Au lendemain de la publication d'un rapport commandé par Matignon, le Centre-Val de Loire salue unanimement l'ouverture prochaine d'une faculté de médecine de plein exercice à Orléans. Comme promis par le Premier ministre, Jean Castex, en début d'année.
Dire que le rapport commandé par Matignon a satisfait presque tout le monde n'est pas un euphémisme. Et les réactions en Centre-Val de Loire n'ont pas été euphémiques non plus. Au lendemain de la publication ce mardi 19 avril du texte qui acte symboliquement dans le marbre l'enclenchement de la création d'une faculté de médecine d'Orléans, nombre de personnalités -élus, médecins, institutions- de la région qualifient l'instant d'"historique".
Le texte à peine divulgué, la médecin et députée LREM du Loiret Stéphanie Rist se félicitait d’une "ambition historique pour notre territoire", via communiqué. Comme préconisé par le rapport de la mission, la députée se réjouit que, "compte tenu de l’urgence [...] un accompagnement appuyé des acteurs de terrain sera assuré par des personnalités qualifiées, expérimentées, afin de garantir les meilleures conditions d’application de cette nouvelle organisation". "Nous allons gagner cette bataille contre les déserts médicaux et enfin pouvoir répondre aux besoins en soins de nos concitoyens", promet-elle.
"Le rapport valide la justesse de notre demande"
Car, après sa décision en février dernier de créer une formation de médecine à Orléans, le Premier ministre Jean Castex avait commandé ce rapport à l'Inspection générale des affaires sociales et à celle de l'éducation du sport et de la recherche. L'objectif : plancher sur les scénarios (d'organisation, de budget, d'effectifs...) les plus désirables pour la future structure.
Entre temps, la formation a fait son entrée sur la plateforme Parcoursup, actant l'arrivée de 105 places de PASS (la première année de médecine) à Orléans dès la rentrée 2022. Restait que l'organisation en elle-même restait floue.
Le rapport vient dissiper quelques doutes. "Nous avions demandé au Premier ministre un site indépendant de l'université de Tours, le rapport le valide", s'enthousiasme le président PS de la région François Bonneau, joint par France 3. C'est lui qui avait dirigé la délégation trans-partisane venue, depuis le Centre-Val de Loire, se rappeler au bon souvenir de Jean Castex pour la création de cette nouvelle formation. "Le rapport valide la justesse de notre demande, celle de former non pas 300 mais 500 médecins par an."
La responsabilité de l'État
Et puis "le rapport dit clairement le nombre de postes qu'il convient de créer, le budget nécessaire à débloquer", soit un peu moins de 8 millions d'euros jusqu'en 2025. "On a désormais un calendrier, ce n'est pas renvoyé aux calendes grecques, et en 2023, on aura enclenché un processus irrévocable", ajoute le président de la région.
Détail important à quatre jour d'une élection présidentielle et alors que le maintien de la majorité actuelle semble incertain, "le rapport engage la responsabilité de l'État", selon François Bonneau, notamment sur les 8 millions à débourser. Il espère qu'une éventuelle alternance ne puisse ainsi plus revenir sur ces engagements. Même espérance du côté du président UDI du département du Loiret, Marc Gaudet, qui souhaite "une continuité" au-delà de l'élection présidentielle pour que le projet se concrétise.
L'élu se réjouit également que le département "sorte enfin d'une situation qui aurait pu être réglée depuis au moins 20 ans". Car, "rapport après rapport, carte après carte, on savait bien qu'il y avait un problème", affirme-t-il, qualifiant le texte diligenté par Matignon de "juste retour des choses".
Rester vigilant
Même enthousiasme du côté du sénateur PS Jean-Pierre Sueur, qui salue des recommandations "essentielles" et "hautement positives". "On avait peur qu'ils nous fassent une antenne de Tours, donc on est vraiment très satisfait", explique-t-il à France 3. "Il nous faudra toutefois rester vigilants afin que les annonces se traduisent en actes", ajoute-t-il dans un communiqué.
Le maire LR d'Orléans, Serge Grouard a applaudi "qu’un combat de 20 ans trouve une issue positive avec la création d’une faculté de médecine et la transformation du CHRO en CHU" dans un tweet peu expansif. Car le rapport égratigne au passage le projet de partenariat entre Orléans et Zagreb. La municipalité orléanaise souhaitait ainsi un protocole d'accord entre les deux universités, permettant à la capitale croate d'ouvrir dans le Loiret une antenne de son école de médecine avec comme objectif de former 50 étudiants par an. Un protocole qui "conduirait à tendre la situation en termes de terrains de stage, déjà critique", écrivent les auteurs du rapport.
Encore un peu de patience
Expansif, lui, le président de l'Ordre des médecins du Loiret Christophe Tafani salue "une nouvelle extraordinaire pour Orléans" qui "va participer à son rayonnement national". Il concède qu'il faudra "encore un peu de patience pour les patients", avant que ne soit formés les premiers médecins 100% made in Orléans. "Ça va forcément remettre à niveau tous les hôpitaux périphériques comme Montargis ou Gien", ajoute-t-il auprès de France 3.
L'Université d'Orléans, à qui le rapport promet une faculté de médecine à part entière dans les prochaines années, salue "la qualité du travail de la mission et la pertinence des propositions". L'instance remercie, via communiqué, "l'ensemble des personnes qui ont permis par leur engagement de parvenir à cette décision historique".
Au vu de l'engouement général généré par la publication de ce rapport émanant de la majorité au pouvoir, son timing de publication à quelques jours d'un second tour d'élection présidentielle peut poser question. D'autant qu'il accuse un retard d'un mois sur sa date originelle de publication, promise par le Premier ministre aux élus de la région. "Il aurait pu arriver plus tôt", concède Marc Gaudet. Mais "je n'y vois pas de malice politique, et pourtant je ne suis pas un perdreau de l'année en politique !" Le rapport aura au moins eu le mérite d'être un oiseau de bonne augure