Au lycée Pothier d’Orléans, on a parlé homophobie avec les lycéens

Lors d'une journée d'action organisée au Lycée Pothier d'Orléans, le Groupe d'action gay et lesbien du Loiret a proposé aux lycéens de dessiner et d'imprimer en quelques minutes leur badge contre l'homophobie.

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"C'est pour montrer mon engagement." "C'est pour porter nos couleurs." "Moi c'est parce que je suis hétéro mais que je veux faire rager mon grand frère homophobe." Chacun et chacune avait sa raison pour s'arrêter quelques minutes devant le stand dressé par le GAGL 45 dans un hall fréquenté du lycée Pothier.

Contre l'un des murs du hall, parsemé de citations célèbres, une table a été dressée, munie de feutres et de feuilles. Ici, c'est Nelson Mandela qui s'exprime, étrangement opportun : "Être libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres."

Touche pas à mes potes

Toute la journée, les membres du groupe ont mis à disposition le matériel nécessaire pour dessiner et imprimer son propre badge. L'objectif : dire "non" à l'homophobie. "C'est un concept inspiré du slogan 'Touche pas à mon pote' des années 80", explique Christophe Desportes-Guilloux, le porte-parole du GAGL 45. "L'objectif de ce badge, c'est de démontrer aux homophobes qu'ils ne sont pas majoritaires. Que la plupart des gens soutiennent les personnes LGBT face à ceux qui les agressent."

Alors que les communautés homosexuelles, bi et transgenres font face à une recrudescence des actes de violences à leur encontre, l'opération mise sur la solidarité. Également menée dans trois autres lycées de la région au cours de la semaine, elle a attiré à Pothier quelques dizaines d'élèves curieux et généralement enthousiastes.

Milo a 15 ans. C'est un garçon trans : assigné au genre féminin à la naissance, il ne s'y est jamais reconnu. "Ça fait du bien, pour une fois, de pouvoir être moi-même et de 'porter nos couleurs' !" plaisante-t-il. Dans son entourage, tout le monde ne sait pas qu'il s'agit bien d'un garçon. "J'ai commencé à m'affirmer via un serveur sur Discord", un moteur de conversation sur internet, "J'y ai trouvé une tolérance qui m'a beaucoup aidé à assumer ce que je suis réellement".

Des insultes à l'homophobie "ordinaire"

"Pendant très longtemps, on n'en parlait pas", déplore l'infirmière scolaire, madame Sireix. "Ils sont à un âge où leur estime de soi est bien plus fragile quand leur identité sexuelle est remise en question." Au fil des années, la situation a évolué, mais pas toujours dans le bon sens, selon elle. "Aujourd'hui l'intolérance prend une forme différente, elle passe par les réseaux sociaux et donc plus par le milieu scolaire. On n'entend pas tout."

En 2019, l'homophobie a toujours de nombreux visages. "Pour moi, ça a commencé au cours d'un voyage scolaire à Londres", raconte un autre élève de Pothier. "On m'a traité de pédale, je me suis retrouvé mis à l'écart du groupe. Je crois que de nos jour, ça va mieux, et ça ne peut aller qu'en s'améliorant." Même son de cloche pour Béatrice : "Ma famille n'a pas eu de réaction particulière, mes amis aussi ont été très compréhensifs." Aujourd'hui, elle ne se verrait plus "traîner" avec des gens qui entretiendraient une atmosphère homophobe.

"Ma mère croit toujours que c'est juste une phase"

Car, plus insidieuse que les agressions, l'homophobie ordinaire continue à peser sur beaucoup. "Il y aura toujours des gens problématiques", peste Lison. "Personnellement je n'ai pas envie de faire mon coming-out, je ne vois pas ce que ça changerait". Liam, lui, est un garçon trans. A cause de son identité de genre et de son orientation, il a été insulté, agressé physiquement. "Mais ma mère croit toujours que c'est juste une phase."

Mais face à un climat où les discours homophobes, mais aussi discriminatoires en général, se décomplexent de plus en plus, ces jeunes filles et garçons de leur côté veulent marquer le monde de façon positive. Une ambition que cherchent à accompagner une partie du corps enseignant et de l'institution en général. "Plus que de lutter à tout prix 'contre' l'homophobieil s'agit de lutter 'pour' un changement positif", faire en sorte que tout le monde se sente bien au lycée."

"L'homophobie est un fléau", achève Milan, 16 ans. "Mais les homophobes ne sont pas des gens que j'ai envie de détester. Je crois que beaucoup sont juste ignorants, et qu'il faut juste qu'on explique que nous sommes des gens comme les autres. Répondre de manière violente, ce serait devenir comme eux."
Vous êtes victime d'une agression LGBTphobe : qui appeler ?
Si vous êtes victime d'une agression homophobe ou transphobe, plusieurs associations peuvent vous écouter et vous guider dans vos démarches judiciaires.
 
Le Centre LGBT de Touraine : 02 47 54 24 79
Permanences d'accueil et d'écoute le mercredi de 17h à 19h30 et le samedi de 14h à 16h30. 

Le Groupe Action Gay et Lesbien du Loiret : 02 36 47 60 88 
Le local est ouvert du lundi et vendredi de 14h à 18h, sur rendez-vous le matin. Le GAGL est également très réactif par email : contact@gagl45.org. Les courriers sont lus en permanence. 

 
Berry LGBT : 07 67 40 07 35
Les horaires des permanences (une à deux par semaine) sont indiquées sur la page Facebook de l'association

 
SOS Homophobie : 01 48 06 42 41
Ligne d'écoute anonyme du lundi au vendredi de 18h à 22h, le samedi de 14h à 16h et le dimanche de 18h à 20h. Il s'agit d'une ligne nationale, la section Centre-Val de Loire est joignable à cette adresse : sos-centre@sos-homophobie.org 
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