Présidentielle 2022. Fractures géographiques, report des votes Mélenchon, participation... les leçons du second tour en Centre-Val de Loire

Au lendemain du second tour de l'élection présidentielle, qui a promis un second mandat à Emmanuel Macron, le Centre-Val de Loire a voté majoritairement pour le candidat sortant. Néanmoins, ces bons chiffres sont à nuancer.

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Même affiche de second tour qu'il y a cinq ans, même résultat final, mais enseignements bien différents. Après une difficile campagne présidentielle, le candidat LREM à sa réélection, Emmanuel Macron, a été confirmé dans son siège de président de la République ce dimanche 25 avril, remportant 58,54% des voix. Face à lui, Marine Le Pen réalise un score inédit pour l'extrême-droite sous la cinquième République : 41,46% des suffrages exprimés.

En Centre-Val de Loire, Emmanuel Macron enregistre un moins bon score qu'au national, avec 56,44% des voix. Un recul de 7 points par rapport à 2017, soit un tout petit peu moins qu'à l'échelle du pays. Mais à y regarder de plus près, les résultats varient sensiblement selon les territoires. Petit tour d'horizon régional des fractures électorales.

1 - Les centres urbains votent Macron

Cette élection n'aura pas fait mentir les pronostics : Emmanuel Macron a remporté une (grande) majorité des suffrages dans les centres urbaines, les grandes villes et leurs agglomérations, mais aura peiné en ruralité. 

Ainsi, toutes les préfectures de département sont restées macronistes, le maximum étant atteint à Orléans (73,2%) et Tours (72,85%). C'est à Châteauroux que le président sortant fait sont moins bon scores dans un chef-lieu de département du Centre-Val de Loire, avec 62,4%.

Dans les banlieues, c'est la même chose. Qu'on y soit aisé ou d'héritage ouvrier, on a préféré Emmanuel Macron à Marine Le Pen. Le président élu récolte de très bons scores à Olivet (73,8%) ainsi qu'à Saint-Cyr-sur-Loire (73,36%) notamment, des villes faisant plutôt office de banlieues aisées (respectivement d'Orléans et de Tours).

Dans les banlieues moins aisées, la logique ressemble davantage à un barrage qu'à de l'adhésion. Le président remporte ainsi 68,17% à Saint-Pierre-des-Corps, 64,86% à Fleury-les-Aubrais ou encore 53,94% à Mainvilliers (près de Chartres). La différence majeure entre les banlieues aisées et les banlieues moins aisées : la participation. Elle était ainsi de 80,34% à Olivet, et de 64,86% à Mainvilliers. 

2 - Marine Le Pen a conquis la ruralité

Les suffrages ont consacré Emmanuel Macron, mais pas les communes. Marine Le Pen a ainsi gagné la bataille des localités, remportant les suffrages de la majorité des habitants de 18 156 communes du pays, contre 16 922 pour son rival. Pourquoi ? Parce que la candidate d'extrême-droite a conquis la ruralité, des communes moins peuplées mais plus nombreuses que les grandes villes ayant voté Macron.

Marine Le Pen a ainsi emporté dans son sillage le Perche, le Thymerais et une bonne partie de la Beauce, côté Eure-et-Loir, ainsi que le Pithiverais et le Gâtinais dans le Loiret. Le RN s'impose également dans une bonne partie de la Sologne et le long du Cher, et dans une majorité de la surface du Berry (sauf en ville bien-sûr). 

Du côté des circonscriptions législatives, plusieurs députés sortants pourraient avoir fort à faire face à un Rassemblement national conquérant. Marine Le Pen est ainsi en tête dans la 4e circonscription d'Eure-et-Loir, celle d'Olivier Marleix (UDI) au sud. La deuxième de Loir-et-Cher (en gros, la Sologne) a aussi plébiscité le RN. Le député sortant, Guillaume Peltier, était LR il y a 5 ans, mais est désormais... le porte-parole d'Eric Zemmour. À voir si l'alliance de l'extrême-droite se concrétisera.

C'est d'ailleurs en Sologne que l'on trouve les communes les plus peuplées ayant voté pour Marine Le Pen, notamment la commune nouvelle du Controis-en-Sologne (6 700 habitants, l'ancienne Contres et alentours), Salbris ainsi que Selles-sur-Cher. "C'est difficile à comprendre, sur la commune du Controis on a beaucoup d'emplois, une vie relativement paisible", analyse Jean-Luc Brault, le maire de la ville, qui évoque "la colère des habitants face aux gens du voyage". Selon lui, la stratégie pouvoir d'achat de Marine Le Pen a très bien fonctionné dans le Val de Cher, "qui avait plutôt une sensibilité de gauche mais qui a basculé" : "Les gens ont l'impressions que les élus ne les comprennent pas. Le long du Cher, il y a beaucoup de petits salaires, pour qui Macron est le président des banques, de l'argent."

La plus petite commune de la région, Saint-Céols et ses 13 habitants dans le Cher, a pourtant largement plébiscité Emmanuel Macron : 71,43% des... 25 votants. "Nous avons des résidences secondaires, ou de la famille qui est en région parisienne mais vote traditionnellement à Saint-Céols", note Cédric Fischer, le maire. Une population plutôt représentative des résultats urbains que des résultats ruraux, donc. "Je connais tout le monde, et ce sont des gens modérés, il n'y a ni désespoir, ni extrémisme", assure-t-il. 

3 - Les villes moyennes sur le fil

Entre les populations de Blois et du Controis-en-Sologne, plusieurs villes moyennes ont un vote moins différencié. Ainsi, dans plusieurs d'entre elles, Marine Le Pen était arrivé en tête au premier tour, et passe proche de la majorité au deuxième. C'est ainsi le cas à Vierzon, ville moyenne où le RN performe le mieux avec 48,01%. À Gien, Romorantin, Issoudun ou encore Sully-sur-Loire, Macron est bien en tête mais reste sous la barre des 55%. Pareil à Saint-Amand-Montrond, où Emmanuel Macron avait déjà pris la première place il y a deux semaines, mais talonné par Marine Le Pen. Dans cette ville, la candidate d'extrême-droite améliore de 10 points son score de 2017. Et dans toutes ces communes, l'abstention est plus élevée qu'au national : entre 30 et 35%.

Pour le maire PCF de Vierzon, Nicolas Sansu, le résultat dans sa commune "n'est pas une surprise" : "Les gens ne votent pas seulement pas préférence partisane, mais en fonction de leur catégorie socio-professionnelle", note-t-il. Or, "on est une ville pauvre, avec des retraités et des actifs pas extrêmement riches". En somme, à Vierzon, ceux qui ont voté RN ne sont "pas tous des fachos", mais "des fâchés, oui !"

4 - Où sont passées les voix de Mélenchon ?

Au premier tour, Jean-Luc Mélenchon était passé à un cheveu de prendre la tête à Tours, et s'était placé en pole position à Blois. Dans d'autres communes, composées de banlieues déshéritées, le candidat de la France insoumise avait surperformé : 45% à Dreux et Vernouillet, 39% à Saint-Pierre-des-Corps, 32% à Châlette-sur-Loing. Et dans toutes ces villes, Emmanuel Macron a pris la tête au second tour, avec des marges plus importantes qu'au niveau national. LREM empoche ainsi 66% des voix à Dreux, et 68% à Saint-Pierre-des-Corps. 

Et, comme évoqué plus haut en parlant des banlieues les moins aisées, les villes ayant voté Mélenchon ont eu plus de mal à se mobiliser au second tour. Si la participation chute de 2 points entre le premier et le deuxième tour au niveau national, elle descend de 5 points à Saint-Pierre-des-Corps (62,86%), Vernouillet (60,93%) et Dreux, où seuls 57,32% des inscrits se sont déplacés dans les urnes.

5 - Les inégalités de la participation

Comme nous le disions, la participation peut varier très fortement, selon le niveau de vie des populations locales (57% à Dreux contre 79% à Saint-Cyr-sur-Loire). 

Au niveau national, l'abstention s'établit à 18,01%, soit 2 points de plus qu'au premier tour. Dans la région, l'abstention est plus faible que sur toute la France, ce qui se vérifie aussi à l'échelle départementale. Le Loir-et-Cher est le département du Centre-Val de Loire à avoir le plus voté, avec une participation de 76,12%, talonné par les 75,25% de l'Indre-et-Loire et les 75,19% de l'Indre. L'Indre et le Loir-et-Cher affichent d'ailleurs une particularité : l'abstention y a baissé entre les deux tours. 

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