Après notre article sur l’alerte du collectif « Pas d’enfants à la rue » à Blois qui tirait la sonnette d’alarme concernant les 76 enfants et 39 mères isolées sommées de quitter leur hébergement d’urgence, le Conseil Départemental du Loir-et-Cher réagit.
À la demande du Conseil Départemental du Loir-et-Cher, plusieurs mères isolées et leurs enfants sont sommé de quitter leur logement d’urgence au 31 mars. Une situation que dénonce le collectif "Pas d’enfant à la rue" qui a prévu de manifester le 26 mars.
"Les familles ne remplissent plus les conditions prévues par la loi"
Dans un communiqué de presse délivré ce dimanche 24 mars, le Conseil Départemental du Loir-et-Cher précise que certaines familles ne remplissent plus les conditions prévues par la loi pour que le département prenne en charge leurs frais d’hôtel. Ces fins de prises en charge sont justifiées par :
Le niveau de ressources désormais suffisant de certaines mères ne les rendant plus éligibles aux critères de la loi et leur permettant de relever désormais d’un accompagnement social de droit commun au même titre que tout autre citoyen loir-et-chérien.
Conseil départemental de Loir-et-Cher
Le Conseil Département se dit d’ailleurs satisfait de voir que certaines situations individuelles évoluent favorablement. Deux autres critères ont permis au Conseil Départemental de mettre fin à l’hébergement d’urgence de ces familles, estimant que certains dossiers révèlent des compétences de l’Office Français de l’immigration et de l’intégration (OFII), "notamment au titre des demandes de droit d’asile. La collectivité n’est pas compétente dès lors que la situation d’une mère avec un enfant de moins de trois ans relève d’une prise en charge incombant à une autre administration". Le Conseil Départemental souligne enfin que le critère d’isolement "n’est plus constaté pour certaines des mères concernées".
Bientôt de meilleures conditions d'hébergement, mais pas pour ces familles
Florence Doucet, vice-présidente chargée de la solidarité liée à l’action sociale, à la famille et à la protection de l’enfance tient à préciser que "l’accompagnement médical et paramédical assuré par le conseil départemental au travers de la protection maternelle et infantile se poursuivra auprès de ces mères". Pour les mères relevant toujours du dispositif, Florence Doucet ajoute :
Elles seront bientôt accueillies avec leurs enfants dans de meilleures conditions d’hébergement au sein de la résidence Rocheron, à Blois, animée par l’association ASLD. Et courant 2025, elles seront accueillies dans la nouvelle résidence intergénérationnelle Lumière à Blois, en cours d’aménagement.
Florence Doucet
Un projet qui représente 1,4M € d’investissement pour le département. Si le Conseil Départemental avait assuré la semaine dernière vouloir étudier individuellement chaque situation pour ne laisser personne sans solution, rien ne plus n’est indiqué dans ce communiqué de presse pour comprendre précisément le sort qui sera réservé à ces mères et ces enfants, le 1ᵉʳ avril prochain.
Plus d’une centaine d’enfants bientôt à la rue ?
Des engagements qui restent insuffisants pour Julien Colin, membre du collectif « Pas d’enfants à la rue » créé en octobre dernier à Blois. "Ce qui est très étonnant, c’est que le Conseil Départemental communique sur le fait que ces enfants et mères isolées soient à la rue et qu’aucun tuilage ne soit mis en place avec la Préfecture…". Il ajoute : "Que les familles ne soient plus éligibles pour rester à l’hôtel, soit. Même si nous aurions à redire sur les critères du département, notamment sur le critère d’isolement qui est remis en question pour plusieurs mères isolées. Mais je ne vois pas un seul instant le département mettre plus d’une centaine d’enfants à la rue ! Car 76, c’est le chiffre à minima dont nous sommes sûrs, mais nous savons aussi qu’il y en a plus". Le collectif précise n’avoir jamais été reçu par le Président du Conseil Départemental du Loir-et-Cher, malgré leurs sollicitations.
Pour se faire entendre, le collectif « Pas d’enfants à la rue » maintient un rassemblement le 26 mars à 17h30 devant la préfecture et l’Hôtel du département du Loir-et-Cher. "On a déjà adressé une lettre ouverte au Conseil Départemental, on va appeler mardi à la dignité des conseillers départementaux pour qu’ils se réveillent et disent non".