Les sécheresses à répétition ne sont pas sans effet sur le bâti. Dans le village d’Aize dans l’Indre, une soixantaine de maisons sont fissurées, et depuis 2018, les habitants se battent pour avoir une reconnaissance de catastrophe naturelle sans succès.
C’est le projet d’une vie qui tombe en ruine. Après la sécheresse de l'été 2017, la maison d'Isabelle Le Breton a commencé à se fissurer. "Je vais vous montrer mes fissures qui datent de 2018, et qui se sont aggravées en 2022", explique-t-elle. Joignant le geste à la parole, elle passe la main dans une brèche béante du mur, fendu jusqu'à la couche d'isolation, devenue inutile.
Les fenêtres, les murs, et même la dépendance du logement sont touchés, laissant s'infiltrer la pluie et le froid. Cette ancienne maison rénovée dans les années 60 a vu défiler les années, mais pourrait bien ne pas voir la fin de la décennie.
100 000 euros de travaux
"On est sur des sols calcaires, et avec la sécheresse, les sols se rétractent et donc les fondations des maisons bougent", explique la propriétaire. "Lorsqu’il pleut beaucoup les sols regonflent et les maisons bougent à nouveau, ça entraine les fissures." Depuis 2018, Isabelle espère que l’état de catastrophe naturelle soit reconnue par l’Etat, afin que son assurance engage des travaux estimés à plus de 100 000 euros. Mais sans succès.
"Il n'y a pas d'avenir dans cette maison", se désole Isabelle Le Breton. "Si rien n'est fait je serai obligée de partir, c'est sûr." Proche de la retraite, elle explique avoir travaillé toute sa vie pour avoir un toit, et maintenant : "dans peut-être un ou deux ans, je serai SDF."
Une soixantaine de logements touchés
Sur les 115 habitants du village d'Aize, dans l'Indre, une soixantaine vit la même situation. Autour d'eux, la plupart des autres communes ont obtenu l'état de catastrophe naturelle. Mais le ministère de l'Intérieur estime qu'Aize ne remplit par les critères nécessaires, dont notamment des relevés météorologiques sur 25 ans. Or, la commune ne possède ces données que sur les 17 dernières années.
Devant cette situation ahurissante, Michel Chevallet, le maire de la commune, n'en revient pas. "C'est une catastrophe", déplore-t-il. "Vous regardez la terre, elle s'élargit de la sécheresse. Vous voyez des crevasses pareilles ?" En mars, l'État a de nouveau fait appel de la décision du tribunal administratif de Limoges lui ordonnant de réexaminer la situation de la commune. Pour les habitants, une nouvelle année de procédure commence. Et pendant ce temps, les maisons trinquent.