Les 500 salariés castelroussins du groupe GMD, sous-traitant automobile, s'inquiètent de l'avenir. La déliquescence de la filière auto et la baisse de l'activité des sites de l'Indre leur font craindre le pire. Et un rachat prochain du groupe ne devrait rien arranger à la situation.
Très attendue, la réunion s'est révélée frustrante pour les salariés du groupe GMD. "Pas un mot sur la pérennité des sites et des emplois en France... Si Montyon avait envie de conserver tous les sites en France, ils auraient été fiers de nous l'annoncer !"
Le 30 octobre, les représentants syndicaux du groupe GMD rencontraient les pontes du fonds d'investissement Montyon Capital. Ce dernier s'est montré intéressé par le rachat du groupe de sous-traitance automobile, qui emploie près de 2 000 salariés en France, dont 500 rien que sur le site de Châteauroux (à cheval sur Le Poiçonnet), dans l'Indre.
30% de production en moins, 18 mois sans gros projet
Les 500 employés sont répartis sur trois sites et deux marques. 130 dépendent de la fonderie Eurocast, les autres sont chez Eurostyle Systems, spécialisé en plasturgie. 200 travaillent au bureau d'études, et 170 à l'usine de production de pièces en plastique pour l'intérieur de voitures de chez Renault et Stellantis (notamment Peugeot et Citroën).
Sauf que GMD va mal. Cet été, le groupe annonçait une chute du chiffre d'affaires d'Eurostyles Châteauroux, passé en un an de 30 à 25 millions d'euros. La fermeture en début 2024 de l'usine Renault à Flins (dans l'ouest parisien) "a pénalisé l'usine", explique Laurent Joly, délégué syndicat CGT Eurostyle Systems. "Nous assemblions des panneaux de portes pour la Clio il y a deux ans, pour la Nissan Micra et la Zoé en 2023... La production a chuté de 30%" à Châteauroux.
Du côté du bureau d'études, ce n'est pas beaucoup mieux. "Depuis 18 mois, Stellantis ne nous octroie plus de projets, et Renault ne nous affecte que des projets vraiment minimes", regrette-t-il. Forcément, "on a de grosses craintes pour l'activité en 2025".
Une filière automobile française "en déliquescence"
Évidemment, la situation n'est pas nouvelle pour la filière automobile française, "en déliquescence". Les employés de GMD à Châteauroux ont été témoins, en juin 2024, de la liquidation judiciaire de leurs voisins Impériales Wheels (ex-Alvance), autre sous-traitant automobile dans la tourmente pendant plusieurs années. Et, à en croire la Fiev, le syndicat professionnel des équipementiers automobiles, 70 000 emplois pourraient disparaître au sein de la filière en France d'ici à 2030.
Dans le même temps, "Stellantis et Renault créent des sites à l'international, et on les suit". GMD est passé ainsi de 4 700 emplois français en 2011 à 1 825 fin 2023, et 3 400 hors de France. "Depuis 2009, ils ont créé plus d'une dizaine de sites à l'international."
Le syndicaliste dénonce les délocalisations, au détriment des emplois en France :
C'est la base du capitalisme : engranger encore plus de profits. C'est toujours la même finalité.
Laurent Joly, délégué syndical CGT Eurostyle Systems
"On ne rappellera pas les bénéfices de Stellantis", qui s'élèvent à 18,6 milliards d'euros en 2023, raille-t-il. Soit une hausse de 11%.
C'est dans ce contexte très difficile que GMD devrait être repris. Deux offres ont été déposées, par le fonds Montyon du milliardaire Pierre-Édouard Stérin, et par le groupe chinois Sanarco. Les discussions sont les plus avancées avec le premier, qui n'a pas "dit grand-chose par rapport à la pérennité des sites et des emplois", regrette Laurent Joly.
Ce vendredi 8 novembre, l'intersyndicale du groupe GMD se retrouvera à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, pour "faire un point" et "parler de l'avenir". Car, au sein de l'entreprise, aucun salarié n'est dupe, et tous sont "inquiets pour leur emploi". Les syndicats envisagent donc déjà "ce qu'on va mettre en place pour mettre la pression sur Montyon". Et, "malheureusement, le seul moyen de se faire entendre, c'est de stopper les sites", prévient Laurent Joly.
Contactée par France 3, la direction du groupe GMD n'a pas souhaité s'exprimer, et ne communiquera pas avant d'avoir informé ses salariés de la suite des opérations liées au futur rachat.