Le tribunal correctionnel de Paris rendra le 29 mars 2021 son jugement au procès des laboratoires Servier et de l'Agence du médicament, qui étaient jugés depuis le 23 septembre 2019 dans l'affaire du scandale sanitaire du Mediator.

La défense du groupe pharmaceutique a une ultime fois, ce lundi 6 juillet, rejeté toute faute pénale dans l'affaire de ce médicament tenu pour responsable de centaines de décès, l'un des pires scandales sanitaires français, qui avait été révélé il y a dix ans par la pneumologue de Brest Irène Frachon.

Après "517 heures et quelques minutes d'audience", les juges vont "devoir mettre de côté l'émotion très forte (...) ressentie", a déclaré la présidente du tribunal Sylvie Daunis. "Car cette émotion ne doit pas être le guide de notre décision. Seul le respect du droit et de la procédure peuvent être le fil conducteur de notre réflexion, même si cela peut être difficile à entendre pour les victimes", a souligné la magistrate.
 

Dix millions d'euros d'amende requis contre Servier

Plus de 6500 personnes se sont constituées parties civiles à ce procès pénal "hors norme". Mis sur le marché en 1976 comme adjuvant au traitement du diabète, mais largement détourné comme coupe-faim, le Mediator a été prescrit à environ cinq millions de personnes pendant les 33 ans de sa commercialisation jusqu'à son retrait en novembre 2009.

Les laboratoires Servier sont accusés d'avoir sciemment dissimulé ses propriétés anorexigènes et sa dangerosité. L'Agence du médicament comparaissait à leurs côtés pour avoir tardé à suspendre sa commercialisation, en dépit d'alertes répétées sur sa toxicité, dès le milieu des années 1990.

Le 23 juin, le parquet a appelé à sanctionner le "choix cynique" d'une firme ayant privilégié "ses intérêts financiers" à la santé des consommateurs du médicament, malgré "les risques qu'elle ne pouvait ignorer". Un total de plus de 10 millions d'euros d'amendes a été requis contre six sociétés du groupe, jugées notamment pour "tromperie aggravée", "escroquerie" et "homicides et blessures involontaires".

Une amende de 200 000 euros a été demandée contre l'Agence de sécurité du médicament, qui a reconnu une "part de responsabilité" dans ce "drame" humain.

L'accusation a également requis cinq ans de prison dont trois ferme et 200 000 euros d'amende à l'encontre de Jean-Philippe Seta, l'ancien numéro 2 du groupe, dont le tout-puissant dirigeant, Jacques Servier, est décédé en 2014. Le parquet a par ailleurs demandé des amendes et des peines de prison avec sursis à l'encontre d'anciens cadres et experts des autorités de santé accusés de "conflits d'intérêts" avec Servier.
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