Depuis plusieurs jours, la Bouzanne est à sec, et n'alimente plus le plan d'eau de Neuvy-Saint-Sépulchre. Sans oxygène, avec moins d'eau, les poissons se sont retrouvés asphyxiés, et sont morts par centaines.
Le spectacle est aussi saisissant que l'odeur putride aux abords de l'étang de Neuvy-Saint-Sépulchre, dans l'Indre. À sa surface, des carcasses de dizaines et de dizaines de poissons flottent, ventres vers le ciel. Depuis vendredi, les habitants ichtyens du plan d'eau meurent les uns après les autres, qu'ils soient carpes, gardons ou silures, comme l'expliquait dimanche La Nouvelle République.
Depuis, la curiosité aidant, quelques personnes sont venues constater l'étendue des dégâts par eux-mêmes. "C'est désolant, c'est la première fois que je vois ça, et ce sera sans doute comme ça dans les années à venir", redoute une passante. "C'est désespérant, et on n'a pas la solution, elle doit venir du ciel", constate un habitué des lieux, se languissant d'un peu de pluie. Pour lui, la situation se répétera "tant qu'on aura des sécheresses comme ça".
Erreurs de conception
Car l'été particulièrement sec que connaît la France semble être le responsable de la catastrophe. Depuis déjà plusieurs jours, plus une goutte n'a atteint le plan d'eau depuis la Bouzanne, ruisseau actuellement asséché qui l'alimente en temps normal. Résultat, le niveau de l'eau est réduit à peau de chagrin, et les bancs de vase fleurent de plus en plus près de la surface.
Chaleur et sécheresse provoquent l'évaporation de l'eau du plan, qui se réchauffe pendant que son niveau baisse. Résultat : plus d'oxygène dans l'eau. "Du coup, on a une cyanobactérie qui s'est développée et a asphyxié les poissons", explique Jean-Marc Piget. Conseiller municipal, il possède aussi la multi-casquettes de président du club de pêche de Neuvy, et de vice-président de l'AAPPMA d'Aigurande, association qui gère le plan d'eau.
Affirmant avoir eu "les larmes aux yeux" en découvrant le spectacle, il affirme qu'une réhabilitation du plan d'eau est en projet à la mairie, "mais je ne peux pas en dire plus". Il suggère que des erreurs d'étude ont été réalisées lors de la première mise en eau de l'étang, il y a près de 40 ans. Résultat : un envasement excessif, et aucun curage récent pour remédier au problème. "Il n'y a plus du tout assez d'eau pour les poissons avec toute cette vase", regrette Jean-Philippe Cinçon, qui vient pêcher régulièrement à l'étang.
Deuxième fois, probablement pas la dernière
"Ça fait mal au cœur", concède Quentin Dehecq, employé municipal de Neuvy. Comme ses collègues, il a participé au ballet aquatique morbide mais nécessaire qui s'est joué toute la journée de ce lundi 8 août sur la scène du plan d'eau. À deux sur une barque, emmitouflés dans une combinaison blanche et armés d'une pelle et d'un râteau, ils ramènent les carcasses des poissons sur la berge, avant que l'étang ne se transforme en charnier.
Avec le réchauffement climatique, tous s'attendent à devoir faire face à de nouveaux épisodes similaires. Un premier avait déjà eu lieu en 2019, mais avec moins de poissons morts, la Bouzanne n'étant restée à sec qu'une semaine. Cette fois-ci, aucun retour de l'eau n'est prévu dans les prochains jours.