Ludovic Franceschet, éboueur à Paris, a décidé de rallier Marseille depuis Paris à pied, le long de la nationale 7, en ramassant les déchets qu'il trouvait sur son passage. Un moyen de faire un petit geste pour la nature, et surtout de sensibiliser le plus de monde possible, grâce à sa présence sur les réseaux sociaux.
Utiliser sa notoriété à bon escient. Voilà la mission que s'est lancée Ludovic Franceschet, éboueur à Paris, et influenceur environnement sur les réseaux sociaux. Son compte TikTok totalise ainsi 4,5 millions de "J'aime", et près de 300 000 abonnés. Franc, gouailleur, engagé, il profite de ses courtes vidéos pour faire la chasse aux incivilités concernant les déchets, jetés dans la nature, dans la rue... bref. Partout, sauf dans les poubelles.
Son métier d'éboueur ressemble ainsi à une véritable vocation pour lui. "Déjà quand j'étais petit, j'allais aux champignons et je voyais des déchets dans la nature, je ne comprenais pas pourquoi, je n'avais pas compris que c'était les humains, se souvient-il, contacté par France 3 au téléphone. Je ramassais les mégots de mes frères et sœurs."
2 630 bouteilles en plastique
De motivé pour l'environnement, il est devenu éboueur. Puis a ouvert son compte TikTok, avec le succès qu'on lui connaît. Puis est né un projet fou : rallier Marseille depuis Paris à pied, en ramassant les déchets trouvés sur le chemin. Un périple de 54 jours, entamé le 31 juillet sur le parvis de Notre-Dame. 12 jours et 160 kilomètres plus loin, il compte 2 630 bouteilles en plastique ramassées. "Rien que dans la forêt de Fontainebleau, on a récolté 1 500 canettes", souffle-t-il.
Ces derniers jours, Ludovic Franceschet a parcouru le Loiret. Une étape à Montargis, puis un accueil par le maire à Nogent-sur-Vernisson. Ce samedi 12 août, il dormira à Bonny-sur-Loire, dernière étape du Centre-Val de Loire avant le passage en Bourgogne. Un trajet 100% nationale 7, la route des vacances, qui devrait l'emmener à Nevers, Roanne, Lyon, avant de passer dans la vallée du Rhône jusqu'à Marseille.
Ludovic marche avec ses camarades Patrick et Maxime. Ce dernier a connu Ludovic sur les réseaux. "Il m'a dit qu'il jetait ses déchets par terre avant, c'est un peu une marche du pardon ce qu'on fait." Les marcheurs collectent les bouteilles en plastique pour les trier. Tout le reste part dans des roule-sacs, des poubelles estampillées mairie de Paris, montées sur roulettes.
Tout le reste, ou presque. Comme cette boîte de vitesses du côté de Mormant-sur Vernisson, trop lourde pour être embarquée par la petite équipe, et que Ludovic a signalée à ses followers. "Je n'ai pas de nouvelles", concède-t-il. Il se réjouit en revanche de l'enlèvement par la mairie de Viry-Châtillon, dans l'Essonne, d'un long câble de fibre optique. "On l'a trouvé qui dépassait de l'herbe, il devait faire bien 1 km de long."
"La face cachée de la Terre"
Ludovic Franceschet ne tient pas à faire de son action un simple geste citoyen. En médiatisant son opération, en se filmant régulièrement et en rencontrant les gens sur son passage, il espère poursuivre la sensibilisation. Il assure être très bien accueilli, et pouvoir facilement véhiculer son message : "Objectif planète propre".
J'ai rencontré des professionnels à Montargis, on est unanimes : les gens sont dégueux.
Ludovic Franceschet
Il espère, pour la suite de son voyage, atteindre des personnalités politiques. Notamment au niveau des départements, dont dépendent de nombreux tronçons de la nationale 7 (déclassée sur des centaines de kilomètres). "Il y a un créneau à choper, soutient-il. Il y a du monde pour tailler les fossés, mais personnes pour ramasser les déchets. Il y a des postes à créer." Il espère faire venir sur sa route quelques présidents de départements, pour leur montrer ces fossés, "la face cachée de la Terre", se désole-t-il.
Ce soir, Ludovic dormira dans un camping-car floqué de son image et d'un slogan : "Agissons ensemble". Il le sait bien, "on ne fera pas de miracle" face à la pollution industrielle, à la surconsommation et au suremballage. Mais il a tout de même décidé de prendre sa part. Et ce malgré une petite douleur à la cheville. "J'irai au bout de mon défi, avec un plâtre s'il le faut." Encore 600 km.