Dans le cadre de la Semaine européenne de l'emploi pour les personnes handicapées, nous avons rencontré Samir Douadi, un habitant d'Orléans. Accompagné dans son projet professionnel, il a pu intégrer une entreprise en milieu ordinaire dans laquelle il se sent bien.
Un parcours du combattant. C'est un peu ce qu'a vécu Samir Douadi, depuis qu'il a découvert le monde de l'emploi. Atteint de handicap psychique, ce jeune trentenaire n'a pourtant pas baissé les bras. Il continue même de se battre, pour conserver son poste en CDI.
"Depuis gamin, je suis suivi en centre médico-psychologique. Dans ce CMP, il y a un psychiatre, une assistante sociale", commence Samir Douadi. Tous les jours, il doit prendre son traitement médicamenteux. Pour autant, son handicap, bien qu'invisible, le malmène. "Des fois, j'ai la tête ailleurs. Des fois, ça m'empêche de me concentrer. Des fois, mon caractère change", explique-t-il.
Des contrats en intérim, une situation instable pour Samir Douadi
Dans le milieu professionnel, Samir Douadi s'est débrouillé par ses propres moyens, pour décrocher ses contrats de travail. En intérim, principalement, et surtout dans le domaine de la logistique. Pourtant, son projet était bien ficelé, il savait ce qu'il voulait faire de sa vie. Devenir menuisier-agenceur.
Il a donc suivi des études et obtenu son CAP. "C'était quelque chose qui me tentait beaucoup, parce que mon frère, en Algérie, il avait un magasin de menuiserie, de fabrication", explique le jeune homme. Les offres d'emploi n'ont pourtant pas été nombreuses et ne correspondaient pas toujours à ses attentes.
Quand je les appelais, les boîtes d'intérim, elles me disaient que non, elles n'avaient pas de missions à me proposer
Samir Douadi, travailleur handicapé
Selon lui, l'annonce de sa Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), pourrait avoir joué dans la balance. Ainsi que ses changements d'humeur réguliers. "Avec certaines boîtes d'intérim, on ne me faisait quasiment pas travailler. Je gagnais peu", souligne Samir Douadi.
Jusqu'à sa rencontre avec son référent emploi accompagné, Thomas Engrand, il y a environ un an. Son père étant gravement malade, il a du mettre fin à sa formation, qu'il suivait dans un grand groupe industriel implanté dans le département. "Je n'avais pas le choix. Il fallait que je reste auprès de lui, je sentais ses derniers jours arriver", se justifie Samir Douadi.
Un CDI décroché, dans le cadre du Dispositif d'emploi accompagné
Ayant eu connaissance d'une offre d'emploi de préparateur vendeur, au Patàpain de Saint-Jean-de-Braye, il postule. Lors de son entretien de recrutement, il a pu être accompagné par Thomas Engrand. Il a été engagé, d'abord en contrat de 21 heures, en novembre 2021.
"À cause de mon handicap, j'ai déjà eu une mise en garde", évoque-t-il. Une période difficile, qu'il a traversé il y a quelques mois, notamment en raison de l'arrêt de son traitement. Son référent emploi accompagné, Thomas Engrand, est alors intervenu.
Une soutien de tous les jours, pour "apaiser les angoisses"
"Avec sa responsable, Samir et moi, on a retravaillé là-dessus. Avec la bonne volonté de Samir, qui accepte l'accompagnement et qui a accepté de parler des difficultés qui découlent de son handicap", explique Thomas Engrand. Pour favoriser l'accès et le maintien dans l'emploi de son bénéficiaire, le référent est régulièrement en contact avec Samir Douadi et son employeur.
"On s'appelle quasi quotidiennement, avec M. Douadi. Ce qui me permet de pouvoir parfois apaiser les angoisses, de répondre à des problématiques organisationnelles. De faciliter les choses, finalement", explique le référent.
L'entreprise joue le jeu. À chaque fois qu'il y a eu besoin, on a pu discuter et trouver des solutions
Thomas Engrand, référent emploi accompagné auprès de Samir Douadi
Progressivement, Samir Douadi a voulu atteindre une amplitude horaire plus importante. Aujourd'hui, il travaille 30 heures par semaine. Il a aussi été muté à Ormes. Actuellement en période d'essai sur cette nouvelle boutique, quelques ajustements vont devoir être concrétisés.
"Il y a une organisation qui est différente aussi. Samir est beaucoup plus sollicité sur de l'organisation et de la rapidité pour atteindre ses objectifs", explique Thomas Engrand. Ce dernier va donc se rendre sur place, auprès du travailleur, dans le cadre d'une observation sur poste. L'objectif est de permettre à Samir Douadi de tendre vers les méthodes de l'employeur.
Pour le jeune préparateur-vendeur, le projet de devenir de menuisier-agenceur, c'est terminé : "J'ai tiré un trait dessus. Maintenant que je suis embauché… Un CDI, c'est pas donné à tout le monde". Il confie même apprécier cet emploi pour l'aspect relationnel. "J'adore ce métier parce qu'il faut avoir de la tchatche", résume-t-il.