400 millions d’€ d’aide, "pas à la hauteur" : les réactions du monde agricole au lendemain de la visite d'Elisabeth Borne dans le Loiret

La visite d'Elisabeth Borne dans le Loiret a été l'occasion d'évoquer les aides destinées au secteur agricole pour surmonter la sécheresse, ainsi que les dispositifs techniques à mettre en place. Malgré le bon accueil qui leur a été réservé, ces mesures semblent encore bien timides face à l'ampleur de la crise.

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Élisabeth Borne était en campagne ce 26 mai, littéralement. La visite de la Première ministre dans le Loiret a été l'occasion non seulement d'afficher son soutien à des candidats de la majorité, mais surtout aux agriculteurs face à la sécheresse. La cheffe du gouvernement a annoncé l'ouverture dès le 30 mai prochain d'un guichet pour bénéficier d'une aide exceptionnelle de 400 millions d'euros, débloquée au début de la guerre en Ukraine, et l'activation "partout où ça se justifiera" du dispositif des calamités agricoles pour les fourrages.

Un coup de pouce pour les éleveurs

Les indemnisations après les dégâts de la sécheresse concernent particulièrement les éleveurs, qui voient exploser le prix des fourrages. Bruno Verkest, éleveur laitier à Châtillon-sur-Loire, consomme "90 tonnes par an" de soja comme complément à la ration de ses vaches.

Ses tarifs pourraient, sur l'année 2022 "subir une augmentation de plus de 15 000 euros à l'année", et il ne s'agit, précise-t-il que d'un poste de dépense parmi d'autres. Or, l'enveloppe du gouvernement ne lui permettrait que de percevoir "potentiellement 2000 à 3000 euros". "Ça va venir nous aider un petit peu, mais ce n'est pas à la hauteur."

L'irrigation, le nerf de la guerre

Outre les aides pour les éleveurs, la question s'est posée de trouver des solutions techniques à cette sécheresse. Dans l'exploitation de Valentin Caron, à Sandillon, qui a été retenue pour cette visite, impossible de maintenir la production en pleine sécheresse sans un arrosage important. "La majorité des écologistes de nos campagne comprennent que, si on arrose, c'est pour que les rayons des magasins soient pleins l'année prochaine", estime le jeune agriculteur.

Impossible en effet dans ces exploitations de tenir les objectifs de souveraineté alimentaire sans arrosage. "Les agriculteurs qui n'ont pas la chance d'avoir l'irrigation pour protéger les récoltes et les cultures et souffrent de ce phénomène", déplore Sébastien Mery, membre du bureau de la FDSEA 45. "Ces cultures ne répondront pas à l'objectif de souveraineté alimentaire et de production."

Décidé à "accompagner la transformation de nos filières agricoles", le gouvernement a pour sa part alloué 40 millions d'euros pour permettre aux exploitants de s'équiper en matériel de protection et d'irrigation.

Un modèle d'agriculture trop gourmand ?

L'agriculture prélève 4 milliards de mètres cubes par an selon le ministère de l'Agriculture, soit un peu moins de 10% des prélèvements d'eau en France. Mais une grande partie de cette eau est consommée au cours des trois mois d'été, où les impacts peuvent être importants. D'où l'idée, avancée par des agriculteurs et soutenue par le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, de créer des bassins de rétention afin de conserver les "pluies erratiques" et excessives, sans pomper dans les nappes phréatiques.

Dans le cadre du dérèglement climatique, on voit bien qu'on a des périodes d'excès d'eau et de manque d'eau. Cette ressource disponible en excès et qui n'alimente pas les nappes, car elle ruisselle et s'écoule directement des les rivières et les fleuves, il faut la rendre disponible sous la forme de stockage

Sébastien Méry, FNSEA 45

Mais les propositions avancées par le gouvernement ne font pas que des heureux. La Confédération paysanne, contrairement à la FNSEA, n'a pas été invitée au déplacement ministériel. "On souhaite juste être écoutés, et pour l'instant ça commence très mal" estime Laurent Beaubois, porte-parole du syndicat paysan en Centre-Val de Loire.

Au-delà des problématiques de la sécheresse, il insiste quant à lui sur la "transition du modèle agricole" hors d'un système "hyper dépendant des produits chimiques et des énergies fossiles". L'autonomie alimentaire française, affirme-t-il, n'est pas menacée, et "a beaucoup plus à craindre de la spéculation que de la sécheresse".

A la mi-mai, selon Marie Servière, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) dont le siège se trouve à Orléans, deux tiers des nappes de la région affichaient déjà des niveaux très faibles, ce qui n'augure rien de bon pour les mois d'été.

 

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