant que fille de non-agriculteurs. Les terres, acheter une exploitation, faire un prêt... C'est pas que c'est impossible, mais c'est difficile.
Je veux travailler dans l'agriculture, mais pas forcément être agricultrice dans un premier temps. Mais ça reste dans un coin de ma tête, et j'espère l'être un jour. Parce que c'est 7 jours sur 7, mais on a envie de se lever. Je n'irai jamais faire un travail où j'ai la boule au ventre. En tant qu'agricultrice, tu te lèves pour nourrir le monde, pour te nourrir. Si ce n'est pas une passion, c'est pas la peine."
Florent Séguin, futur conseiller
"Ma mère est secrétaire, et mon père est diagnostiqueur immobilier. Mon parrain est exploitant dans le sud du département, il m'a fait découvrir ce beau métier. C'est plus qu'une passion, c'est une vocation. C'est grâce à nous que le blé naît.
Si j'en ai l'opportunité, pourquoi pas devenir agriculteur. Mais je me vois pour l'instant plus dans le para-agricole, dans le conseil, dans le développement durable."
Thomas, dont le père est éleveur
"Aujourd'hui, le monde agricole est changeant. C'est une vocation pour moi, mais il faut faire attention à ce qu'on fait. Il faut réfléchir, prendre le temps de poser les bases, voir si le projet est viable. Par exemple, le prix des machines va augmenter, donc ce n'est pas une priorité pour moi.
Dans 10 ans, je me vois installé, sur la ferme familiale ou à côté, je ne sais pas. Avec de l'élevage, et une production qui donne de la valeur ajoutée à l'exploitation. Et qu'on se dégage un salaire.
Ça fait des années qu'on a beaucoup de revendications. Mais là, on a touché un gros point sensible. On attend des actions concrètes et pas des phrases toutes faites."