Fauconnière en Loir-et-Cher : Amandine Diot, la liberté au bout des ailes

Ancien loisir des rois, la fauconnerie attire désormais l'intérêt des touristes. À Montrichard, Amandine Diot est l'une des rares fauconnières professionnelles de la région.

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Par chance, malgré le froid, il n'y avait pas trop de vent en ce frais matin de novembre. Pas de pluie non plus sur la forêt domaniale de Montrichard, bien que le ciel soit gris. Tant mieux, les oiseaux n'aiment pas la pluie, ça non. Une fois garée au bord d'un chemin, à l'orée des bois, Amandine Diot sort du coffre de sa voiture une sacoche pesante et un gant de cuir rugueux. La fauconnière, qui travaille avec les oiseaux depuis près de vingt ans, fabrique elle-même presque tout son équipement.

 

"Toute petite, je commençais déjà à observer les oiseaux"

Puis vient le tour des rapaces. Deux grande cages en bois attendent dans le coffre. Dans celle de droite brûlent deux petites pierres noires cerclées d'orange vif. Séraphine, un hibou petit-duc, miaule avec anxieté. A gauche, une chouette effraie attend en silence. Lancelot, c'est son nom, est un peu plus détendu que sa collègue, mais regimbe quand même un peu à grimper sur le gant de sa dresseuse lorsque celle-ci ouvre la grille.

Installée à son compte pour la première fois cette année, Amandine a toujours été fascinée par les volatiles. "Toute petite, je commençais déjà à les observer dans la nature", se souvient-elle. "J'ai beaucoup oeuvré au sein de la LPO [Ligue protectrice des oiseaux, NdR], j'y passais mes mercredis, mes week-ends, mes vacances." Jusqu'à en faire son métier. Un jour, à ses seize ans, Amandine visite une volerie, où elle finit par effectuer son premier stage, suivi d'un deuxième puis d'un job d'été. C'est pour elle l'entrée dans le monde des rapaces.
 
 

Grâcieux prédateur

Pressé de prendre un peu de distance, Lancelot quitte le gant de la fauconnière et va se percher sur la branche dénudée d'un jeune chêne, trois mètres plus haut. Entre le ciel cotonneux et les colonnes d'écorce, son plumage blanc et fauve le rend quasiment invisible. Il suffit de le quitter des yeux une seconde pour ne plus parvenir à le retrouver. Mais qu'on se retourne, et soudain il se matérialise sans bruit un peu plus loin, sur un perchoir lui offrant une meilleure vue.
 


Lorsqu'Amandine tend le bras, l'oiseau redescend s'y poser dans un silence parfait, et obtient en récompense un petit bout de poussin encore couvert de duvet. "Souvent ça dégoûte les gens." Pas le choix cependant, le système digestif délicat des chouettes n'accepterait pas de viande raffinée. En automne, une chouette comme Lancelot peut avaler quatre ou cinq souris par jour, "ou deux poussins et demi". Les chouettes ne sont pas des toutous.

 
 

Du monde de la chasse à celui du show-business

Inventée il y a des millénaires, la fauconnerie a longtemps été un moyen de subsistance pour les humains, avant de devenir un marqueur social chez la noblesse du Moyen-Âge. Aujourd'hui, le talent des fauconniers est surtout mis au service du monde du spectacle. Après cinq ans passés au Puy du Fou, Amandine s'envole en Angleterre, puis aux États-Unis où elle participe à divers spectacles, notamment à Dallas et à Disney World en Floride.

"A mon retour, en 2013, le zoo de Beauval cherchait quelqu'un pour préparer leur spectacle de rapaces", poursuit-elle. Amandine postule. La voilà adjointe en charge de la représentation des "Maîtres de l'air", au sein d'une équipe d'une quinzaine de personnes et de plusieurs dizaines d'oiseaux. Elle travaille au sein du zoo pendant six ans, une expérience très forte, avant de se détourner des feux de la rampe. "J'avais envie de revenir à quelque chose de plus humain, de plus direct avec les oiseaux et avec les gens."
 


Aujourd'hui, Amandine Diot se consacre à Mon Perroquet & Cie, son activité principale. Basée à Montrichard, elle propose des initiations à la fauconnerie pour tous les âges avec Lancelot et Séraphine, et se rend aussi auprès des maisons de retraites, des instituts médico-éducatifs et des écoles des environs dans le cadre de la médiation animale, en compagnie du perroquet qui donne son nom à l'entreprise. "Les gens, quand ils repartent sont heureux de deux choses. D'abord, le fait d'avoir passé du temps avec un rapace, un rapace nocturne en plus. Et en plus il y a le fait de se ressourcer en pleine nature." Une chouette expérience, en somme.
 

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Notre journaliste s'est rendu pendant 4 jours dans le Loir-et-Cher. À la suite de ce séjour, différents sujets de proximités ont été réalisés. Pour les découvrir, cliquez sur les flèches ci-dessous.

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