Basés à Châteauroux depuis 1997, le Centre technique régional de football et son pôle espoir pourraient déménager à Orléans. Le projet porté par la ligue du Centre divise.
Florian Thauvin (Udinese), Benoit Badiashile (Chelsea), Sofiane Diop (OGC Nice) sont tous passés par le pôle espoir de Châteauroux. Et bien, 2024 pourrait être l'année de l'amorce d'un déménagement vers Orléans, c'est en tout cas le sens du projet porté par la ligue du Centre. Concrètement, l'idée serait de rassembler les trois sites du Centre technique régional à Orléans. Actuellement, seul le centre administratif est dans le Loiret tandis que le pôle espoir féminin est à Tours et le masculin, à Châteauroux.
7,2 millions d'euros investis par la ligue à Châteauroux depuis 1997...
Une réflexion menée à l'approche de la fin du bail en 2026 à Châteauroux. "On a une perte annuelle de 250 000€ à 300 000€", déplore Antonio Teixeira, le président de la ligue du Centre. 200 000€ de loyer par an auquel s'ajoutent notamment les multiples frais de déplacement entre Orléans, Châteauroux et Tours. Des frais existants auxquels il faut rajouter des frais de rénovation des bâtiments et terrains de plusieurs millions d'euros dans les années à venir.
... Et 13 millions d'euros d'investissement pour déménager à Orléans
Pour le nouveau siège, la ligue du Centre a jeté son dévolu sur le site de la petite Mérie à Saint-Cyr-en-Val près d'Orléans. L'actuel propriétaire Orange ne veut plus renouveler le bail emphytéotique (de très longue durée) et a proposé le site à la ligue du Centre. Un large espace avec "trois terrains de football et une aire de jeux", précise Antonio Teixeira. Un possible déménagement au coût exorbitant : 13 millions d'euros et "pas un centime de plus", sur 20 ans. Le projet a d'ailleurs été présenté le mardi 9 janvier au comité directeur de la ligue et a "séduit".
Un projet vu d'un mauvais œil par le maire de Châteauroux Gil Avérous (divers droite), ne comprenant pas les arguments mis en avant par le président de la ligue. "Les collectivités locales se sont engagées à financer 80% (3,7 millions d'euros) du coût des travaux de rénovation du centre d’hébergement et le remplacement du terrain de football en gazon synthétique pour que le CTR dispose d’installations neuves pour un loyer identique et fixe pendant toute la durée du futur bail", assure t-il.
La ligue n'appartient pas aux politiques, aux collectivités mais elle appartient aux clubs. C'est aux clubs de décider. L'ensemble du comité directeur, à l'unanimité, a voté pour que les deux projets soient présentés devant les clubs.
Antonio Teixeira, président de la ligue du Centre.
Des arguments non recevables pour Antonio Teixeira. "On ne pourra pas survivre sur trois sites [...] On paiera toujours le même loyer et les investissements de 3,7 millions d'euros ne couvrent pas tous les travaux qu'il y a à faire pour les dix prochaines années [...] Même s'ils participent à 80% au terrain synthétique, il restera 20% pour la ligue, soit environ 180 000€... Il y a beaucoup de frais à faire".
Pour Gil Avérous, l'idée de créer une sorte de "Clairefontaine régional" n'est tout simplement pas recevable : "Dans l’histoire du football régional, rien ne justifie qu’on crée une mégastructure à Orléans. Financièrement, ce sera insupportable pour la Ligue et pour les clubs !". Par ailleurs, il précise qu'il pourrait "employer tous les moyens juridiques pour empêcher cette réalisation".
Je ne comprends pas ce qu'un site unique apportera de plus aux clubs de foot de la Région. Ce projet pharaonique va être financé par l'argent des clubs mais que vont gagner les clubs dans l'opération ? La réponse est claire : rien !
Gil Avérous, maire LR de Châteauroux.
Pour Antonio Teixeira, Gil Avérous "n'a aucun pouvoir (sur ce sujet), de vouloir décider à la place des clubs, ce seront eux qui décideront de ce qu'ils veulent faire. La ligue appartient au club, il n'y aura pas de financement par les clubs. Il n'est pas question d'aller les ponctionner", ajoute-t-il.
Un dossier important pour la mairie d'Orléans
À l'inverse, la nouvelle convainc à Orléans. "Je pense qu'il est le moment de repenser ce lieu et de rapprocher les synergies dans un point central, dans la capitale régionale", admet Thomas Renault, adjoint aux sports à la mairie d'Orléans. Un déménagement aux nombreux points positifs selon l'ancien footballeur professionnel. "Il faut penser aux intérêts des enfants (de 13 à 15 ans). L'équilibre familial a un poids très important dans leur réussite. À plus de deux heures de chez lui, l'enfant a un poids supplémentaire dans sa réussite", admet-il.
Orléans doit redevenir la capitale régionale du football. Outre la centralité de notre ville, c'est aussi remettre en avant les qualités des clubs de la métropole orléanaise. Dans les meilleurs championnats régionaux en jeunes, vous avez beaucoup d'équipes concernés avec l'Escale Orléans, l'US Orléans, Saran, Saint-Pryvé Saint-Hilaire...
Thomas Renault, adjoint aux sports à la mairie d'Orléans.
L'élu loirétain doute même du sens de maintenir le centre technique régional à Châteauroux : "Ça devient un non-sens, autant ça en avait avant, autant aujourd'hui, ce serait appauvrir notre région de le laisser là-bas", assure l'adjoint aux sports.
Un transfert dans l'axe de la Région qui pourrait aussi permettre d'éviter l'exode de certains jeunes talents vers l'Île-de-France par exemple. "Ce que l'on veut aujourd'hui, ce sont des conditions optimales pour que nos jeunes qui viennent dans notre pôle espoir, puissent progresser et devenir de très bons footballeurs et footballeuses. Le site de la Petite Mérie est un beau site et on est pas en train de le créer, c'est une opportunité", insiste Antonio Teixeira.
Qui pour financer le projet ?
Ce projet de déménagement coûte cher et pour le moment, difficile de voir quels acteurs pourraient participer. La région Centre-Val de Loire ? Pour l'heure, son président François Bonneau ne s'est pas encore positionné même si des échanges ont eu lieu entre la ligue du Centre de football et la région.
Néanmoins, la ville d'Orléans semble être prête à mettre la main à la poche. "Ce sera possiblement la ville parce que ça peut-être des sites de la ville. Il va falloir que l'on puisse déterminer le lieu. D'autres lieux que la Petite Mérie sont possibles", conclut Thomas Renault. D'autres alternatives à Orléans que le président de la ligue a aussi confirmées.
Le feuilleton devrait connaître son dénouement d'ici la fin du mois de mars.