Quelques jours après s’être offert sa première médaille internationale, la Blésoise Noélie Yarigo, peine toujours à réaliser son exploit. La récompense d'un parcours long et sinueux.
Des cris et des larmes de joie. C’est l’image d’un bonheur intense qui a duré de longues secondes dimanche soir dernier sur la piste bicolore de l’Emirates Arena de Glasgow (Écosse). Ce bonheur, c’est celui de Noélie Yarigo. Allongée sur la piste, à quelques mètres de la ligne d’arrivée, la franco-béninoise et pensionnaire de l’AJBO (Association de la jeunesse blésoise et onzainoise) ne réalise pas encore sa performance. Elle vient de finir à la 3e place du 800 mètres des championnats du monde en salle d’athlétisme. Une course tactique, terminée derrière l’éthiopienne Tsige Duguma (1ère) et la britannique Jemma Reekie (2ème).
Première médaille internationale
L’émotion est à la hauteur de la signification de cette médaille de bronze. La première sur la scène mondiale. "Je ne réalisais pas. Dans ma tête c'était flou. Je me demandais où j'étais. L'impression que j'étais comme dans un film" confie t-elle.
Cette médaille représente des années de travail mais aussi d'échecs. Car Noélie Yarigo court après cette distinction internationale depuis presque toujours. Licenciée dans le Loir-et-Cher depuis ses débuts, elle participe à ses premières compétitions de haut niveau en 2005. Elle mène sa quête vers les sommets depuis Blois (Loir-et-Cher). Pendant dix ans avec le maillot du club Running 41 puis sous les couleurs de l’AJBO depuis l’an dernier.
La recherche du succès est longtemps passée par des places d’honneur. Dans des compétitions continentales comme les championnats d’Afrique (7e en 2018) et les Jeux africains (7e en 2019). Elle fera un podium aux Jeux de la Francophonie (2e en 2017).
Mais à l’échelle mondiale les résultats peinent à venir. A l’inverse, les désillusions et les éliminations en demi-finales de championnats majeurs s’enchaînent : 10e aux mondiaux de Doha (2019), 13e puis 7e aux Jeux Olympiques de Rio (2016) et de Tokyo (2021).
Le temps passe et l’âge augmente. Sur les réseaux sociaux, des dizaines de messages d'anonymes le lui rapelle : "Ils me disaient tu es trop vieille passe à autre chose." Mais Noelie qui se définit comme une "guerrière" prend les échecs et les insultes comme une force. Rien n'entame le moral de la blésoise. Au contraire. L’hiver dernier, à 37 ans, ses performances s'envolent. La spécialiste du double tour de piste réalise la meilleure saison de sa carrière. Elle s’empare du record de France en salle du 800m à Val-de-Rueil, en 1’58’’48 puis récidive quelques mois plus tard en extérieur en établissant cette fois un nouveau record du Bénin (1’58’’65).
"Il m'a offert une nouvelle vie. Il m'a permis de rêver à nouveau."
Noélie Yarigo médaillée de bronze aux championnats du monde d'athlétisme sur 800 mètres.
Une carrière qui connait un innatendu coup d’accélérateur. Noélie Yarigo le doit à son entraîneur depuis 2022, Valentin Anghel. Ce dernier effectue des ajustements clés. Le programme d’entraînement est modifié, « plus méthodique et méticuleux » explique ce dernier. L'entraîneur, diplômé en psychologie insiste également sur l’aspect mental qu'il juge aujourd’hui comme un élément fondamental dans la réussite d’un athlète. "Il a réussit à débloquer quelque chose dans ma tête" précise la nouvelle médaillée de bronze. "Il a toujours cru en moi, dès le début" poursuit-elle.
Son état de forme la poursuit jusqu’à ces mondiaux de Glasgow. Le cap des demi-finales est enfin passé pour la franco-béninoise arrivée deuxième. Le verrou sauté, tout est alors possible. Son entraineur y croit plus que tout. Il offre à Noélie après la demie-finale un bouquet de roses, elle qui adore les fleurs et lui promet de lui offrir de nouveau en cas de podium. Vous connaissez la suite...
Le message est en effet bien passé et cette fois, le scénario n’a pas déçu. À 38 ans, 20 ans après ses débuts, Noélie Yarigo termine pour la première fois de sa carrière sur un podium mondial.
Ce championnat restera à jamais gravé. Pour elle, mais aussi pour son pays de naissance, le Bénin qu’elle représente et pour qui c’est la première médaille de son histoire. La récompense d’une longévité sur les pistes d’athlétisme exceptionnelle.
2024, année de la consécration, cela tombe bien la saison est olympique…L’émotion à peine passée, Noélie Yarigo et son entraîneur ont pris la direction de la Turquie pour un stage de récupération. Il sera temps ensuite de se projeter sur les Jeux olympiques de Paris car désormais tous les rêves sont permis pour Noélie Yarigo.