Au début du XXe siècle, 300 familles sillonnaient les routes de France pour se produire dans les villages. Des comédiens qui se déplaçaient avec leur théâtre en bois dans leurs caravanes. Le dernier témoignage de cette époque et de cette profession disparue se trouve au Musée du théâtre forain à Artenay.
Leur venue était toujours un grand moment pour les villageois. Les troupes de théâtre itinérant arrivaient dans les campagnes avec des dizaines de caravanes, pour s'installer plusieurs et semaines et donner chaque soir des représentations.
Le théâtre forain débute à la fin du XIXe siècle. Près de 300 familles parcourent la France entière en convoi de caravanes. A leur bord, tout le nécessaire pour jouer n'importe quel spectacle. De l'opérette, du Vaudeville, des marionnettes ou encore du mélodrame, il faut avoir plusieurs cordes à son arc pour faire revenir les habitants, chaque soir. En plus de leur répertoire et de leurs costumes, les comédiens emmènent avec eux leurs baraques. Des théâtres en bois, montés et démontés à chaque migration.
Voir le reportage complet consacré à ce musée (reportage : Malvina Raud, Philippe Tanger, Samuel Foucault et Gilles Engels) :
Un métier passionnant mais semé d'embûches
Au commencement, ces comédiens jouent dans des théâtres de foire, à côté de commerces dans les grandes villes. La comédie française entre en concurrence avec eux et n'accepte pas l'ombre que peuvent leur faire ces forains. Elle réussit à faire interdire ces représentations en plein air, les pièces devant être privilégiées pour les scènes en parquet du théâtre. Obligeant ainsi les troupes à partir sur les routes pour jouer sous des chapiteaux, et plus tard, sous des baraques.
Le théâtre itinérant vit ses plus belles années au début du XXe siècle. Mais le déclin de la profession commence à s'opérer à partir des années 40. De 300 familles au début du siècle, on passe à une petite cinquantaine quarante ans plus tard. Les comédiens se lassent et s'en vont, tout comme le public qui se tourne vers le cinéma et la télévision.
Le dernier témoignage de la profession
Ces compagnies, c'était avant tout des familles. Lorsqu'on naît comédien itinérant, on le reste toute sa vie. Dès le berceau et jusqu'au linceul, tout le monde participe à la vie de la troupe. Lydia Métais est une enfant de la balle. Elle descend de la famille Créteur-Cavalier, installée à Chevilly, à côté d'Artenay. Elle se souvient parfaitement de ses premiers rôles, et de sa vie sur les routes à bord de sa caravane, garée dans la cour du Musée.
Pour celle qui a vécu ce quotidien extraordinaire, avoir à Artenay un tel souvenir est un immense soulagement. Car ce Musée du théâtre forain est le seul qui existe en Europe. Les costumes et les décors, les seuls qui existent toujours en 2021. Seules les baraques n'ont pas résisté au temps, et n'existe plus désormais que sur les photos, en maquette, et dans la mémoire de ceux qui se souviennent de la glorieuse époque du théâtre forain.