"On est à l'aube d'un scandale sanitaire" : ce député veut taxer l'hexane, un dérivé du pétrole présent dans l'alimentation

Richard Ramos, député MoDem du Loiret, souhaite taxer les producteurs d'hexane, un mélange d'hydrocarbures utilisé par l'industrie agroalimentaire, et présent en faibles quantités dans certains produits. En effet, plusieurs études concluent à un lien entre hexane et plusieurs pathologies, comme des dégâts neurologiques et de l'infertilité.

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Manger sainement n'est décidément pas simple. Puisque, selon une enquête publiée par Libération, se préparer une salade verte avec de l'huile peut revenir à ingérer des hydrocarbures. En l'occurrence, de l'hexane, un mélange de dérivés du pétrole utilisé comme solvant dans l'agroalimentaire, particulièrement dans la fabrication d'huiles.

Utilisé non comme réel ingrédient, mais comme un auxiliaire, il n'est pas indiqué dans la liste des ingrédients, car se retrouve en faibles quantités. Au maximum 1 mg par kg d'huile, selon la réglementation européenne.

Un produit toxique lorsqu'il est inhalé

L'hexane est un produit bien connu dans l'industrie. Liquide incolore et très volatil, il est considéré comme toxique par l'Union européenne, du moins lorsqu'il est inhalé. La substance est associée à une diminution de la fertilité et à des atteintes neurologiques chez l'humain. Plusieurs études, citées par l'Anses (l'Agence nationale de sécurité sanitaire), ont aussi proposé une association entre exposition à l'hexane et maladie de Parkinson.

Engagé sur les questions alimentaires, avec notamment son combat contre les nitrites dans la charcuterie, le député Richard Ramos (MoDem - Loiret) s'est saisi du sujet, après avoir été contacté par des lanceurs d'alerte. Il dit vouloir, "dans les semaines qui viennent", solliciter l'Anses pour une nouvelle évaluation des risques de l'hexane, particulièrement lorsqu'il est ingéré et non inhalé. "Est-ce qu'ils peuvent nous dire si c'est vraiment dangereux pour la santé ?"

Taxer, en attendant d'interdire

En attendant, principe de précaution oblige, le parlementaire souhaite "alerter sur [sa] démarche". Première étape, un amendement dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025, qui propose la taxation de l'hexane et des producteurs. Avant d'autres évolutions, comme par exemple une étiquette sur les produits contenant des restes du solvant, ou signaler sa présence sur les applications comme Yuka.

Mais Richard Ramos l'assure : ces propositions ne sont qu'un moyen de faire connaître le problème, sur le chemin du réel objectif. "Si ce produit est dangereux, s'il tue, s'il donne des maladies, évidemment qu'il faudra l'interdire."

Il est présent dans des produits ordinaires. Manger 50 Ferrero, on sait que ce n'est pas bon. Mais faire une salade pour ses gosses et les empoisonner alors que vous pensez que c'est bon, ça ne me va pas.

Richard Ramos, député MoDem du Loiret

"Une logique de productivité sur le dos des pauvres"

Il remarque aussi que les huiles sans hexane sont celles produites en bio ou extraites à froid. Et qui, en rayon, affichent des prix plus élevés. "Les gens très humbles, on a le droit de leur vendre un produit pas cher, pas de les empoisonner." D'autant que l'hexane "sert juste à tirer plus d'huile, on peut s'en passer, on ne peut pas avoir une logique de productivité sur le dos des plus pauvres".

Confiant, il espère une réponse positive du secteur agroalimentaire en cas d'évaluation négative de l'hexane par l'Anses. "Si on arrive à démontrer que le produit est dangereux, je pense qu'ils arrêteront d'en mettre d'eux-mêmes. J'espère, en tout cas."

Au niveau européen, l'Efsa (équivalent de l'Anses à l'échelle de l'Union) aussi compte se pencher sur le dossier, estimant qu'il existe "un besoin de réévaluer la sûreté de l'usage de l'hexane [...] dans la production de denrées et ingrédients alimentaires". Reste à attendre le feu vert de la Commission européenne.

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