PORTRAIT. Meneur, capitaine puis entraîneur, le destin tout tracé de l'entraîneur de l'Orléans Loiret Basket, Germain Castano

À 51 ans, Germain Castano entame sa 20ᵉ saison sur un banc, sa 7ᵉ à l'Orléans Loiret Basket. Pour France 3 Centre-Val de Loire, il est revenu sur sa carrière, son profil d'entraîneur, sa relation avec ses joueurs et sur l'histoire d'amour entre l'OLB et lui.

Les bras croisés, traversant le terrain d'un côté à un autre en adressant quelques mots à ses joueurs, ce matin-là, Germain Castano semblait relativement satisfait de la dernière prestation de ses hommes. Une belle victoire à Lille (69-64) pour la première journée de championnat avant de recevoir Pau-Orthez, fraîchement descendu de Betclic Elite, ce dimanche 22 octobre. Cette routine, après plus de 30 ans d'expérience dans le basket professionnel, aussi bien en tant que joueur qu'entraîneur, l'entraîneur la connaît très bien.

Le basket et Germain Castano se sont rencontrés lorsque le cadet d'une fratrie de huit frères et sœurs avait "une dizaine d'années", selon ses souvenirs. Ce sont les deux aînés de la famille, deux grands frères qui lui ont fait découvrir la balle orange.

"Au lieu de passer par les centres de formations, ce que l'on pourrait appeler les autoroutes, j'ai pris les routes nationales"

Germain Castano, entraîneur de l'Orléans Loiret Basket depuis 2017.

Le natif du Creusot en Bourgogne n'a pourtant pas suivi le parcours classique. Admis au centre de formation de Dijon à 15 ans, l'expérience n'aura duré que deux petits mois pour une raison bien précise. "Quand tu es le cadet d'une famille de huit frères et sœurs, la séparation familiale a été fatale même si c'était à une centaine de kilomètres de chez moi. Je ne l'ai pas bien vécu et j'ai demandé à revenir", explique-t-il. "Je suis rentré au Creusot dans mon village, je suis allé à l'école et j'ai joué dans des sections de jeunes".

Une carrière de joueur entre la Nationale 1 et la Pro A

Malgré l'échec du centre de formation à Dijon, les qualités de Germain Castano se font toujours voir sur les parquets de Bourgogne. Des performances qui lui permettent de jouer en Nationale 4 (qui n'existe plus aujourd'hui) puis de passer à Châlon-Sur-Saône en 1994, en Nationale 1 (troisième division nationale). Un club où il a enchaîné une montée en Pro B lors de la saison en 1993-1994 puis une autre en Pro A en 1995-1996.

Sur le terrain, "j'étais plus un joueur d'équipe, un gros défenseur, qui aimait bien mettre le ballon là où il fallait, un meneur de jeu à l'ancienne et j'avais un tir à trois points correct", admet l'entraîneur de l'Orléans Loiret Basket. Parmi les équipes dans lesquels Germain Castano est passé, le meneur de jeu était souvent capitaine, un rôle qu'il appréciait et qui était assez naturel pour lui : "Le fait d'être meneur de jeu, d'être un petit peu vocal et d'être le trait d'union entre les joueurs et le coach, je le faisais assez bien".

J'aimais bien le côté stratégie, recrutement, tactique et relation avec mon coach qui commençait à me demander mon avis. J'ai eu des coachs qui m'ont beaucoup fait participer à leurs réflexions, c'est ce qui m'a plu.

Germain Castano, entraîneur depuis une vingtaine d'années.

Ensuite, Germain Castano enchaîne ses premières expériences en tant qu'entraîneur principal à Besançon (en Pro B et Pro A entre 2005 et 2007), Saint-Quentin (en Pro B entre 2008 et 2009) puis à Boulogne-Sur-Mer à partir de 2009.

"Une magnifique expérience humaine. Lorsque je suis arrivé, le club était avant-dernier de Nationale 1. On avait eu une réunion avec le président où il nous avait dit qu'il ne fallait absolument pas descendre parce que ça aurait été une catastrophe (économique notamment)". Arrivé dans le groupe, le coach fait quelques changements dans l'équipe qui enchaîne neuf victoires consécutives et accroche même les playoffs avant de monter ! "C'était juste extraordinaire", se rappelle t-il. En 2014, Boulogne-Sur-Mer termine même champion de Pro B en 2014. La première saison de l'histoire du club en Pro A avant de descendre en Pro B la saison suivante. 

L'aventure se termine le 23 décembre 2016, après un début de saison raté (3 victoires en 12 matchs) sur un goût amer. "J'avais appris mon licenciement par un journaliste en conférence de presse alors que ça faisait sept ans que j'étais là… C'est du passé, je n'en veux même plus à personne", raconte t-il.

"J'ai senti de la confiance et de l'envie"

Cinq mois plus tard, en mai 2017, Germain Castano pose ses valises à Orléans, alors en Pro B. Pourtant, l'entraîneur était tout proche de signer dans un autre club. "Je devais signer à Nantes ! J'avais passé deux entretiens là-bas et on voulait m'en faire faire un troisième… C'était un peu particulier". L'OLB qui venait de descendre de Pro A cherchait alors un entraîneur et un directeur sportif. "Je suis venu les rencontrer une après-midi, et le soir même, j'avais une proposition de contrat sur deux ans pour faire remonter l'équipe. J'avais vraiment aimé le discours, j'ai senti de la confiance et de l'envie".

C'est quelqu'un en qui je croyais énormément. Notamment avec des assurances de personnes qui le connaissaient très bien et qui ont des rôles importants dans le basket français. C'est avant tout une très belle personne.

Philippe Pezet, ancien adjoint aux sports de la mairie d'Orléans et ex-membre du conseil de surveillance de l'OLB.

"On a sollicité Germain parce qu'il correspondait parfaitement à la vision que qu'on avait et qu'on voulait donner au club", assure-t-il. Philippe Pezet, ex-basketteur à l'OLB, avait affronté Germain Castano en tant que joueur, et avait apprécié "son parcours d'entraîneur et ses montées successives".

Le premier jour où je suis arrivé à Orléans, il y a 7 ans, on me parlait déjà de CO'Met alors qu'aucune pierre n'était encore posée.

Germain Castano, entraîneur de l'Orléans Loiret Basket depuis 2017.

Entre montées et descentes entre l'élite et son antichambre, Germain Castano a, la saison dernière (2022-2023), vécu le tournant de l'histoire de l'Orléans Loiret Basket avec son emménagement dans l'Aréna CO'Met, à ce jour la plus grande salle de basket de France pour un club résident. "C'est une fierté, c'est incroyable et inespéré", déclare-t-il. 

Être le coach qui a fait le dernier match au Palais des Sports était très touchant où l'on avait battu Boulazac. Et être le premier coach à CO'Met ce 1er avril contre Angers, ce seront deux souvenirs qui resteront gravés à tout jamais dans ma tête. Je suis très fier d'avoir fait partie de ces aventures-là.

Germain Castano, entraîneur de l'OLB.

Quel est le secret de cette longévité ?

Des moments marquants qui s'inscrivent au long d'une aventure commencée il y a maintenant sept ans. Une longévité et une fidélité à un club qui se font de plus en plus rares dans le sport de haut niveau et au basket. Le secret ? Il n'y en a pas vraiment. "La longévité, c'est le mieux pour installer ses idées, les Orléanais m'ont montré beaucoup d'amour, de confiance, que j'espère leur avoir rendu", indique Germain Castano. "Pour moi, il n'y a pas que la destination qui est intéressante, c'est surtout le voyage qui m'intéresse et celui que je suis en train de vivre depuis que je suis là est fort", poursuit l'entraîneur de 51 ans. Son ancien président Didier Nourault (entre 2017 et 2021) n'est pas étonné par la longévité de Germain Castano. "Ce qui m'étonne le plus, c'est même qu'il n'ait pas de propositions pour aller au-dessus [...] Il a toutes les qualités pour entraîner régulièrement en Betclic Elite", avoue t-il.

Pour autant, Germain Castano n'en oublie pas les ambitions du club : faire remonter le club en Betclic Elite. Une ambition intacte qu'il compte bien continuer à transmettre à son groupe. Réputé proche de ses joueurs, Germain Castano explique sa méthode. "Je pense être directif et dur mais en étant proche de mes joueurs. J'ai besoin de sentir que le joueur se sente bien. Je considère qu'un joueur a besoin de temps pour s'exprimer, de confiance, d'amour."

La relation avec ses joueurs

Une méthode qui a convaincu une partie de ses joueurs. Par exemple, Gaylor Curier arrière passé par l'OLB entre 2017 et 2020 raconte. "C'est une relation que j'ai particulièrement appréciée parce qu'elle a été dans le respect, sincère et avec passion", note l'actuel arrière de l'Elan Béarnais. Le joueur de 31 ans se remémore d'ailleurs une causerie de Germain Castano. "Je suis sûr qu'il le dit encore aujourd'hui", rigole-t-il. "Quand une équipe venait un petit peu nous botter les fesses à la maison. Il disait : "imaginez, il y a quelqu'un qui rentre dans votre salon, il ouvre votre frigo et il vous prend vos bières. Et bien c'est exactement ce qu'ils sont en train de vous faire". Il a dû nous le dire deux, trois fois et je crois que c'est sa marque de fabrique, je suis sûr qu'il la dit encore". Selon lui, Germain Castano savait "piquer la fierté" de ses joueurs.

Son ex-coéquipier Malela Mutuale, joueur le plus capé de l'histoire du club avec 213 matchs est arrivé en même que Germain Castano à l'été 2017. "C'est un meneur d'hommes. On sentait dans ses discours que c'était vraiment un passionné. Il voulait vraiment le bien de l'équipe, pas que le sien. On sentait que ce n'était pas que pour sa réussite personnelle mais pour le bien de l'équipe et des supporters", le meneur français. "Ça a matché dès le début. C'était fluide, on se comprenait en un regard ou en deux trois, mots", poursuit-il.

Dans le vestiaire, Malela Mutuale se rappelle aussi de quelques discours marquants. Notamment d'une causerie cinglante à la mi-temps d'une rencontre de Betclic Elite contre Bourg-en-Bresse où ses joueurs étaient menés de 30 points à la mi-temps. "Il avait trouvé les mots et le bon 5 majeur pour repartir. On ne savait pas qu'on allait gagner ce match mais on ne pouvait pas mourir comme ça".

"J'essaie d'être l'entraîneur que j'aurai aimé avoir en tant que joueur"

Mais une autre séquence l'a aussi marqué lors d'un match de Pro B en avril 2018 contre Charleville-Mézières, relégable. Lors de cette rencontre à domicile au Palais des Sports, Malela Mutuale avait fait une rentrée pleine d'envie. Malgré ça, son équipe était menée de 7 points, il raconte la suite : "On savait que ça allait vibrer dans les vestiaires. En essayant de dire aux autres qu'il fallait faire un peu comme moi, il m'a pris par le col en montrant que j'étais le seul à défendre", se remémore-t-il en riant. C'était vraiment un moment marrant dans la saison et tout le monde s'en est rappelé", décrit l'ancien meneur orléanais.

Quand il sortait du vestiaire, que ce soit au début du match ou à la mi-temps, tu pouvais aller soulever des montagnes ! Tu étais vraiment pris dans le discours !

Malela Mutuale, ex-capitaine de l'OLB.

Sur le terrain, Germain Castano accorde d'ailleurs beaucoup de liberté à ses joueurs. "Le fait d'avoir quelqu'un qui m'encourage à être libre sur le terrain me donnait beaucoup de confiance et permettait de sortir quelques belles performances", assure Gaylor Curier. Germain Castano en profite pour détailler son plan de jeu. "À choisir, j'aime bien le basket d'instinct ! Je n'aime pas trop brider les joueurs. J'essaie d'être l'entraîneur que j'aurai aimé avoir en tant que joueur", entame-t-il.

"Tu ne peux pas les téléguider comme si tu jouais aux jeux vidéo"

Néanmoins, il rappelle le besoin fondamental d'une structure tactique claire et établie : "Evidemment qu'il faut les canaliser et leur montrer ce qu'ils doivent faire mais je ne veux pas tout commander. Le jeu appartient aux joueurs ! Tu ne peux pas les téléguider comme si tu jouais aux jeux vidéo. Tu leur donnes des espaces, des principes, des systèmes mais ce sont eux qui font le jeu".

À titre de comparaison avec des musiciens, "je ne veux pas seulement des joueurs de musique classique où ils suivent la partition sans déborder une seule fois. J'aime bien avoir des joueurs de blues, de jazz où ils improvisent un petit peu […] Il faut un bon mélange", reconnaît Germain Castano.

Ça fait 20 ans que je fais ce métier, je n'ai jamais eu l'impression de travailler un seul jour.

Germain Castano.

Autre domaine dans lequel Germain Castano se distingue : le jeu avec les médias. "Je n'aime pas les langues de bois, j'aime bien dire les choses comme je les pense. J'aime bien dire les choses naturellement, je parle avec mon cœur", conclut l'entraîneur Germain Castano.

Le prochain rendez-vous de l'Orléans Loiret Basket, c'est ce dimanche 22 octobre à 15h15 contre Pau pour la deuxième journée du championnat de Pro B. Un match que vous pourrez retrouver en direct sur France 3 Centre-Val de Loire à partir de 15h05.

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