Crise du logement : dans les villages, "on a des rues entières vides d'habitants"

Réunis au congrès d'Intercommunalités de France, à Orléans, les élus locaux s'inquiètent de la situation du logement dans les villages, entre perte d'habitants et manque d'investissements.

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Avec parfois des rues entières de logements vacants, un nombre insuffisant de logements sociaux et des promoteurs "pas intéressés", les zones rurales n'échappent pas à la crise du logement qui sévit dans les métropoles.

Alors que le gouvernement envisage de présenter au printemps un projet de loi sur la décentralisation de la politique du logement et souhaite donner davantage de pouvoir aux élus locaux, ces derniers se retrouvaient au congrès d'Intercommunalités de France, qui se tenait au CO'Met d'Orléans du 11 au 13 octobre, et où le sujet résonnait fortement.

S'adapter au vieillissement

"Aujourd'hui, nous n'avons plus d'offre de logement et il y a très peu de mouvement parce qu'il n'y a plus rien de vacant", témoigne Renaud Averly, président de la communauté de communes du pays rethélois (Ardennes), à 40 km au nord de Reims. Selon l'élu DVD, qui intervenait ce vendredi au congrès, ni les jeunes couples à la recherche d'une maison avec jardin, ni les personnes âgées qui souhaiteraient se rapprocher des bourgs et des commerces ne trouvent aujourd'hui leur bonheur.

Pour faire bouger les lignes, sa communauté de communes a mis le paquet sur le financement des travaux d'adaptation des logements au vieillissement. "On installe des douches à l'italienne, des monte-escaliers. Ça permet de maintenir les personnes âgées à domicile mais aussi d'adapter les logements du centre-bourg, donc d'attirer des personnes âgées", explique Renaud Averly.

8% de logements vacants

À une cinquantaine de kilomètres plus au nord, Miguel Leroy, maire d'Auvillers-les-Forges, village de 900 habitants proche de la frontière belge, dresse un constat similaire :

On est dans un territoire très, très rural qui n'intéresse pas les promoteurs. Les organismes HLM étaient présents dans les années 80 mais ne le sont plus. Or, si on ne veut pas perdre trop de population, il va falloir proposer du logement car le nombre de personnes par foyer diminue.

Miguel Leroy, maire d'Auvillers-les-Forges

Outre les aides à la rénovation des logements, celui qui est aussi président de la communauté de communes Ardennes Thiérache s'attaque désormais aux logements vides. D'autant que l'objectif de "zéro artificialisation nette des sols" inscrit dans la loi signe la fin du modèle d'urbanisation pavillonnaire, accusé de bétonner les sols.

"On ne va plus pouvoir s'étaler indéfiniment en construisant des maisons le long des routes. Nous avons 8% de logements vacants avec des taux allant parfois jusqu'à 25% et des rues entières vides d'habitants", poursuit Miguel Leroy, qui a contacté tous les propriétaires "un par un" pour comprendre pourquoi leur logement restait inoccupé et savoir comment les accompagner.

La moitié a fait état de problèmes de travaux à réaliser avec des restes à charge "difficiles à financer, ou à répercuter sur de futurs loyers". Dans 16% des cas, le logement reste vide en raison de conflits entre héritiers sur fond de marché immobilier en berne.

Où sont les investissements ?

En Centre-Bretagne, Sandra Le Nouvel, présidente DVG de la communauté de communes du Kreiz Breizh située "loin de toute influence urbaine", constate aussi "un blocage à chaque étage de la chaîne du logement". En trois mandats de maire, elle raconte n'avoir "jamais eu de rendez-vous avec un promoteur" et n'avoir obtenu des bailleurs que "dix logements sociaux" alors que le foyer des jeunes travailleurs de Rostrenen, la commune la plus peuplée, est "plein à craquer".

Les élus s'accordent sur la nécessité d'aménager les villages pour les rendre plus attractifs aux yeux de futurs acheteurs. "Les opérations d'embellissement des centres-bourgs, notamment par la renaturation, sont un véritable levier pour l'investissement privé", assure Jérôme Baloge (PR), maire de Niort. Quant au pavillon, "on ne va pas s'en passer du jour au lendemain, reconnaît-il, mais il prendra peut-être un étage". 

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