Selon plusieurs sources internes à La République en Marche, le ministre de l'Éducation nationale se chercherait une circonscription proche de Paris, et pourrait jeter son dévolu sur le Loiret lors des législatives des 12 et 19 juin prochains.
Nous sommes le 22 avril 2022, à seulement deux jours du second tour de la présidentielle. À ce stade de la campagne, les déplacements de ministres en région sont plutôt rares, risquant de ne trouver qu'un très faible écho médiatique. Cela n'a pourtant pas empêché le très impopulaire ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, de venir faire un petit tour dans le Loiret, département de villégiature prisé des ministres macronistes depuis 2017.
Le ministre a commencé sa visite par Montargis, histoire de distribuer quelques tracts et de s'afficher avec la candidate LREM malheureuse des législatives de 2017, Mélusine Harlé.
Pari hasardeux
Mais qu'est-ce qui a bien pu pousser le ministre à venir, à ce moment là, à Montargis ? Plusieurs sources bien informées au sein de La République En Marche dans le Loiret confient à France 3 que Jean-Michel Blanquer se chercherait une circonscription proche de Paris en vue des législatives, et que son dévolu pourrait très bien se jeter sur le Loiret, comme l'écrit La République du Centre.
Mais à y regarder de plus près, un parachutage dans le Montargois semble quelque peu hasardeux pour le ministre. La circonscription de Montargis a ainsi placé Marine Le Pen en tête au deuxième tour ce dimanche, et reste l'arrière base loirétaine des gilets jaunes. Un terrain a priori peu propice à un parachutage en règle d'un ministre de la macronie.
Jean-Michel Blanquer pourrait plutôt choisir de s'ancrer dans un territoire déjà contrôlé par LREM, à l'instar de la troisième circonscription des Yvelines, comme l'explique Libération. Quitte à énerver les marcheurs locaux, déjà bien implantés et qui voient d'un mauvais œil la tentative de passage en force du locataire de la rue de Grenelle.
"Circonscription dorée"
Dans le Loiret, trois circonscriptions sur six sont aux mains de la majorité : la sixième, qui semble réservée au Modem (et au député sortant Richard Ramos, pas encore officiellement candidat) ainsi que la première et la deuxième, constituant le nord-est et le sud-est de l'Orléanais. La deuxième, c'est celle de Caroline Janvier, que Jean-Michel Blanquer a justement rencontrée vendredi après son passage à Montargis. Les deux ont commencé par échanger avec des chefs d'entreprises loirétains à La Chapelle-Saint-Mesmin, avant de prendre la direction de l'usine Duralex. Des moments partagés sur Twitter par le ministre.
Ce dernier a en revanche évité de parler publiquement d'une autre étape de son escale dans le Loiret. Selon une source bien informée de la majorité dans le département, Jean-Michel Blanquer a déjeuné dans un restaurant d'Olivet en compagnie d'élus ayant parrainé Emmanuel Macron, ainsi qu'avec le maire de la ville, Matthieu Schlesinger, ex-LR et proche d'Édouard Philippe. Olivet se situe d'ailleurs dans la première circo du Loiret, une circonscription "dorée" selon un cadre LREM, quasiment "imperdable" pour la majorité, et qui constituerait un lieu d'atterrissage idéal pour le ministre. Sauf que la première circo du Loiret est actuellement sous la gouverne de Stéphanie Rist, députée LREM selon qui le parachutage de Blanquer n'est qu'"une rumeur".
Le son du silence
Chez les cadres officiels de la majorité en tout cas, on nie en bloc ou on botte en touche. Caroline Janvier et Matthieu Schlesinger affirment ainsi n'avoir pas du tout évoqué les législatives avec le ministre. Un parachutage dans le Loiret, "je n'y crois pas trop", souffle le maire d'Olivet, qui confirme au passage avoir participé au déjeuner avec Jean-Michel Blanquer vendredi.
De son côté, le référent LREM dans le 45, Nicolas Bertrand, assure n'avoir "aucun commentaire à faire puisque je n'ai aucune information à ce sujet", même s'il confirme avoir "entendu la rumeur circuler". Seule certitude selon lui : les premières informations concernant les investitures de la majorité tomberont "d'ici à la fin de semaine". Quant à une candidature Blanquer, Nicolas Bertrand doute d'être dans les petits papiers si l'information se concrétisait. "Vous pensez bien que, pour ce genre d'investiture, cela se joue au niveau du président de la République."