Difficultés à digitaliser leurs produits, manque de visibilité, impossibilité d'exposer, ... : la crise sanitaire n'a pas épargné les artisans d'art. Une décoratrice florale d'Onzain, dans le Loir-et-Cher, revient sur cette année inédite.
"On est tellement désemparés, honnêtement on ne sait plus quoi faire de nos productions". Keltoum Dugas est installée depuis un an à Onzain, à une vingtaine de kilomètres de Blois. Dans cette commune du Loir-et-Cher, elle tient son atelier Danses avec les fleurs où elle propose des créations florales et végétale zéro déchet.
Face à l'annulation d'évènements phares, comme le salon des métiers d'art de Blois ou encore les journées européennes des métiers d'art (JEMA) du château de Chemery, les artisans d'art n'ont aucun moyen de montrer leurs créations et, par la même occasion, se faire une clientèle. Ils sont donc en quête de solutions pour "que les gens viennent à nouveau admirer notre travail".
Pour cette occasion nous organisons des portes ouvertes, découvrez la programmation
Publiée par Danses avec les fleurs sur Vendredi 26 mars 2021
Une digitalisation plus complexe comparée aux autres secteurs
Lors du premier confinement, Keltoum a souhaité mettre à profit ses différentes formations : horticulture, paysagisme, commerce et enfin un CAP fleuriste qu'elle a obtenu il y a cinq ans maintenant. Elle a rapidement proposé des plans potagers à ses clients. "J'ai été voir un horticulteur pour proposer ses plantes aromatiques à la vente en précommande dans un premier temps pour voir si ça trouvait son public. Au final, ça a été une réussite, puisqu'on livrait, gratuitement, toutes les semaines. Ca m'a permis de distribuer quelques cartes pour faire connaître mon vrai travail" se félicite-t-elle.
Livraisons ou encore click and collect : pour certains, c'était même l'occasion de créer leur propre site Internet. "On était noyés dans les plateformes gratuites alors qu'elle n'offre pas ce qu'il faut en matière de référencement". La digitalisation était d'autant plus compliquée que les articles proposés par les artisans sont souvent personnalisables, ce qui ne se prête pas vraiment à de la vente en ligne. "C'est quand on raconte notre histoire, notre travail et la façon dont on en est arrivé là aux clients que le coup de coeur se déclenche. C'est le côté humain des créateurs".
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— VDNValenciennes (@VDNValenciennes) February 27, 2021
"On doute de l'utilité de notre profession"
Avec l'arrivée des beaux jours, Keltoum Dugas aurait aimé donner la possibilté aux artisans d'exposer dans la cour de son atelier, qui était autrefois une école. La mairie était d'accord avec son projet mais la décoratrice florale devait se positionner comme organisatrice, ce qui implique des assurances à prendre en charge et une demande auprès de la préfecture. "Si la chambre des métiers n'a pas pu avoir un avis favorable, je ne voyais pas ce que je pouvais faire de plus".
Elle a cependant pu rattraper un peu de son chiffre d'affaire cet été, notamment grâce aux balades nocturnes d'Amboise. Pendant les fêtes, elle a seulement pu faire trois marchés de Noël sur l'ensemble de la saison.
Notre perspective de réouverture, nous, c'était le mois d'avril avec les journées européennes des métiers d'art. Et on en a été privées.
Si au printemps dernier, les élans de solidarité se multipliaient dans son milieu, elle a l'impression qu'aujourd'hui "chacun essaye de se battre de son côté, qu'on est seuls face à un destin incertain". La décoratrice florale, comme beaucoup de ses confrères, en arrive même parfois à douter de son art. "On doute de l'utilité de notre profession. A quoi ça sert de faire ça si personne ne vient nous voir ? J'arrive à créer et à rester créative, mais le temps semble long, quand est ce que les choses vont revenir à la normale ?". Une question que se posent aujourd'hui soixante-sept autres millions de français.