Mediator: la justice rend ce jeudi en début d'après-midi sa première décision sur la responsabilité de Servier

Le tribunal de grande instance de Nanterre rendra ce jeudi en début d'après-midi la première décision sur la responsabilité civile des laboratoires Servier quant à la "défectuosité" du Mediator, médicament coupe-faim synonyme d'un des plus grands scandales sanitaires français. 

Le Mediator était-il un produit défectueux?  A cette question, la 2e chambre civile doit répondre jeudi dans un premier jugement sur le fond qui sera très scruté pour les centaines de procédures judiciaires en cours.

Une "nocivité connue dès les années 90"

Pour Martine Verdier et Charles Joseph-Oudin, avocats en pointe dans la défense des victimes du Mediator, cela ne fait aucun doute: la nocivité du médicament était connue dès les années 90. A cette époque, "les laboratoires ne pouvaient plus ignorer qu'il y avait une balance bénéfices-risques défavorable à laisser le médicament sur le marché" avance Me Verdier. 

Les laboratoires Servier cherchent à partager la responsabilité avec l'Etat

A l'issue d'une première audience au civil le 10 septembre dernier, la justice avait pointé du doigt le retrait tardif du Médiator en 2009. Alors qu'il aurait dû intervenir "au plus tard" le 7 juillet 1999, date d'une réunion de la "commission nationale de  Pharmacovigilance où a été évoquée la situation du benfluorex, principe actif du Mediator, qui déclenche les effets indésirables".  En face, Servier avait plaidé son exonération de responsabilité. "Jusqu'en 2009, les autorités de santé considèrent qu'il n'y a pas d'alerte de valvulopathie en pharmacovigilance, la communauté scientifique dit qu'il y a peu de troubles cardiaques constatés", s'était défendu l'avocate de Servier. 

Un pharmekon

Le Mediator a été prescrit pendant plus de trente ans, d'abord contre l'excès de graisses dans le sang, puis comme traitement adjuvant pour les diabétiques en surpoids. Utilisé par cinq millions de personnes en France, il est à l'origine de graves lésions des valves cardiaques et pourrait être responsable à long terme de 2.100 décès, selon une expertise judiciaire versée dans l'enquête pénale à Paris. 

La décision de jeudi ne constitue qu'une étape dans le feuilleton de l'affaire du Mediator. Si les avocats des victimes espèrent qu'elle permettra de "débloquer d'autres procédures", elle ne sera définitive qu'une fois jugée par la Cour de cassation. 

Au pénal, le scandale sanitaire fait l'objet de deux procédures distinctes, à Paris et à Nanterre, mais aucun procès n'est encore prévu. 
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