A Pellevoisin, les commerces s'alignent le long de la rue principale. Une situation exceptionnelle pour une petite commune rurale de moins de 800 habitants … et une belle réussite qui s’explique par l’engagement de la mairie.
Rue Jean Giraudoux à Pellevoisin, il y a quelque chose qui saute tout de suite aux yeux aux passants d’un jour. Des commerces, des commerces ouverts, des commerces neufs, des commerces divers. Un bar-tabac-presse, une boucherie, une boulangerie, une pharmacie, une épicerie, un coiffeur… Le centre-bourg de cette commune de près de 800 habitants est animée par de multiples boutiques. Le spectacle est assez rassurant. Exit la caricature de la commune désertifiée, à Pellevoisin, les commerces tiennent la rue et l’activité.
Pour Gérard Saguet, le maire de la commune, avoir pu conserver ces commerces est une réelle fierté et un travail sur le long terme.
Au début, la mairie sauva l’épicerie
Tout commence en 2010 avec l’épicerie. A l’époque, le maire actuel n’est qu’adjoint au maire de Claude Roux (2008-2014). Il apprend que le bâtiment va être saisi et donc mis aux enchères. Sauf qu’il est impossible pour la commune de perdre son épicier et le service rendu aux habitants par l’épicerie. Il monte le dossier pour racheter le local et le rénover. Sauf qu’entre le vote du projet par le conseil municipal et le début des travaux effectifs, il se passe trois ans. En 2013 et après 240 000 euros de travaux, le projet est terminé. L’épicerie n’aura jamais fermé pendant les travaux pour ne pas pénaliser les clients et le gérant. « Ce dossier m’a mis le pied à l’étrier. Après je me suis engagé pleinement pour la commune », répète l’édile. Car ensuite, c’est au tour de la boulangerie de connaître des hauts et des bas…
« Ne pas laisser la commune sans pains »
En juin 2013, la boulangerie de la commune fait faillite. En même temps, un couple de boulanger limougeaud semble intéressé par la reprise.
Aubaine pour la commune car, sans porteur de projet, impossible de recevoir des subventions de la préfecture, du département ou de la région.
Installés en 2017, Romane et Mickaël Amy sont les actuels boulangers de Pellevoisin. « Nous avons été très bien accueilli. Au début, nous avions peur que les habitants ne nous fassent pas confiance », explique Mickaël Amy. Depuis, les craintes sont bien oubliées. La petite affaire réalise un chiffre d’affaire au-delà de ce que le couple avait pu anticiper dans leurs prévisions les plus idéales. « Il faut voir aussi que la commune nous fait bénéficier de loyers très bas, 250 euros par mois pour la boulangerie et 250 euros pour le logement au-dessus », précise Mickaël.« Ils venaient tous les mardis, leur seul jour de repos dans la semaine, pour suivre l’avancée du projet à Pellevoisin. »
Le petit dernier, c’est le boucher
A un numéro de la boulangerie, la boucherie à la devanture rouge est fermée cette semaine. Pendant les vacances, le boucher en profite pour faire des travaux sur le laboratoire… Jérôme Mezhoud, le nouveau boucher, a repris la boutique de Guy Marteau, aujourd’hui retraité, en juillet 2018. C’est le dernier commerçant à s’être installé rue Jean Giraudoux à Pellevoisin. Et là aussi grâce à l’aide de la mairie et de quelques subventions.
Bar cherche repreneur
Depuis 35 ans, le bar-tabac Le Coudray marque l’entrée du bourg. Les époux Robichon aimeraient bien partir à la retraite. Ils avaient pourtant tenté en 2018. Mais faute de repreneur, c’est madame Robichon qui est devenue gérante. Pour le moment, le couple ne cherche pas officiellement un repreneur. Impossible à cause du contrat de gérance des débits de tabac qui engage le nouveau gérant sur trois ans… François Robichon est un peu désabusé : « Je mettrai le bar en vente en janvier 2021. On se donne six mois. Mais si l’affaire ne part pas. On transformera tout ça en appartements ! »
Pour sa femme, le bar reste une bonne affaire. Il est placé sur la route reliant les deux plus grandes communes du canton Buzançais et Ecueillé. Il y a du passage aussi grâce à l 'attractivité du Zoo de Beauval. Et puis, en plus du tabac, du bar et de la presse, d’autres activités devraient revenir aux buralistes prochainement.
Le couple sait aussi que les divers commerces maintenus dans la rue peuvent aussi rassurer un futur repreneur. Car sans Le Coudray, les riverains n’auront plus le journal livré le matin à 8 heures. Il faudra sûrement attendre la tournée du facteur à 16 heures. Et un service disparaîtra de la commune alors que commerçants comme élus se sont efforcés de maintenir toutes ces activités.« Bientôt, les citoyens pourront payer leurs impôts et leurs taxes chez nous. Comme on est pleine zone blanche, internet n’est pas accessible à tous ici, l’Etat nous donne ce genre de nouvelles activités. »
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Notre journaliste s'est rendue pendant 4 jours dans l'Indre. À la suite de ce séjour, différents sujets de proximités ont été réalisés. Pour les découvrir, cliquez sur les flèches ci-dessous.Commune cherche médecin désespérément
Depuis 2012, date d’ouverture de la maison de santé, la commune cherche toujours un médecin. Si il y a eu pas mal d’essais, ils n’ont jamais abouti à une présence sur le long terme d’un professionnel. « On avait recruté un médecin roumain, mais il a été débauché par la commune de Châtillon-sur-Indre. On a eu un médecin de l’hôpital de Châteauroux, mais il n’a pas pu venir au dernier moment… » explique lassé le maire Gérard Sauget.Après tant d'échec, le maire a eu une idée. Il voudrait recruter un médecin salarié par la commune et non plus un médecin libéral. Le projet encore en discussion se fera en association avec Buzançais et Saint-Genoux. Buzançais souhaiterait recruter trois ou quatre médecins salariés dans leur centre de santé dont un serait à mi-temps partagé entre Saint-Genoux et Pellevoisin. Le salaire de ces professionnels serait répartis entre les trois villages au prorata de la présence du médecin sur ces communes. Un projet de la dernière chance pour Pellevoisin. Malgré la présence d’un médecin libéral sur la commune, la demande en soin est toujours très forte en ruralité.
Aujourd’hui, la maison de santé accueille un kinésithérapeute, deux infirmiers et une professionnelle du bien-être en somatothérapie. Le maire a lancé le recrutement d’un orthophoniste en partenariat avec l’ITEP Moissons Nouvelles. Le professionnel partagerait son temps entre l’association et la maison de santé. Mais Monsieur le maire n’est pas serein : « L’année dernière, j’ai écris à toutes les écoles d’orthophonistes de France, je n’ai pas eu une réponse en retour. »