Pass vaccinal : après deux ans de pandémie, ils continuent à s'opposer au vaccin

Alors que le pass vaccinal entre en vigueur ce lundi 24 janvier, près de 7% des Français de 12 ans et plus n'ont reçu aucune dose de vaccin contre le Covid-19. Certains sont chaque semaine au rendez-vous des manifestations anti-pass.

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Emmanuel Macron voulait "emmerder" les non-vaccinés, ces derniers comptent bien lui rendre la pareil. Chaque semaine, des opposants au pass se rassemblent dans les grandes villes de France pour protester contre ce qu'ils appellent "la dictature sanitaire", alors que le pass sanitaire est devenu pass vaccinal ce lundi 24 janvier.

C'est le cas de Maxime et Madeleine, 78 et 75 ans, habitants d'Olivet dans le Loiret, et farouches défenseurs de leur liberté à choisir. En l'occurrence, choisir de dire non au vaccin. Maxime a commencé à parler de "dictature sanitaire" lors du premier confinement, quand "on était interdits de circuler en dehors de chez soi". Une première atteinte "à la constitution même de la Ve République et aux lois mondiales sur la circulation des personnes", considère-t-il. Cette "dictature" émane, selon lui, directement du président de la République, qui "décide de tout et le Parlement applique mécanistiquement (sic) sans discuter de rien". 

Données personnelles et secret médical

Pour lui et d'autres, le pass sanitaire a été une étape de plus dans cette même direction liberticide, le poussant à venir manifester à Orléans avec son épouse toutes les semaines. Et à adhérer au mouvement "Le Citoyen, La Citoyenne", qui tente de structurer localement la contestation. "Le pass est un outil de discrimination, au-delà du fait d'être pour ou contre le vaccin, qui devrait être un choix personnel", explique Sarah, une des organisatrices du mouvement.

L'un des points d'orgue de la mobilisation orléanaise survient quand les manifestants sortent leurs pass sanitaires pour les brûler. Sarah elle-même a un pass en règle, ayant attrapé le Covid en décembre. "Mais ce n'est pas une raison pour l'utiliser, on ne doit pas rentrer dans ce système, sinon on en devient responsable", défend-elle. La militante redoute également des atteintes en matière de "données personnelles et de secret médical". Car, depuis ce 24 janvier, le contrôle du pass vaccinal par un restaurateur par exemple peut s'accompagner de la demande d'une pièce d'identité, pour vérifier de l'authenticité du pass. 

78 ans, diabétique, non-vacciné

Mais Maxime et Madeleine ne sont pas seulement anti-pass, qu'il soit sanitaire ou vaccinal, ils sont aussi farouchement anti-vaccin, du moins contre le Covid. "Quand je pourrai, je me ferai vacciner contre le pneumocoque, qui tue beaucoup de gens de mon âge", explique Maxime. Le couple n'a en revanche reçu aucune dose de Pfizer, Moderna ou autre AstraZenecca, à l'instar d'un peu moins de 7% des personnes de plus de 12 ans en France.

Âgé et diabétique à la suite d'une opération du pancréas en 2015, il se sait "personne vulnérable". Ce qui ne l'empêche pas de voir le covid différemment du pneumocoque. "Aujourd'hui, on sait que les hôpitaux sont vides, que le nombre d'hospitalisés et de décès est en dessous des 0,1%", argue-t-il. Alors même que le covid est directement monté en troisième position des causes de mortalité en France en 2020, et que 40% des lits de réanimation sont occupés par des patients contaminés par le coronavirus en ce mois de janvier.

Des arguments qui pèsent trop faiblement selon le couple, plus inquiet des rares effets secondaires graves que des bénéfices du vaccin. "Nous avons quatre enfants, et seul un de nos fils est vacciné, et je m'inquiète beaucoup pour lui", assure Madeleine. De façon générale, bien que réfutant adhérer aux thèses du mouvement complotiste, Maxime et Madeleine assurent "ne plus regarder les infos mensongères et la télé".

Maxime qualifie d'ailleurs le vaccin de "thérapie génique expérimentale". Un argumentaire régulièrement brocardé par la sphère complotiste, selon lequel les vaccins à ARN messager seraient capables d'altérer l'ADN de nos cellules. Une erreur scientifique totale, l'ARN messager étant incapable d'interagir avec le noyau cellulaire. 

Retrouvez le reportage de Théophile Mbaka et Pierre-Dominique Lepais :

Un vaccin inutile ?

Mais Maxime n'en démord pas : pas question de servir de "cobaye" à un vaccin qui n'aurait "pas donné les conclusions nécessaires". Du moins face aux variants, la réponse immunitaire post-vaccinale étant moins efficace face à Delta par exemple. L'OMS souhaite ainsi que soient mis au point des vaccins dits universels, capables de protéger contre les différentes souches du virus. 

Malgré tout, les vaccins gardent leur intérêt. "Avec la troisième dose, les anticorps sont suffisamment puissants pour détruire Omicron, même chez les personnes âgées", plaidait le docteur Thierry Prazuck, chef du service maladies infectieuses au centre hospitalier d'Orléans (CHRO), auprès de France 3 juste avant les Fêtes de fin d'année. Si bien qu'une personne âgée de 20 à 79 ans a environ 30 fois plus de chance d'être admis en soins critiques si elle est non vaccinée par rapport à un schéma vaccinal complet avec dose booster, en moyenne sur une semaine au 9 janvier. Le rapport baisse à 6 pour les plus de 80 ans sur la même semaine. 

En tout cas, Maxime, Madeleine et Sarah continueront de manifester. "On n'est pas 2 000 à chaque fois, mais on est toujours plusieurs centaines, même sous une pluie battante, ce qui est déjà pas mal pour une ville comme Orléans", se réjouit l'organisatrice du mouvement "Le Citoyen, La Citoyenne". Ce samedi 22 janvier, environ 300 personnes ont répondu présent lors du cortège orléanais.

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