Philippe Charlier, le médecin légiste qui a autopsié Jeanne d'Arc

A 41 ans, le célèbre médecin légiste retourne sa blouse. En 2007, il avait examiné les restes de Jeanne d'Arc, et conclu à une imposture. 

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4 avril 2007, tonnerre sur l'archéologie : "Les "restes" de Jeanne d'Arc étaient en fait des fragments de momie". Depuis 1867, date de la présentation de l'objet, propriété de l'archevêché de Tours, les visiteurs croyant honorer Jeanne d'Arc s'inclinent en fait face à un faux. 

Les anaylses sur le mélange de fragments de côte humaine d'apparence brûlée, de bouts de bois et de tissu, et de pollen de pin démentent. Odeurs, matières, procédés : les restes proviennent d'un embaumement garanti à l'égyptienne. 
 

"Indiana Jones des cimetières"


Celui qui fait cette découverte, c'est le Dr Philippe Charlier. Médecin légiste, anthropologue, paléopathologiste, il n'en est pas à son premier coup d'éclat. Surnommé "l'Indiana Jones des cimetières", il s'est fait connaître en étudiant les restes de personnages historiques. 

Après avoir remis les points sur les "i" avec la pucelle d'Orléans, il s'est ensuite penché sur  les restes de Diane de Poitiers, le coeur embaumé de Richard Coeur de Lion, le crâne du philosophe Descartes, celui de l'homme de Cro-Magnon.

Fait d'armes le plus récent : en 2018, il étudie un morceau de mâchoire humaine conservé à Moscou, confirmant qu'il s'agissait bien de celle d'Hitler.
   

Le médecin des migrants


Mais il s'intéresse aussi aux vivants. Ces dernières années, il était chef de service à l'hôpital de Nanterre où il avait monté une consultation d'anthropologie médicale destinée aux migrants demandeurs d'asile. "Pendant trois ans j'ai établi des certificats avec un oeil de médecin légiste spécialisé dans les traumatismes et un oeil d'anthropologue spécialiste des rituels magico-religieux", décryptant les cicatrices, les meurtrissures de la peau, les scarifications.
  
"J'espère et je pense avoir été utile aux centaines de migrants que j'ai reçus", dit-il en désignant leurs dossiers réunis en une grosse pile posée sur son bureau, dont il est en train de réaliser la synthèse.
  
Dans le même temps, il était responsable de l'unité sanitaire à la maison d'arrêt des Hauts-de-Seine. Là aussi, il utilisait l'anthropologie pour mieux soigner certains de ses patients, par exemple africains ou des Caraïbes. "Certains de leurs traumatismes, leur façon de vivre la maladie n'étaient pas accessibles à la médecine moderne".
 

Une troisième vie au Quai Branly


Fin d'année dernière, Philippe Charlier a raccroché la blouse pour diriger la recherche au musée du Quai Branly. "J'ai pratiqué des autopsies pendant dix ans. Ensuite je me suis occupé de patients vivants - des prisonniers et des migrants - pendant trois ans. Maintenant je m'occupe de patients du lointain" résume-t-il dans son nouveau bureau. 

Squelettes, momies, objets d'arts premier... Le musée est dédié aux arts et civilisations extra-occidentaux. Selon le Dr Charlier, le musée veut "recentrer la recherche vers l'étude des collections, leur histoire et leur parcours"
  Depuis son arrivée en octobre, Philippe Charlier a impulsé de nouvelles fouilles archéologiques et monté des missions anthropologiques de terrain pour remettre ces objets dans leur contexte. Après les momies et les céramiques précolombiennes de l'Equateur, c'est aux palais du peuple Bamiléké au
Cameroun que l'équipe de Philippe Charlier s'intéresse. Une mission autour des cimetières vaudou est prévue en Haïti en fin d'année. 
 
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