Lettre des avocats à la garde des sceaux

Une étude sur les difficultés des avocats
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© Nathanaël Lemaire France Télévision
Vice-président de la conférence des bâtonniers de France, Philippe Baron, avocat tourangeau explique : "Avec leur statut de libéraux, pour les aides, les avocats passent à côté de tout. Pas le droit aux aides particulières pour les enfants malades au début de la crise, il a fallu que l'on se batte pour arriver à les débloquer. Pas le droit non plus au chômage partiel puisque en activité libérale, mais par contre les cabinets qui ont des collaborateurs devaient continuer à honorer les contrats en les payant normalement. Seuls ceux qui pouvaient se mettre en télétravail ont réussi à maintenir un peu d'activité avec tout de même une difficulté essentielle pour nous : les juridictions ont énormément réduit leur activité ou fermé leurs portes. Nous sommes payés à l'acte, à la plaidoierie, à la procédure, à l'accueil des clients ou aux dossiers que l'on engage, mais là, on a rien pu faire pendant 2 mois sans être officiellement fermés administrativement. Du coup, on n'a pas le droit aux aides prévues pour fermeture administrative. Les cabinets qui n'avaient pas de stock d'affaires, de trésorerie, sont en très grande souffrance".
Avec le déconfinement, l'activité reprend doucement avec des juridictions pénales qui redémarrent avec peu d'effectifs. À Tours, sur 120 personnes qui travaillent au palais de justice, il y a juste un tiers qui semble en mesure de reprendre l'activité. Au tribunal des prud'hommes de Tours, les audiences de conciliation et les référés reprennent cette semaine.
Document unique spécial Covid-19
Philippe Baron est avocat associé du cabinet 2 BMP installé à Tours. Cinq avocats associés, cinq collaborateurs et cinq secrétaires composent ce cabinet et pendant la crise du confinement, chaque jour, une secrétaire et un associé étaient présents dans les locaux pour assurer la mise à disposition nécessaire au télétravail de tous les autres.
Gel et plexiglass
Passionné d'informatique, Philippe Baron a passé deux jours à mettre tous les postes à jour pour le départ en télétravail. Un dispositif à distance qui n'a pas empêché une baisse du chiffre d'affaires "sur les deux mois du confinement, j'ai une baisse de 30 % de notre chiffre d'affaires". Ce 11 mai 2020, date du déconfinement, certains collaborateurs ont souhaité rester en télétravail, d'autres ont souhaité revenir dans l'entreprise avec toutes les mesures de précaution. "On avait déjà un sas à l'entrée, un plexiglass à l'accueil, du gel hydro-alcoolique, des gants et une boite aux lettres temporisée, c'est à dire, que l'on attend 48 heures pour manipuler les courriers et on fait le plus possible de la visioconférence. Salle d'attente, cafétéria, fontaine à eau et toilettes ne sont plus accessibles aux visiteurs. Tout cela est consigné dans l'annexe du document unique spécial Covid-19. On est prêts à désinfecter le moindre stylo" détaille Philippe Baron.

Boites aux lettres de déconfinement spécial papier