Outrages sexistes : pourquoi le Loiret compte-t-il sept fois plus d'infractions que le reste de la France ?

Le Loiret est, de très loin, le département français qui enregistre le plus d'outrages sexistes, selon les chiffres diffusés par le ministère de l'Intérieur ce jeudi 26 octobre. Bonne ou mauvaise nouvelle ? France 3 Centre-Val de Loire a tenté de voir derrière les statistiques.

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Les Loirétains, tristement "champions" de France des outrages sexistes ? C'est en tout cas ce que laissent penser les chiffres diffusés par le ministère de l'Intérieur, le 26 octobre 2023. 

Depuis la création de cette contravention en 2018, et jusqu'à fin 2022, le Loiret enregistre en moyenne 101 infractions recensées par an. Seul Paris affiche un plus grand nombre de plaintes recueillies : 197 pour la capitale. 

Proportionnellement plus de plaintes dans le Loiret qu'à Paris

Mais voilà, la densité de la population parisienne, comparée à celle du Loiret, n'a rien à voir. Si bien que le ratio loirétain pour 100 000 habitants sur la période atteint le chiffre de 14,8 infractions, pendant que Paris est à 9,2. C'est près de sept fois la moyenne nationale, et dix fois plus qu'en Indre-et-Loire.

En Touraine, en effet, seuls 10 faits au total sont comptabilisés en moyenne par an, soit 1,6 pour 100 000 habitants sur la période. Seul l'Eure-et-Loir se situe au-dessus de la moyenne nationale avec 2,7 outrages sexistes pour 100 000 habitants.

"Trop" dans le Loiret, ou "pas assez" ailleurs ? 

Thierry Guiguet-Doron, directeur départemental de la sécurité publique dans le Loiret (DDSP 45) s'étonne, "plutôt de la faiblesse des chiffres nationaux" que de la comptabilité locale, "quand on se doute que ce sont des faits en réalité assez fréquents". 

"Dès le début, nos chefs de voie publique ont été sensibles à cette contravention" note Thierry Guiguet-Doron, avant de poursuivre : "On travaille normalement, sans que ce soit un sujet sur lequel nous sommes 24h/24". Dès 2018, la police nationale loirétaine, peut-être davantage sensibilisée que celle des autres départements, aurait donc tout simplement été plus attentive.

De fait, en 2021, la police nationale du Loiret avait lancé une campagne de sensibilisation diffusée dans les transports publics du département.

À l'échelle nationale, c'est la formation qui ferait ainsi défaut, aux yeux du DDSP 45. "On avait été très réactifs aussi lorsque les amendes forfaitaires délictuelles sur les usages de stupéfiants ont été mises en place" affirme-t-il, comme pour poser le Loiret en bon élève.

La partie émergée de l'iceberg

Pour aller plus loin, il suffit en réalité de sonder les premières concernées, puisque 9 victimes sur 10 sont des femmes, pour comprendre que les chiffres affichés sont une petite partie de ce qu'il se passe dans la rue. 

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L'outrage sexiste se définit ainsi dans la loi : "Imposer à une personne tout propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste qui soit, porte atteinte à sa dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant, soit créée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante". Sifflements ou encore insultes à caractère sexuel peuvent donc faire l'objet de cette contravention. 

Pour arriver jusqu'au service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), qui publie ces résultats, l'outrage sexiste doit avoir été soit : constaté par les forces de l'ordre, soit rapporté par les victimes. 

Pour Hélène Valade, de l'association Féminisites en tous genre 45, "ces chiffres ne représentent qu'une partie infime des faits. Quand on est victime d'un cambriolage, on va porter plainte, pour le harcèlement de rue, il y a encore la peur du jugement".

Si elle remarque que les victimes ne connaissent souvent pas leurs droits, elle souligne tout de même que la plainte ressemble parfois "au parcours de la combattante".

Parole contre parole 

Souvent, "c'est parole contre parole" reconnaît Thierry Guiguet-Doron "ce n'est pas évident à relever, il faut des éléments, des enregistrements, souvent on ne peut le constater que sur le vif". En France en 2022, 2 800 infractions ont été comptabilisées.

"On a aussi des cas d'agressions sexuelles requalifiées en outrages sexistes", reconnaît le DDSP 45. Des faits parfois considérés comme peu graves, une main aux fesses par exemple, peuvent faire partie des agressions concernées.

"Quand on vient porter plainte, ce sont les agents qui nous orientent vers tel ou tel type d'infraction" note de son côté Hélène Valade.  

Une transformation qui peut avoir un poids, puisqu'en cas d'agression sexuelle caractérisée, l'auteur risque un passage devant un tribunal correctionnel et éventuellement une peine de prison. En cas de contravention, le mis en cause devra s'acquitter du paiement de l'amende prévue. 

Pour outrage sexiste, elle peut monter jusqu'à 1 500 euros. Des peines complémentaires comme des stages de sensibilisation peuvent aussi être prononcées. Cette requalification était déjà crainte en 2018 par certaines associations féministes, qui l'avaient fait savoir sur les réseaux sociaux.

Si les victimes sont presque toutes des femmes, les auteurs sont quant à eux quasiment toujours des hommes. À 97%, selon la SSMSI.

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