Pour son 100eme jour à Matignon, Gabriel Attal s'est rendu ce jeudi 18 avril à Viry-Châtillon dans l'Essonne, ville endeuillée après la mort de Shemseddine, un jeune de 15 ans, passé à tabac tout près de son collège. Le Premier ministre a annoncé une série de mesures pour lutter contre la violence des mineurs. Benoît Digeon maire de Montargis, dont la ville a récemment subit des violences urbaines sans précédent, est mitigé.
Alors que les actes de violences dont certains ont conduit à des drames, se multiplient ces dernières semaines autour des établissements scolaires, Le Premier ministre s'est rendu ce jeudi 18 avril à Viry-Châtillon où il a annoncé une longue série de mesures visant à apporter des réponses judiciaires et éducatives au problème de la violence de certains mineurs. Les premières d'entre elles visent à responsabiliser les parents en instaurant notamment des amendes à l'encontre de ceux qui ne se rendent pas aux convocations du juge pour enfants. Il entend également rendre les deux parents responsables, solidairement, de la réparation financière quand un enfant a causé des dégâts et souhaite instaurer des travaux d'intérêt général pour les" parents défaillants".
Sanctionner les "parents défaillants"
Benoît Digeon, maire Les Républicains de Montargis dans le Loiret est plutôt mitigé sur la question. L'édile a dû faire face à des violences urbaines sans précédent sur sa commune après la mort de Nahel en juin 2023. Une trentaine de majeurs et de mineurs ont été jugés pour ces faits avec "des condamnations assez lourdes", reconnaît l'édile au micro de France Info.
Et s'il trouve "inadmissible" que les parents des mineurs impliqués n'aient "pas été inquiétés de quelque manière que ce soit", il tempère. "Il y a des femmes seules avec des familles qui sont, je dirais "excusables". Une femme qui se trouve avec 3 ou 4 enfants (…). On ne peut pas accuser la mère." Benoit Digeon préfère dans ce cas précis l'accompagnement à la sanction : "On essaie d'aider ces femmes à retrouver du travail avec l'association 1000 sourires à Montargis et ça marche très bien. Il faut qu'on puisse amplifier tout ça."
Le Premier ministre projette aussi de proposer aux parents dont l'enfant "commence à avoir de mauvaises fréquentations" qu'il soit envoyé en internat, loin de son quartier, pour "retrouver un cadre". Une proposition qui résonne favorablement aux oreilles du maire de Montargis "Là, les délinquants, on les repère, on les extrait la nuit et quand ils sont la nuit à l'internat ils ne sont pas effectivement dans la rue à faire des bêtises, si tant est qu'ils font des bêtises la nuit."
Des points en moins sur les diplômes
Gabriel Attal veut mettre en place un système de retraits de points sur les diplômes (brevet ou bac) et que cette mention soit indiquée dans Parcoursup en cas de perturbation grave dans l'enceinte de l'établissement scolaire. La condition pour effacer cette mention et retrouver ces points serait la réalisation d'activités d'intérêt général au sein de l'établissement scolaire.
Un durcissement de la réponse pénale
Le ministre souhaite qu'un débat sur "l'excuse de minorité" soit ouvert ? Il s'agit donc d'une remise en cause du principe selon lequel un mineur est actuellement sanctionné moins sévèrement qu'un majeur.
Le garde des Sceaux, Éric Dupont-Moretti va également réfléchir à la mise en place "d'une comparution immédiate devant le tribunal pour les jeunes à partir de 16 ans" au lieu de 18 ans.
Gabriel Attal se donne "huit semaines" pour mener à terme le travail collectif sur la violence des jeunes voulu par Emmanuel Macron, estimant que "la culture de l’excuse, c’est fini".
Interrogé par France Info, le député Renaissance du Cher François Cormier-Bouligeon estime que les mesures évoquées là ne sont "ni de droite ni de gauche. C'est la République et ça concerne tout le monde, investit en politique ou citoyen. C'est un discours du retour de l'ordre républicain".
Nous sommes confrontés à une minorité au sein de la jeunesse mais une minorité agissante, très délinquante et qui pourrit la vie de certains quartiers, de certains établissements scolaires et de leurs familles également. Donc nous devons reprendre en main ces jeunes pour qu'ils respectent à nouveau la loi commune.
François Cormier-Bouligeon - Député Renaissance du Cher sur France Info
Loin de considérer ce resserrage de vis comme un moyen de réparer d’éventuelles erreurs de son gouvernement, François Cormier-Bouligeon considère plutôt qu’il s’agit là de la reprise en main d’un "chantier laissé par les précédents". "J’étais élu du Cher avant l'arrivée du président Macron. On faisait disparaître des brigades de gendarmerie. Là, nous allons recréer trois brigades dans le Cher cette année et 200 brigades en France", argue-t-il. "La fin de l’angélisme, le retour de l'autorité : c'est ce que nous construisons depuis 2017."