Rentrée scolaire 2024 : où sont passés les cours d’empathie ?

Expérimentés depuis janvier 2024 dans des écoles volontaires, les cours d’empathie, chers à Gabriel Attal, devaient être généralisés dès cette rentrée. Dans les faits, les expérimentations se poursuivent, et l’Éducation nationale ne semble pas savoir quoi en faire.

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Avant d’être Premier ministre (démissionnaire), Gabriel Attal a fait un saut au ministère de l’Éducation nationale. En décembre 2023, il annonçait en grande pompe le lancement de cours d’empathie dans de nombreuses écoles de France volontaires, pour une expérimentation censée durer jusqu’à l’été.

Objectif : "améliorer la qualité des relations entre les élèves et favoriser l’acquisition d’un ensemble de compétences indispensables au vivre-ensemble, à l’estime de soi, au respect de l’autre", écrivait Gabriel Attal, dans un kit à destination des enseignants, sur le modèle de ce qui se fait notamment au Danemark. Avec, dans l'idée, un double bénéfice pour la lutte contre le harcèlement scolaire, et pour le développement des compétences psychosociales des enfants.

Les expérimentations se poursuivent

Sauf que, huit mois plus tard, personne ne semble bien savoir ce qui se trame encore avec les cours d’empathie.

Concrètement, la généralisation annoncée n’aura pas lieu. Du moins pas cette année. “Les expérimentations se poursuivent”, a simplement affirmé ce vendredi 30 août Jean-Philippe Agresti, recteur de l’académie d’Orléans-Tours, lors de sa conférence de presse de rentrée.

En Centre-Val de Loire, 59 écoles ont réalisé des séances d’empathie lors de l'année scolaire passée, pour un total de 3 804 élèves concernés. À l'école des Montils, en Loir-et-Cher, c'était des messages gentils écrits sur des images et que s'échangeaient les élèves, ainsi que "de l'auto-massage et du massage collectif".

Référent académique pour le premier degré et co-secrétaire en Eure-et-Loir de la CGT Educ’action, Thibaut Lemière voit dans ce calendrier "les effets de la dissolution et des élections, qui ont aussi suspendu la refondation du nouveau programme".

À son niveau, il assure n'avoir "pas vu grand-chose se mettre en place" pour les cours d’empathie. Il regrette notamment "une charge de travail supplémentaire pour les collègues, sans préparation et sans accompagnement". Les enseignants ont ainsi dû préparer les séances avec le kit de 62 pages du ministère, "sans formation". "On nous a parlé d’en faire, mais on a déjà un programme de formations surchargé."

Même la ministre ironise

Le syndicat UNSA avait rapidement regretté, tout en saluant l’initiative, un kit de préparation "peu intéressant", déconnecté "des situations réellement signifiantes et utiles pour les enfants".

Thibaut Lemière va plus loin, et dénonce "un effet d’annonce démagogique". "La société développe l’individualisme depuis des années, et l’école est censée réparer ses maux en apprenant le vivre-ensemble", souffle-t-il. Lui défend "le travail collectif habituel à l'école" comme étant "vecteur de vivre-ensemble".

Et les syndicats ne sont pas seuls à avoir leurs réserves. Lors de sa conférence de presse de rentrée, le lundi 26 août, la ministre démissionnaire de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, s’est peu étendue sur la question, selon France Inter. Mais a pris le temps de railler quelque peu son prédécesseur et son concept. "Le seul cours d'empathie que j'ai vu, il a consisté à ce qu'à un moment donné, les élèves se prennent dans les bras l'un de l'autre. Et moi, j'ai vu Brigitte Macron enlacer Gabriel Attal. J'en ai déduit que c'était sûrement très utile", a-t-elle ironisé.

Pourtant, à en croire Le Figaro, la ministre avait jugé "très habile et utile pour nos élèves" la séance à laquelle elle avait assisté à Nice au mois d’avril. Estimant que ces cours n’étaient pas une perte de temps".

Les cours d'empathie "seront généralisés à la rentrée prochaine”, promet l'académie d'Orléans-Tours. Mais les avis divergeant si fortement entre deux ministres d'un même gouvernement, difficile de savoir ce qu'il adviendra réellement des cours d'empathie. Encore plus après la nomination du prochain Premier ministre.

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