Le 23 octobre, un astéroïde cachera une étoile à une partie de l'Europe, dont une bonne part du Centre-Val de Loire. La Nasa fait appel aux bonnes volontés pour observer le phénomène, et mieux comprendre le petit objet céleste. Dans l'Indre, on commence déjà à s'organiser.
Avis aux astronomes noctambules : la Nasa a besoin de vous ! Dans la nuit du samedi 22 au dimanche 23 octobre, une étoile du ciel va disparaître le temps d'une poignée de secondes, à cause d'un astéroïde lui passant devant. C'est le même principe que la Lune éclipsant le Soleil, avec des objets célestes beaucoup plus lointains.
L'astéroïde en question répond au doux patronyme d'Eurybate, du nom d'un guerrier troyen de la mythologie. Il fait partie d'un groupe d'astéroïdes tournant autour du Soleil sur la même orbite que Jupiter. En 2027, Lucy, une sonde envoyée par la Nasa, devrait passer tout proche d'Eurybate. Sauf que même la Nasa ne connaît que trop partiellement l'objet, et notamment son diamètre, estimé à environ 60 km.
Calculer la taille d'un astéroïde depuis le Berry
C'est pourquoi un appel a été lancé aux astronomes pour cette nuit du 22 au 23 octobre. Le but : chronométrer le temps durant lequel Eurybate cachera l'étoile. Ce qui permettra de déterminer plus précisément ses dimensions. "Le plus d'observations et de vidéos seront récoltées, plus précis seront les résultats", explique Jean-Luc Levant, doublement capé des postes de secrétaire et de vice-président au sein de l'Association astronomique de l'Indre.
Lui-même sera debout à 4h du matin pour observer l'occultation depuis Jeu-les-Bois, entre Châteauroux et La Châtre. Car la ligne de visibilité de cette occultation devrait traverser l'Europe, de l'Andalousie à la Laponie, en passant par le sud-est de l'Indre, le Cher (en plein sur Bourges) et l'est du Loiret.
Ne pas se planter
Pour Jean-Luc Levant, "c'est du jamais vu" :
Ce n'est pas rare qu'un astéroïde passe devant une étoile, mais c'est rare de pouvoir l'observer, surtout en France, et encore plus dans notre région. Et ça met en valeur nos compétences et notre matériel précis, qu'on a tendance à n'utiliser que pour prendre des photos de Jupiter et de Saturne.
Jean-Luc Levant, vice-président de l'Association astronomique de l'Indre
Car l'étoile occultée n'est même pas visible à l'œil nu, et son observation nécessite forcément un gros télescope et un objectif de caméra qui capte le plus de lumière possible. Des équipements de professionnels, et toute une organisation matérielle. Et puis, "il ne faut pas se tromper d'étoile. Parce qu'on a les coordonnées exactes mais dans un oculaire, on a 40 étoiles, alors il ne faut pas se planter". Pour l'aider, Jean-Luc Levant sera accompagné d'un autre membre de l'association, pendant qu'un troisième observera l'occultation depuis Neuvy-Saint-Sépulchre, avec son propre télescope.
"La plus belle des récompenses"
Tout ça pour aider du mieux qu'ils le peuvent les astronomes américains. "C'est la plus belle des récompenses pour un astronome, d'avoir une reconnaissance de la Nasa ou du CNRS pour le travail qu'on fait, nos vidéos, nos photos", explique le vice-président de l'association indrienne. Ça, et "voir les enfants avec un grand sourire quand on fait une Nuit des étoiles", confesse-t-il.
Reste que l'occultation par Eurybate ne devrait pas attirer les foules. Déjà pour son horaire très tardif (ou très matinal, au choix), mais aussi pour sa furtivité. "Il est possible que ça ne dure que trois secondes", indique-t-il. Mieux vaut alors être bien préparés. La technologie actuelle des caméras (et leurs 60 images par secondes) seront en tout cas bien plus précises pour mesurer le temps que les chronomètres utilisés par les astronomes de jadis. Reste que, une fois tous ces écueils évités, subsiste le plus incontrôlable : la météo.
Pour plus d'informations, rendez-vous sur le site de l'Association française d'astronomie, ou directement sur celui de la mission Lucy. D'autres occultations pourraient être visibles dans le cadre de Lucy d'ici fin 2022 : l'astéroïde Oros au-dessus de l'Eure-et-Loir le 16 décembre, puis Polymèle visible sur l'ouest-Touraine le 27 décembre.