Avant de s'engager avec l'armée française, François Aubry, né dans le Cher, à Henrichemont avait été directeur de la mine de Huaron et y avait fondé un village.
Il est un des dix millions de soldats morts pendant la Grande Guerre, mais le lieutenant français François Aubry, tombé au combat en 1914, est le seul honoré à 4.700 mètres d'altitude dans la Cordillère des Andes.
Tout commence il y a environ un an, lorsque des officiers du 1er régiment d'artillerie, le plus vieux régiment de l'armée de terre française, découvrent dans leurs archives une vieille photo montrant un monument érigé au Pérou en l'honneur d'un jeune lieutenant français tué dans une tranchée le jour de Noël 1914.
Afin de retracer son parcours et tenter d'identifier la localisation précise du monument, ils contactent des descendants du militaire, et font appel aux autorités péruviennes, ainsi qu'à l'attachée de défense pour le Pérou et la Bolivie, la colonel Françoise Ribier.
La première vie de François Aubry
Avant son engagement dans la Première Guerre mondiale, le jeune militaire, né le 9 mai 1879 à Henrichemont, dans le département du Cher, dirigeait la mine de Huaron, à 300km de la capitale, Lima.
Diplômé de l'Ecole Centrale à Paris en 1902, il était aussi devenu sous-lieutenant de réserve après son service militaire. Envoyé au Pérou en 1912 par une entreprise française pour évaluer le gisement de cuivre et d'argent de la mine de Huaron, il en était devenu le premier directeur.
Sur place, il avait fondé un village minier, démantelé en 1990 et qui a compté jusqu'à 2.000 habitants, se souvient Ruben Peinado, de 50 ans, né dans la localité alors que ses parents travaillaient pour la mine française.
Un petit obélisque blanc
Au déclenchement de la Première guerre mondiale, François Aubry est mobilisé en tant qu'officier de réserve. Le 16 septembre 1914, il est affecté au 1er régiment d'artillerie. Il meurt deux mois plus tard, en forêt d'Apremont à Saint-Mihiel, dans la Meuse, à l'âge de 35 ans.
Il avait laissé au Pérou sa femme Marie-Louise, épousée en 1911, et son fils Claude, né à Lima le 14 septembre 1914, qu'il n'a jamais connu. Pour saluer la mémoire de l'ingénieur, en 1915, des travailleurs de la mine avait érigé un monument, un petit obélisque blanc, récemment restauré et qui ont mis les militaires français sur la trace de leur camarade.
Cent ans plus tard, "la France reconnaissante"
La cérémonie d'hommage s'est déroulée sur la petite place de l'ancien village minier, en présence des soldats français, mais aussi d'autorités locales et de nombreux habitants, dont d'anciens mineurs et une cinquantaine d'enfants vêtus de tenues andines traditionnelles. 300 personnes, en tout, étaient présentes.
Une fanfare militaire locale a interprété La Marseillaise et l'hymne national péruvien, avant une minute de silence. Des gerbes ont été déposées devant le petit monument orné d'une plaque commémorative. "Au nom de la France reconnaissante, je salue le lieutenant Aubry", a déclaré dans son discours l'attachée de défense Françoise Ribier.
Fait rare, la délégation de huit militaires du 1er régiment d'artillerie, emmenée par son commandant, le colonel Alexandre Lesueur, a fait le voyage jusqu'au Pérou avec l'étendard du régiment, créé en 1671 par le roi Louis XIV, et dans lequel avait servi Napoléon Bonaparte de 1785 à 1791, lorsqu'il était lieutenant d'artillerie.
François Aubry est décoré de la Légion d'honneur à titre posthume.