Au lendemain de l'assassinat d'un professeur de français à Arras, les équipes enseignantes de France sont toujours sous le choc. Et appréhendent le retour en classe ce lundi 16 octobre, en attendant des consignes claires de l'Éducation nationale.
"Pour l'instant, on était dans l'assimilation de l'évènement. Maintenant, on est le jour d'après, on va commencer à réfléchir à ce qui va être fait." Au sein des équipes pédagogiques de France, le choc est toujours intense, au lendemain d'une attaque terroriste dans un lycée d'Arras.
Pour rappel, ce vendredi 13 octobre, un professeur de français est mort, poignardé par un homme de 20 ans, né en Russie et fiché S. Un autre professeur et un agent technique ont été grièvement blessés. Depuis, le niveau "urgence attentat" du plan Vigipirate a été déclenché dans tout le pays.
"Du mal à trouver le sommeil"
Au lendemain de l'attaque, c'est toujours "la tristesse, l'horreur, la sidération, l'effroi" qui priment, témoigne Mairon Chevalier, enseignante en école élémentaire et secrétaire départementale du syndicat des enseignants de l'UNSA dans le Loiret. Elle l'assure : "Bon nombre d'entre nous ont eu du mal à trouver le sommeil."
Pour elle, cet évènement reflète "l'arrivée de plus en plus forte des maux de la société sur les bancs de l'école".
Quand on attaque l'école, [...] c'est la République tout entière qu'on attaque.
Marion Chevalier, secrétaire départementale SE-UNSA 45
"Un professeur peut être assassiné pour ce qu'il est et ce qu'il fait, a de son côté réagi le syndicat FSU via communiqué. C'est dramatique et insoutenable. L'école est devenue une cible pour ce qu'elle représente : un lieu d'émancipation par les savoirs".
Comment en parler avec les élèves
Pour Stéphane Bolo-Lumbroso, secrétaire départemental du syndicat des personnels de direction de l'Éducation nationale UNSA dans le Loiret, c'est la même "sidération", le même "choc". Un sentiment qu'il va, malgré tout, falloir surmonter pour parler avec les élèves du drame, dès le retour en classe lundi. "Les élèves sont comme les adultes, ils sont meurtris, touchés, donc c'est important de leur en parler."
Dans le Loiret, "il y a déjà eu des minutes de silence dans certains établissements", assure Marion Chevalier. Selon elle, "certaines équipes éducatives ont voulu prendre les devants et en parler avec leurs élèves dès que possible". En cause : la diffusion de vidéos et photos du suspect, couteau à la main, sur les réseaux sociaux (TikTok, Snapchat et Twitter en tête) par des élèves de l'établissement d'Arras eux-mêmes.
Ce lundi devait se dérouler, dans tous les établissements de France, la commémoration de l'assassinat de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie, en 2020. À l'époque, la discussion avec les élèves avait été "un peu chaotique, pas simple à organiser", se souvient Stéphane Bolo-Lumbroso, qui attend "les nouvelles consignes de l'Éducation nationale" de pied ferme. Car, "quoi qu’on en dise, les adultes ont beau être des éducateurs, ils ne sont pas forcément prêts à en parler, chacun a sa propre sensibilité", plaide-t-il.
Pour l'instant, rien n'a encore été annoncé par le ministère quant au contenu des discussions à avoir dans les classes. Tout juste la possibilité de s'inspirer de ce que l'Éducation nationale mettait déjà à disposition pour les hommages à Samuel Paty. L'académie d'Orléans-Tours avait ainsi dressé une liste de ressources pour les professeurs. Des textes et vidéos pour aborder les questions de liberté d'expression, de laïcité, de symboles de la République...
Pour le moment, le ministre Gabriel Attal a seulement annoncé que les cours seront annulés dans les collèges et les lycées jusque 10h ce lundi, le créneau de 8 à 10h étant réservé à "un temps humain et pédagogique" pour les seules équipes éducatives.
Avec Jaël Galichet.