Un restaurateur de Châteauroux est devenu la cible de menaces de mort après des posts sur les réseaux sociaux mélangeant informations erronées et appels à la haine. La raison invoquée : il est l'ancien employeur du père du suspect du meurtre du jeune Matisse, tué le 27 avril dernier. L'employé en question ne travaillait même plus dans l'établissement depuis deux ans.
"Kebab de mes deux", "bande de tarés", "fils de p**e d'assassins", "bande de sal***s", "casse-toi". Dans son restaurant de kebab de la place Voltaire à Châteauroux, Kadir Ugur n'imaginait pas se retrouver un jour la cible d'un tel déferlement de haine. Deux semaines après le meurtre du jeune Matisse, ce restaurateur compte les messages de menaces et de mort par centaines.
"On n’a pas compris pourquoi on s'était fait attaquer"
"Ça nous est tombé dessus d'un coup, on n’a pas compris tout de suite pourquoi on s'était fait attaquer, raconte Kadir Ugur. On s'est rendu compte qu'il y avait une publication qui disait que le papa du tueur travaillait ici." Or, s'il est vrai que le père du suspect avait travaillé dans l'établissement, ce n'est même plus le cas depuis deux ans.
Après cette publication sur les réseaux sociaux, tout a été très vite. Cette information, déjà erronée à la base, a été reprise et tordue. "D'abord ils disaient qu'il travaillait ici, ils ont ensuite raconté que le kebab était détenu par la famille du tueur, alors même que la famille n'était plus ici depuis très longtemps", développe Kadir Ugur.
Sous les publications, les appels de haine se succèdent. Dans les avis du restaurant, on appelle au boycott de l'établissement en s'appuyant sur de fausses informations. Des lettres sont envoyées directement au restaurant pour menacer le père du suspect et le lieu. "Nous vous souhaitons le pire jusqu'à ce que vous brûliez en enfer" peut-on lire sur une lettre manuscrite. Tout y est, amalgames, violence verbale, racisme, servi sur fond de récupération politique.
Depuis le drame, Kadir est solidaire de la famille de la victime, il a collé une loutre sur sa vitrine, participé à la marche blanche et loue la dignité et la force du papa de Matisse, lui qui a appelé au calme et demandé que la mort de son fils ne soit pas récupérée par aucun parti politique.
"On a dû leur montrer les registres pour qu'ils nous laissent tranquille"
À côté de cela, la pression des messages haineux est difficile à gérer pour le patron et ses employés. "On a été très choqués, certains de nos employés ont dû prendre des congés, ils ont eu peur qu'il se passe quelque chose, peur de venir au travail", détaille Kadir Ugur. Il faut dire qu'après la marche blanche organisée pour Matisse, un groupe de personnes les attendaient devant le restaurant. "On a dû leur montrer les registres pour leur prouver que le père du tueur ne travaillait plus ici pour qu'il nous laisse tranquille."
Le patron du restaurant installé depuis six ans place Voltaire a fini par porter plainte. Les pires messages ont été récupérés par les policiers pour les besoins de l'enquête.