L'ancien prêtre, Olivier de Scitivaux, écope de 17 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises du Loiret, pour agressions sexuelles et viols sur quatre jeunes garçons entre 1990 et 2002. Après le verdict, les regards sont tournés vers l'avenir avec un objectif : que l'Eglise fasse mieux.
"Mes clients espéraient surtout la vérité" déclare Me Antoinette Frety, l'avocate de l'un des quatre hommes victimes d'agressions sexuelles et de viols par l'ancien prêtre Olivier de Scitivaux pendant son enfance.
Ces cinq jours de procès auront eu le mérite d'aboutir à des aveux sans détour de l'ancien homme d'Eglise. "Pour mettre des termes sur ce qu'ils ont vécu et pour certains de combler les amnésies traumatiques qu'ils pouvaient avoir."
Une peine lourde qui reconnaît la gravité des actes
La peine quant à elle n'efface pas, mais peut apaiser certains : 17 ans de réclusion criminelle dont 10 années de sûreté. "Elle est sévère" souligne Me Antoinette Frety "ce qui souligne la pleine reconnaissance par les jurés de ce qui a été commis sur les victimes".
Un verdict au terme de cinq jours d'audience. Le procès a été prolongé jusqu'à ce samedi 25 mai alors qu'il devait se clore la veille au soir. Preuve, pour les parties civiles, d'une justice qui a su écouter les victimes, mais aussi les aveux d'Olivier de Scitivaux qui contestait à l'origine une partie des faits.
On a eu un beau moment d'audience, une belle justice est passée. Il appartiendra ensuite à chacun de se reconstruire en dehors des salles d'audience.
Me Antoinette Frety, avocate de l'une des parties civiles
L'apaisement est de courte durée puisque quelques heures après l'annonce du verdict, la défense annonce interjeter appel. Ouvrant la voie à un second procès.
Un second procès à venir
"Non, l'Eglise n'a pas fait tout ce qu'il fallait", continue d'affirmer l'actuel évêque l'Orléans, Jacques Blaquart. "Oui, elle peut se reprocher de ne pas avoir entendu des témoignages qui étaient extrêmement clairs".
Les premiers signalements ont été faits entre 1997 et 2000, alors que les agressions et viols duraient depuis 1990 et se sont poursuivis jusqu'en 2002. Les aveux d'Olivier de Scitivaux ne font pas de doute : il existe d'autres victimes, mais les faits sont prescrits. Ce procès, c'était donc celui des agressions sexuelles et viols imposés par l'ancien prêtre à quatre jeunes garçons.
L'Église a craint pour son image
"Mon tort a été de penser que je pouvais gérer ça seul. Parce que je pense qu'il n'y en a pas beaucoup à ce moment-là". Après son arrivée en 2012, Jacques Blaquart met en place une cellule d'écoute qui sera effective à partir de 2015. Les premiers signalements sont officiellement lancés un an plus tard et la procédure judiciaire débute en 2018.
L'Église a-t-elle craint d'être abîmée en révélant ce qu'elle savait des agissements d'Olivier de Scitivaux ? "Oui c'est clair, or c'était la mauvaise réponse. Parce que ça veut dire qu'on s'enferme de plus en plus " poursuit Jacques Blaquart dans une conférence de presse donnée après le verdict.
Pour tout le monde, il s'est passé quelque chose de fort pendant ce procès.
Jacques Blaquart
L'évêque affirme qu'aujourd'hui, de nouvelles dénonciations entraîneraient des agissements plus rapides. L'homme ressort de ce procès avec un élan : "En avant, on y va. Tout ce qu'on a essayé de mettre en place ces dernières années, on continue" assure-t-il.
La formation des différents interlocuteurs religieux a été engagée, des partenariats aussi, avec des associations de victimes et les parquets de Montargis et Orléans. Ainsi que la cellule d'écoute et de recueil de témoignage qui est toujours active.
"Il y aura un après" souligne Me Antoinette Frety, "qui ne purge pas le passé, qui n'est pas toujours immédiat, mais ça avance". Avec un espoir : que désormais, les victimes soient entendues, prises au sérieux, et protégées.