Si le scénario d'un crash aérien dans un lieu fréquenté est fictif, la base aérienne d'Orléans-Bricy s'y est préparée en mobilisant tous ses services. Un exercice grandeur nature qui a également mis à contribution les services de santé et de sécurité.
Scène de chaos sur la piste d’atterrissage de la base aérienne d’Orléans-Bricy. Un A400M (massif avion de transport militaire) est entouré de camions de pompiers. Les secours se pressent. Sur le tarmac, des corps sont étendus ci et là, autour de l’appareil.
"C’est le pire cauchemar pour un commandant de base aérienne." C’est ainsi que le colonel Guillaume Vernet, commandant de la base 123 d’Orléans-Bricy, définit le scénario de l'exercice qui s’est déroulé ce mardi 15 novembre 2022.
Les blessures, le sang, les traumatismes… Tout doit être le plus réaliste possible afin de mettre en situation les militaires de la base aérienne. "Nous essayons de prendre les pires situations qu’il soit pour nous préparer du mieux possible", explique Guillaume Vernet.
Les militaires, acteurs d'un jour
Quelques heures plus tôt, dans une salle de la base aérienne, des pompiers s’affairent. Ils maquillent des militaires portés volontaires pour l’occasion. Un rôle d’acteur dont ils n’ont pas forcément l’habitude.
"Je dois subir une fracture ouverte avec un problème de bassin, donc je ne dois plus bouger et attendre les secours. Mais après, je n’en sais pas plus", commente Dimitri, sergent à la base aérienne, en éventant sa fausse blessure pour que la laque sèche. Afin que la situation de crise soit aussi réelle que possible, les organisateurs ont communiqué très peu d’informations aux participants. Ces derniers doivent être surpris et faire face à une situation de tension.
Tous les services de la gestion de crise concernés
"La gestion de crise fait partie du quotidien, mais elle est vraiment menée à son paroxysme ici, poursuit le colonel Guillaume Vernet. Tous les acteurs de la base vont intervenir, mais aussi des acteurs extérieurs."
Situé dans le bâtiment de la tour de contrôle, le PC de crise de la base aérienne dirige les opérations. De là, toutes les équipes militaires peuvent être mobilisées sur place, des pilotes jusqu’à la communication interne. Chacun est évalué. Mais ce ne sont pas les seuls : les pompiers du 45, le centre hospitalier d’Orléans, la gendarmerie, le Samu et la préfecture du Loiret ont également pris part à l’exercice.
Une opération de coopération qui profite à tous, selon Dimitri : "ce genre d’exercice permet de voir comment fonctionnent les autres métiers. C’est bien de savoir comment ces équipes travaillent. On pourrait être confronté à cela et ainsi mieux gérer notre stress pour aider."
Ce type d’entraînement grandeur nature est mis en œuvre deux fois par an par toutes les bases aériennes, dans le cadre du dispositif "ORSEC" (Organisation de la réponse de sécurité civile). Cette fois-ci, l’exercice fait partie du plan "NOVI" (Nombreuses Victimes), un plan d'urgence pour secourir un nombre important de victimes dans un même lieu. Ici, un crash aérien lors d’un meeting.
L'objectif est de s'assurer que toutes nos procédures d'urgence sont adaptées à des situations que nous aurions à traiter, comme celle-ci.
Colonel Guillaume Vernet, commandant de la base aérienne
"Nous essayons de nous mettre dans des conditions où tous les services de secours seraient saturés et où il y aurait un nombre de victimes qui nous dépasse", précise le colonel Guillaume Vernet. Avant le début de l’exercice, la tension est quelque peu palpable.
Sous la pluie, l’A400M décolle avec une trentaine de passagers qui seront autant de blessés potentiels à secourir au moment de son crash fictif. Pas de flammes ni d’explosion pour cette simulation, mais aussitôt le lancement de l’exercice et l’appareil atterri, les pompiers accourent.
D’abord, l’unité de la base aérienne puis, quelques minutes plus tard, celles du Sdis 45. Non loin du crash simulé, les militaires volontaires pour jouer les victimes se placent et attendent les secours. Aidé par la pluie, le faux sang coule sur la piste.
"La guerre est à nos portes et elle est violente, nous devons y être préparés", conclut Guillaume Vernet. Sans même parler de conflit armé, les accidents aériens militaires peuvent arriver, comme ce fut le cas au début du mois de novembre 2022, en Haute-Saône.