PORTRAIT. Football : d'Orléans à Genève, du National à l'Europa League, le parcours étonnant de Bradley Mazikou

En pleine course au titre avec le Servette de Genève en Suisse, Bradley Mazikou, international congolais de 27 ans, né à Orléans, est revenu sur les étapes importantes de sa carrière. De la Bulgarie à la Suisse en passant par la Grèce, le défenseur gauche s'est confié à France 3 Centre-Val de Loire.

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Il y a les footballeurs qui choisissent la sécurité, celle de rester jouer en France en Ligue 2 ou en National pour jouer le milieu de tableau ou le maintien. Bradley Mazikou, a fait un tout autre choix, celui de partir dans des championnats mineurs pour y jouer le titre et découvrir les coupes d'Europe. "C'est un de mes meilleurs choix d'être parti", savoure-t-il. 

Le football, une histoire de famille 

Bradley Mazikou a commencé le football vers ses cinq ans. Une évidence tant le football prend une place importante dans sa famille. Son premier petit frère, Rodney 24 ans évolue au Tours FC en National 3, le second, Steevy 20 ans, à la Berrichonne de Châteauroux en N1 ou avec l'équipe réserve en N3. Son cousin Christopher Samba a aussi évolué de nombreuses saisons en Premier League à Blackburn et les Queens Park Rangers entre 2006 et 2012.

Un choix à faire entre Lorient et Monaco 

Après quelques années à l'Escale à Orléans-la-Source puis à Tigy, il signe dans le plus grand club du département à l'US Orléans à ses 13 ans. Il y fait ses classes d'U14 à U19 avant de signer son premier contrat professionnel dans un club de Ligue 1 en juillet 2016. "J'avais le choix entre Lorient et Monaco. J'ai préféré signer à Lorient parce qu'en pensant à l'avenir, je me disais que j'avais potentiellement plus de chances entre guillemets de sortir à Lorient qu'à Monaco qui commençait à recruter des grandes stars", admet le joueur de 27 ans. 

Bradley Mazikou passe ses deux premières années entre les U19 et l'équipe réserve en s'entraînant régulièrement avec le groupe pro. Il y rencontre notamment Denis Bouanga, son meilleur ami dans le football, bien connu des suiveurs de la Ligue 1 et passé par Tours. Après ses deux années, le latéral signe un nouveau contrat de trois ans et a notamment évolué sous les ordres de deux coachs désormais en Ligue 1. Franck Haise, élu meilleur entraîneur de la saison 2022-2023 avec Lens mais aussi Régis le Bris, entraîneur de l'équipe première lorientaise.

Sauf qu'au bout d'un an et d'une seule apparition en Coupe de la Ligue, Bradley Mazikou se fait prêter à Dunkerque en National avant de casser son contrat pour signer un an à Cholet (N1). "Je n'avais pas de garantie de temps de jeu à Lorient."

La volteface de Troyes 

Ensuite, début 2019, "je devais signer à Troyes. On (son entourage, son agent et lui) s'est focalisé que sur Troyes donc on avait mis tous les autres clubs de côté... Au dernier moment, Troyes a fait volte-face", explique t-il amèrement. 

Après cette non-signature et la non-montée en Ligue 2 avec Cholet, Bradley Mazikou arrive à un premier tournant de sa carrière. "Après deux ans de National, est-ce que c'était mieux de jouer en Ligue 2 dans un projet de ventre mou ou de maintien ? Ou d'aller dans une première division à l'étranger en pouvant jouer des titres et essayer d'aller en Europe"

"J'ai vu que c'était un club qui jouait souvent l'Europe"

Bradley Mazikou fait le choix de signer au CSKA Sofia en Bulgarie, qu'il aurait déjà pu rejoindre en janvier 2016. "Je ne voulais pas refaire une troisième année en National. J'étais réticent parce que la Bulgarie n'était pas un championnat que l'on suivait régulièrement... Mais j'ai vu que c'était un club qui jouait souvent l'Europe, c'est ce qui a tout fait basculer", poursuit le natif d'Orléans. 

C'est une expérience qui m'a forgée. Que ce soit mentalement ou au niveau humain, j'ai du grandir un peu plus vite, je n'étais plus dans mon cocon. 

Bradley Mazikou

Un nouveau championnat, une nouvelle langue, une nouvelle culture... "L'adaptation a été un peu compliquée parce que je devais parler anglais et j'étais une catastrophe", rigole t-il. "Au niveau footballistique, je me suis retrouvé et j'ai fait trois bonnes années là-bas", poursuit Bradley Mazikou. 

Une sorte de renouveau dans un championnat complètement différent. "Il y avait beaucoup de qualités techniques en France, un peu moins en Bulgarie où c'était compensé par un jeu plus physique avec plus d'intensité".

Trois saisons pleines en Bulgarie 

Trois bonnes années durant lesquelles le gaucher fait des saisons à plus de 30 matchs toutes compétitions confondues. Il remporte même la coupe de Bulgarie en 2020, son meilleur souvenir au club. "Ça faisait longtemps que le club ne l'avait pas gagné. Plus tu grandis dans le foot, plus tu t'aperçois qu'un titre est très compliqué à gagner, que ce soit en Bulgarie, en Angleterre ou en France", se remémore-t-il avec un grand sourire. Autre souvenir marquant, une victoire 4-0 contre l'AS Roma en décembre 2020 en Europa League. "C'est un petit peu anecdotique car ils étaient déjà qualifiés", tempère-t-il en rigolant. 

Des adversités qui lui ont permis de grandir en tant que footballeur. "C'est le haut niveau et ça se joue sur des détails. Si tu laisses tirer des joueurs comme Pedro, Dzeko, tu sais qu'il y a des chances que ça fasse but. Ça m'a aidé parce que tu vois de ce que tu dois faire pour arriver au haut niveau, j'ai pris conscience de ma marge de progression"

Durant son épisode bulgare, Bradley Mazikou a aussi acté sa retraite internationale avec le Congo Brazaville. "Il y avait des problèmes d'organisations. Les vols étaient compliqués. C'est vraiment ça qui m'a fait arrêter".

"Je suis arrivé dans un club instable"

Arrivé en fin de cycle en Bulgarie en 2022, Bradley Mazikou fait le choix de partir en Grèce à l'Aris Salonique. "Ça a été une fin de contrat un peu compliquée. Ce n'était pas mon premier objectif de signer en Grèce, je voulais me rapprocher de l'Europe. Mais la ville, la vie, la ferveur des supporters et le contrat m'ont finalement convaincu", admet-il. Une décision prise pour lui, mais aussi pour sa femme et son petit garçon. 

Au sein du club grec, il retrouve notamment d'anciens joueurs de Ligue 1. L'international ivoirien et ancien Lillois, "le meilleur joueur avec lequel j'ai joué", Bryan Dabo (ancien de Montpellier et Saint-Etienne) ou encore Nicolas N'Koulou ancien Marseillais et Lyonnais. 

Malgré la présence de ces joueurs d'expérience, l'aventure a tourné court."Je suis arrivé dans un club instable. On a changé trois fois d'entraineur en un an. Les compositions n'étaient jamais les mêmes", lance le gaucher. Pour la suite de sa carrière, le latéral de 27 ans, se rapproche enfin de l'Europe, en Suisse dans un club qui le voulait déjà à l'été 2021. Le Servette de Genève était à la recherche d'un latéral pour remplacer l'international français Gaël Clichy

José Mourinho, Romelu Lukaku, Paulo Dybala... 

"Le Servette avait fini deuxième et allait jouer l'Europe, c'était le bon moment pour venir". Bradley Mazikou y découvre même les tours préliminaires de Ligue des Champions (1ère Coupe d'Europe ndlr). Ils éliminent même le club belge de Genk au deuxième tour avant de tomber contre les Glasgows Rangers. Une non-qualification dans la plus prestigieuse des compétitions européennes qui permet tout de même au club suisse de se qualifier pour les phases de poules de Ligue Europa (2nde Coupe d'Europe, ndlr). 

Dybala c'est la classe.

Bradley Mazikou

Une compétition où Bradley Mazikou va de nouveau retrouver l'AS Roma entrainé par José Mourinho avec des joueurs comme Romelu Lukaku, Paulo Dybala ou les anciens de Ligue 1 Leandro Paredes et Houssem Aouar. Lors des deux matchs de poule, le Servette tient d'abord en échec le club italien à domicile (1-1) avant une défaite 4-0 au match retour à Rome.

Les Suisses termineront troisièmes de leur groupe et sont donc renversés dans la troisième coupe d'Europe, la Conférence League. Ils parviendront à éliminer Ludogorets, une équipe bulgare en seizièmes, avant de tomber contre les Tchèques de Plzen en huitièmes.  

On ne peut retenir que du positif. Le Servette est un club qui grandit encore. Aller jusque-là était déjà exceptionnel. Quand tu arrives en 8e de Coupe d'Europe (Conférence League), il n'y a plus de petites équipes.

Bradley Mazikou, à propos du parcours européen du Servette de Genève.

En Suisse, que ce soit en championnat ou en coupe nationale, le Servette de Genève est encore en lice pour les deux titres. "Les Young Boys de Berne, c'est vraiment le club en Suisse, ce sont souvent eux qui gagnent. On est ex æquo avec eux mais on ne se prend pas la tête, on va prendre match après match. On fera les comptes à la fin", tempère Bradley Mazikou. En championnat, il restera dix matchs, cinq pour la phase régulière et cinq autres, uniquement contre les six premiers. 

Je n'ai jamais fermé de portes. Je suis un compétiteur mais je suis très bien ici. On ne sait jamais ce qu'il peut se passer dans le foot. Mais maintenant, la décision ne se prend plus seul, je dois la prendre avec ma famille.

Bradley Mazikou

En contrat dans le club suisse jusqu'à juin 2025, le père de famille ne se ferme aucune porte pour son avenir. Un retour en France ? "On a beaucoup discuté avec des clubs français les années précédentes mais ça ne s'est jamais fait. Ce n'est pas un objectif prioritaire de revenir", affirme-t-il. 

Jouer dans le même club que ses frères, un rêve ? 

Le retour en France loin d'être une priorité, France 3 a demandé à Bradley Mazikou s'il rêvait de pouvoir jouer avec ses frères, avec qui il est très proche. "Un rêve ? Je ne sais pas et je n'y pense pas. Je suis toujours là à les soutenir. J'ai envie qu'ils aillent le plus haut possible et qu'ils fassent leurs carrières, je ne veux pas qu'on les compare à moi. On est souvent au téléphone, on se soutient pour les matchs", détaille, plein d'humilité, le natif d'Orléans. "Mais si un jour, on tombe dans la même équipe, ça serait fun", s'amuse t-il ensuite. 

Des départs dans des championnats qui veulent aussi dire que le niveau moyen est plus faible qu'en France. Les écarts de niveaux entre toutes les équipes sont plus élevés. "En France, on voit Brest deuxième malgré leurs moyens, parce qu'il y a des bons joueurs partout... La différence n'est pas aussi flagrante que dans les ligues mineures, le niveau est plus homogène en France", ajoute le latéral de 27 ans. 

"La France, c'est le top"

Un écart de niveau que l'on retrouve aussi dans les infrastructures. "En Grèce ou en Bulgarie, j'ai retrouvé des villes avec un style assez ancien donc je n'ai pas retrouvé les centres de formation flambant neufs que j'avais pu avoir à Lorient. La France, c'est le top", illustre Bradley Mazikou. 

Une différence aussi marquée au niveau des pelouses. "Il y avait des beaux terrains en Grèce, chez les cinq ou six meilleures équipes. En Bulgarie, c'était plus chez les deux, trois meilleures. C'est plus homogène en Suisse"

La dernière ligne droite de la saison en Suisse pourrait être l'occasion pour Bradley Mazikou de glaner un ou deux titres supplémentaires. 

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