Grève dans le secteur social et médico-social : "Des enfants dorment sur des matelas par terre"

À l’appel des organisations syndicales CGT et SUD, les salariés du secteur médico-social et de la protection de l’enfance, ont défilé à Orléans. Les messages adressés au Conseil Départemental du Loiret dénoncent un manque de moyens et les conditions d’accueil des enfants placés.

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Environ 170 professionnels de la protection de l'enfance se sont retrouvés ce jeudi 4 avril. Ils sont partis depuis la Maison de l’Enfance à Orléans, en direction du Conseil départemental du Loiret. Ces professionnels s’occupent d’enfants et adolescents, dont la situation sociale nécessite une mesure de protection. Par exemple, suite à une décision judiciaire. Sur place, les manifestants dénoncent les lacunes dans la prise en charge et crient au manque de moyens. Dans la foule, une éducatrice spécialisée à la Maison de l’Enfance du Loiret, qui souhaite conserver son anonymat témoigne.

On manque de place ! Par exemple, nous avons 22 enfants au lieu de 8, sur un groupe. Il y a 8 lits. Mais la plupart sont soit sur des matelas au sol, soit dans une salle de jeux, sur d’autres matelas.

Educatrice spécialisée à la Maison de l'Enfance du Loiret

Un accompagnement loin d’être adapté, car en face les professionnels s’estiment en sous-effectif. Parmi les manifestants, Luc Boët, délégué syndical à la CGT déplore un manque d’attractivité de la profession.

Depuis l’an 2000, le SMIC a augmenté de 74% alors que la valeur du point dans notre secteur a augmenté à peine de 16%. Donc des salariés en début de carrière sont en dessous du SMIC.

Luc Boët, délégué syndical à la CGT

Et l'autre conséquence du manque de moyens humains et matériels, est l’absence de suivi adapté et personnalisé pour chaque enfant.

Arrivés devant le Conseil départemental du Loiret, qui gère la Maison de l’Enfance, les manifestants ont vu le président du Département, Marc Gaudet, venir à leur rencontre. Un face-à-face tendu. Si les syndicats Sud et la CGT ont pu évoquer leurs difficultés au micro devant Marc Gaudet, ce dernier n’a pu en faire autant. Des représentants de la CGT ont ensuite refusé de discuter de la situation en privé avec le président du département, évoquant un dialogue déjà dégradé. Seuls les représentants de SUD ont accepté.

Pourquoi la Maison de l’Enfance du Loiret se retrouve autant en difficulté ? Pourquoi des ordonnances de placement restent non exécutés ? Pour Marc Gaudet, cet établissement accueille des enfants qui n’ont pas leur place.

La pédopsychiatrie en France est moribonde. Nous accueillons des jeunes touchés par des troubles psychiatriques sévères, car on ne peut les accueillir ailleurs. Mais aussi des enfants avec des comportements judiciarisables, alors qu’ils devraient être sous la direction de la protection judiciaire de la jeunesse.

Marc Gaudet, Président du Conseil départemental du Loiret

Par ailleurs, le président du conseil départemental évoque aussi un problème sociétal, avec des comportements familiaux violents et une justice qui n'hésite plus à enlever davantage les enfants des familles dangereuses. Selon lui, l’institution que gère son département est dépassée, malgré les 150 places supplémentaires alloués.

À l’issue du rendez-vous avec les syndicats SUD, Marc Gaudet a annoncé un plus grand dialogue entre les agences départementales de solidarité et les travailleurs sociaux. Comment ? En cherchant au maximum, les tiers de confiance, comme confier ces enfants aux grands-parents ou à une famille cousine, en capacité d’accueil. L’objectif étant de réduire le nombre d’enfants qui entrent en Maison de l’Enfance. Pour le département, cet établissement doit rester un accueil d’urgence.

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